Cameroun: Paul BIYA "Me voici donc à Douala !"
Le sort du Cameroun aujourd’hui, sous Monsieur BIYA, n’est pas de la génération spontanée. Je veux dire par là deux choses : la première, c’est que la corruption, le tribalisme, la démagogie, le crime contre la jeunesse, les détournements de denier publics ne sont pas des faits d’aujourd’hui ; la deuxième, est qu’ils ne sont pas le fruit du hasard. En effet, tout cela a été savamment planifié dans le plan diabolique de Monsieur BIYA, pour ce pays qu’il n’aime pas. Il n’est pas possible de penser un seul instant, comme le disent ses complices çà et là, que ces faits ne lui sont pas souvent connus et que si tôt mis au courant, il prend des mesures pour régulariser la situation. Foutaises.
Deux faits de l’histoire du Cameroun nous en donnent raison.
Premièrement, souvenez-vous de cette fameuse expression que les camerounais n’oublieront jamais comme étant une injure au peuple : « zéro mort ». L’expression intervint dans un système de démagogie, où la stratégie de gouvernement était le mensonge au peuple. L’on opposait ainsi deux types de vérités, une vérité officieuse et une vérité officielle. La première était celle « du peuple aveugle, inconscient et ignorant de la réalité des faits » et la deuxième, celle du « gouvernement éclairé, sage et intellectuel » d’ailleurs dirigé par un haut licencié en science politique. Jugez-en vous-même, lorsqu’on sait le contexte qui précéda ce slogan de « zéro mort ».
Deuxièmement, l’exacerbation de l’irresponsabilité, contenue dans ce questionnement anodin : « Avez-vous des preuves ?! » Quelle injure au peuple, quel mépris en l’endroit de ceux dont on tient le pouvoir et qui s’insurgeaient légitimement contre la corruption généralisée, le tribalisme systématisé, les détournements ostentatoires des deniers publics. Quelle irresponsabilité de la part de Monsieur BIYA, puisqu’il fallait attendre la pression des bailleurs de fonds, mais surtout des leçons de ses « Maîtres de la politique », pour que débutent des arrestations et des procès spectaculaires dirigés contre ceux qui hier, pillaient au vu et au su de tout le monde, pour que la CONAC soit créée, pour qu’une ANIF voit le jour, pour que le Contrôle supérieur de l’Etat se mette au travail.
Mais qui est nommé aux hautes responsabilités à ces institutions ? Les mêmes acteurs d’hier du film du laisser-aller, et il n’est pas exclu qu’abstraction soit faite de l’objectivité et que la plupart des actes de poursuites soient motivés par des règlements de comptes entre géants. Quelle machine infernale ! D’ailleurs, qui arrête-t-on et qui juge-t-on ?! Seulement bien sûr, ceux qui ont eu un regard attentatoire au pouvoir de Paul BIYA, ainsi que quelques « brebis galeuses ». Monsieur BIYA fait montre là, d’un manque de courage et d’initiative politique.
Mais la vérité est que son plan pour le Cameroun n’a jamais été que diabolique : non pas servir le pays, mais se servir du pays pour atteindre ses ambitions personnelles et celles de sa tribu, celles de ses camarades politiques. Observez un peu l’échiquier des nominations aux postes de responsabilité. Non seulement l’on ne nomme pas sur la base de la compétence, mais surtout, on ne nomme que sur la base des performances politiques et l’appartenance ethnique. Tout a intentionnellement été programmé pour permettre à une caste de personnes choisies prioritairement, je ne le dirais jamais assez, sur la base tribale en général et sur la base politique en particulier, de se faire une vie luxueuse, durant le règne du mépris de Monsieur BIYA. C’est comme qui dirait, monte au pouvoir et développe ton village
Pendant ce temps, libre cours a été donné à toutes les déviances d’un monde luxurieux. Conséquence : les camerounais ont vécu et vivent encore chaque jour, l’horreur de la prostitution, du proxénétisme, de l’homosexualité, de la corruption, du tribalisme, de la démagogie, sans jamais que les auteurs de ces gangrènes de la société camerounaise soient inquiétés. Comment pourrait-il en être autrement, tous étant soit de la tribu de Monsieur BIYA, soit de son parti politique ? Comment pourrait-il en être autrement, le pouvoir judiciaire étant phagocyté par l’Exécutif de Paul BIYA ? En effet, pour que le judiciaire se mette en marche, référence n’est plus faite en priorité aux textes de procédure, mais d’abord à l’agrément politique du Chef de l’Etat. Les lois sont foulées au pied. Il faut protéger la réputation de ses frères à tout prix et à tous les prix. Que de faits avérés ont-ils été laissés aux oubliettes ! Comment pourrait-il en être autrement, Monsieur BIYA ayant fait preuve de son irresponsabilité notoire ! Il a pris au contraire l’habitude de se moquer des camerounais : souvenons nous du défi qu’il lança dans les périodes de crise du Cameroun en disant « Me voici donc à Douala ! ». Jugez-en vous-même.
Tout récemment encore, le célèbre dictateur a nargué le peuple en ourdissant une rumeur sur sa propre mort, pour faire une rentrée triomphale alors qu’il était hors du pays. « Je leur rendez-vous dans 20 ans », avait-il alors déclaré.
Paul BIYA va se représenter aux élections présidentielles de 2011 comme cela a été annoncé. A supposer même qu’il soit déclaré élu (tout le monde sait comment la fraude électorale s’est généralisée et la bataille de M. BIYA à se maintenir au pouvoir, malgré une certaine vérité sur sa santé), cela n’enlèverait rien à la réalité de son irresponsabilité et de son cynisme à l’égard du peuple Camerounais. Que l’on se tienne tranquille : l’élection n’est pas toujours un critère de performance politique et dans le cas de Paul BIYA, tout le monde le sait. Même les cancres peuvent être élus ; il suffit d’emberlificoter tout le monde ou de corrompre un grand nombre de personnes.
Notes de la rédaction de Camer.be: Le Pr. Jean GATSI est Agrégé des facultés de droit et Enseignant à l'université de Douala - Cameroun. Cliquer ici pour visiter son blog perso