Cameroun Polycarpe Abah Abah absent à l’audience
L’ex ministre camerounais de l’Economie et des Finances qui s’estime en insécurité, n’a pas fait le déplacement pour le Palais de justice vendredi dernier.
L'ex-ministre camerounais de l'Economie et des Finances n'était pas au tribunal vendredi dernier à Yaoundé. La cinquième audience criminelle de l’affaire Crédit foncier et ministère public contre Poycarpe Abah Abah pour coaction de détournements de deniers publics, a eu lieu vendredi, 9 juillet dernier au Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi centre administratif. Dans la salle d’audience pleine à ras bords, policiers et gendarmes, armés jusqu’aux dents, font deux détachements. Les conseils des différentes parties veillent au grain. Cependant que le tribunal au grand complet s’est mis en place.Aucun incident donc à l’horizon! Et pourtant, tout va s’emballer aux environs de 13h lorsque le président du tribunal, Gilbert Schlick entreprend de vérifier que tous les accusés sont présents dans le box qui leur est réservé. Deux absences sont pointées: Polycarpe Abah Abah et Luc Etogo Mbezele. Si l’absence du second cité, ne surprend guère du fait de ses problèmes de santé, le cas Abah Abah jette le trouble dans la salle. Gilbert Schlick s’en réfère alors aux avocats de l’ex ministre de l’Economie et des Finances (Minefi).
«Notre client n’est pas là ce matin pour des raisons de sécurité. Lors de la précédente audience [le 02 juillet dernier, ndlr], il a été bousculé par un gendarme chargé de l’escorte. C’est le même gendarme qu’on a désigné ce matin pour l’escorter. Compte tenu du précédent que nous avons souligné, il ne pouvait pas se déplacer pour des raisons de sécurité. Son escorte doit être assurée par des éléments plus professionnels», répond l’un des conseils de l’ex Minefi.
Injonctions
Particulièrement irrité par l’absence de Polycarpe Abah Abah, le procureur de la République rappelle que ce dernier avait l’obligation de déférer au mandat d’extraction transmis au régisseur de la prison central de Kondengui le 07 juillet, dans lequel le président du tribunal exigeait que l’ex argentier national soit conduit sous bonne escorte, avec trois autres accusés [présents dans le box, ndlr], au Tgi.
«Une juridiction donne un ordre et pour des caprices, M. Abah Abah refuse de se plier à ses injonctions. Ce n’est pas lui qui doit choisir celui qui doit l’escorter. Cette décision est du ressort du ministère public», déclarera-t-il. Refusant énergiquement de donner la parole aux avocats de la défense, le président du tribunal va renchérir, nerveux: «Nous n’allons pas accorder une attention particulière à une action négligeable comme celle-là. Le cours de la justice se poursuit et le tribunal exercera jusqu’au bout son office, sans émotion aucune (…). Nous ne sommes pas là pour nous plier aux caprices, aux gesticulations ou à des actes de rébellion».
Sur le plan purement juridique, Gilbert Schick déclarera à la fin de l’audience que les exceptions de nullité de procédures soulevées par les conseils d’Abah Abah seront soumises à l’attention de la Cour d’appel avant qu’une nouvelle audience se tienne devant le juge d’instance. Et pour cause, le Tgi avait jugé ces exceptions irrecevables au cours de l’audience du 02 juillet dernier. Ce même jour, alors qu’ils tentaient d’approcher leur client pour une entrevue, les avocats de Polycarpe Abah Abah avaient été éconduits par des gendarmes, commis à la garde de l’ex-Minefi. Celui-ci avait ensuite été brutalement embarqué dans un véhicule et ramené à la maison d’arrêt de Kondengui.
En rappel, en janvier 2009, Polycarpe Abah Abah avait déjà refusé de se rendre au parquet pour la suite des auditons, escorté par des policiers du Groupement spécial d'opération (Gso). Alors qu’il s'apprêtait à se rendre au Palais de justice, l’ancien ministre apprendra qu'il sera escorté par une dizaine d'éléments du Gso. Lesquels étaient entrés dans la cour d'honneur, munis d'un mandat d'extraction, afin de se joindre aux gardiens de prison, pour «une escorte mixte». Polycarpe Abah Abah avait alors éconduit l’escorte, refusant de «se faire humilier».
Liste des accusés
1-Polycarpe Abah Abah, ex-directeur des Impôts et ex-Minefi : retenu pour la coaction de détournement de 4,9 milliards Fcfa représentant les contributions du Crédit foncier non reversées par la direction des Impôts entre 1999 et 2004 et la coaction de détournement de 30 millions Fcfa (254 témoins).
2-Pascal Manga, ex-chargé d’études à la direction des Impôts : retenu pour la coaction de détournement de 4,9 milliards Fcfa.
3-Thérèse Eloumba, ex-comptable à la Crtv : retenue pour la coaction de détournement de 15 millions Fcfa.
4-Joseph Edou, ex-Dg du Crédit foncier du Cameroun (Cfc) : retenu pour la coaction de détournement de 15 millions Fcfa.
5- Luc Etogo Mbezele, ex-trésorier payeur général.
6-Meke Raphaël, ex-sous-directeur des opérations bancaires au Cfc.
7- Mewoulou Oyono épse Mballa Thérèse, ex-billeteur à la direction des Impôts.
8-Ntelep Ntelep Joseph, ex-billeteur à la direction des Impôts.
9-Evina Sylvie Chantal, direction des Impôts (127 témoins)