Cameroun ou la mercuriale du pillage des ressources de l’Etat ou comment le regime de Yaoundé construit sa propre ruine

Publié le 17-07-2014  |  (Yaoundé - Cameroun). Auteur : Spark-Cameroun

Les fonctionnaires sont les heureux propriétaires des villas hollywoodiennes des quartiers huppés de la capitale. La Rédac : A qui d’autres voulez-vous qu’elles soient, ces villas de rêves qui ont poussé comme des champignons dans les nouveaux quartiers que prennent d’assaut les nouveaux riches de la Fonction Publique ? C’est plutôt le contraire qui aurait étonné. Qui ignore en effet qu’en dehors des feymens, ces bandits qui écument le pays et le vaste monde pour extorquer, arnaquer ou braquer de pauvres bougres, il n’y a que les fonctionnaires qui ont de l’argent. Car n’allez pas croire que les hommes d’affaires, hormis une petite clique d’entre-eux, peuvent faire le poids face à ces dinosaures qui brassent de formidables sommes, fruits de toutes les rapines de la corruption, au détriment de l’Etat ou des usagers de l’administration.

Avec tout ce qu’ils reçoivent des détournements de fonds publics, de commissions sur les marchés publics, des privilèges exorbitants qui sont accordés aux hauts fonctionnaires et prébendes diverses, ils investissent en masse dans l’immobilier qui est le secteur idéal pour laver l’argent sale. Et quand ces nouveaux magnats n’habitent pas eux-mêmes leurs forteresses, elles sont données en location à l’Etat à des prix faramineux. Une bonne façon de gagner clean sa vie sur le dos de cette vache à traire qu’est l’Etat, pris dès lors comme un patrimoine paternel pour certains et une véritable horreur pour la grande majorité qu’il terrorise en permanence avec ses impôts et taxes qu’il faut payer, même si on crève de faim.

 

L’actualité révèle : Chaque nouvelle coupe de voiture qui sort en Europe circule le lendemain au Cameroun.

La Rédac : Ah ! Que les camerounais aiment frimer.

Non pas les galériens qui tirent le diable par la queue toute leur vie, mais ces apparatchiks qui roulent carrosse, avec leurs enfants menant une vie dorée digne de la Côte-d’Azur.

Malgré les rues cabossées de nos villes, ces privilégiés sont toujours à la page du dernier cri des marques de voitures prestigieuses. Hummer, BMW, Mercédès, Audi, Peugeot ou Lexus sont les marques privilégiées de ces nouveaux parangons de la dolcevita. Surtout lorsqu’elles arborent la peinture métallisée, les jantes chromées et un système informatique quasi aéronautique. Il faut alors voir, quand les propriétaires de ces bolides qui vont souvent chercher dans les 90 millions de Fcfa à la sortie de l’usine, descendent dans les rues poussiéreuses des sous-quartiers pour aller épater et embarquer des fillettes de 15 ans. Car ces gens qui ne s’interdisent rien justement ont un certain penchant pour la chair fraiche.

Pourtant on se demande bien où ils prennent cet argent pour s’offrir ces voitures de luxe, quand on sait que le salaire de base d’un haut magistrat, d’un DG de société ou d’un Ministre oscille théoriquement entre 700 000 et 1,3 million Fcfa, saufs les DG de certaines entreprises publiques qui ont plus de 7,5 millions Fcfa ou le président de la Conac avec ses 7 millions Fcfa aussi. L’on peut dès lors subodorer qu’ils utilisent leurs positions professionnelles pour s’enrichir. Ce qui veut dire en termes plus simples qu’ils se livrent à la corruption, c’est-àdire aux détournements des deniers publics et à diverses combines pour spolier l’Etat qu’ils prétendent servir. Mais on va faire comment, le Cameroun c’est le Cameroun.

L’actualité révèle : L’Etat construit sa propre ruine dans l’achat des véhicules de luxe inutiles.

La Rédac : Auparavant les voitures de l’Etat, les CA comme on les appelle, étaient des R4 (Renault 4) et autres Toyota bien solides, mais a des prix très abordables. Les Sous-Préfets roulaient en Land Rover 4X4 et les Préfets en 504. Aujourd’hui, Même le service du courrier livre ses correspondances avec une Toyota Vx dont le prix oscille entre 45 et 60 millions de Fcfa. C’est comme si une véritable boulimie des voitures de luxe avait attrapé tous les grands de ce pays.


Même lorsqu’on commande des pick up, on évite soigneusement la marque Toyota, notamment les Hilux considérées comme vulgaires et le choix se porte sur les grosses américaines, véritables condensés d’électronique et de technologie, mais dont le prix à l’unité défie les 100 millions de Fcfa. Les Préfets et Sous Préfets roulent dans les Pajero climatisées. Quant aux Directeurs d’administrations centrales, ces nababs se pavanent en Vx rutilantes, alors que le ministre et le Secrétaire Général chevauchent des Lexus ou des Mercédès dernier cri. En général on offre également ces petits cadeaux aux maîtresses qui sont habituellement de très jeunes filles fraiches. Car on ne lésine sur aucun moyen quand il s’agit de l’entretien des seconds bureaux souvent très exigeantes. L’histoire raconte : Le garage administratif a curieusement disparu


La Rédac : A quoi voulez-vous que serve
le garage administratif lorsque l’Etat dote personnellement ses agents des véhicules de fonction. Quand on achète les voitures dans les ministères, on les donne immédiatement à ceux pour qui ils ont été achetés.

C’est pourquoi ces véhicules, pourtant administratifs, sont affectés à un usage personnel, lorsqu’ils ne servent pas aux domestiques et aux épouses des hauts fonctionnaires dans leur courses quotidiennes. Des fois même, ces voitures, dont l’essence est de surcroit acheté par l’Etat assurent le transport et l’évacuation vers les marchés des produits des champs et autres fermes de ces fonctionnaires qui investissent massivement dans l’agriculture. Cette situation explique leur dégradation souvent météorique qui incite d’ailleurs à en commander de nouvelles. Car personne ne veut rouler dans une vieille voiture brinquebalante.

D’où ces appels d’offres pour l’achat des véhicules qui accaparent presque l’essentiel des budgets des ministères. Pourtant, en son temps, Mafany Musonge, alors PM avait tenté de réglementer cette affaire. Mais il a rencontré une si vive résistance qu’il a dû lâcher du lest. Aujourd’hui tout le monde commande comme il veut ses véhicules. Ca fait quoi ! Et personne ne veut plus entendre parler de cette antiquité que représente le garage administratif qui empêche les gens de vivre leur vie et de profiter de leurs choses que leur donne l’Etat. Avant semble-il, il était permis de louer un véhicule administratif. Une bonne rentrée financière pour l’Etat. Mais qui peut accepter que sa VX soit louée aujourd’hui par un malappris qui irait certainement la salir ? Un véritable crime de lèse-majesté vous voulez dire !

L’actualité révèle : Les vieux meubles et autres appareils vétustes encombrent les allées et les couloirs de l’administration.

La Rédac : On est dans un pays terrible.

Comment se fait-il que chez nous, certains fonctionnaires manquent jusqu’à la simple chaise pour s’asseoir dans leur bureau ou ce qui en tient lieu, alors que dans d’autres services publics, les meubles en tout genre encombrent les magasins, les allées et les couloirs ?

Un véritable paradoxe que tout le monde peut vérifier dans les Sous-préfectures, les Préfectures, les Commissariats et les brigades de gendarmerie au mobilier moyenâgeux, alors même que les gens jettent les chaises et tables neuves qui n’ont perdu qu’une simple vis dans les ministères. Encore que jeter, c’est trop dire ! Ces meubles sont parqués dans les couloirs et finissent par se dégrader, parce qu’on ne peut pas s’en débarrasser. Pour les jeter véritablement, ou s’en débarrasser, il faut les soumettre à la réforme. Or, on a tellement compliqué ces procédures que les responsables préfèrent les abandonner dans les réduits et les magasins. Un véritable gâchis puisque ces équipements vétustes peuvent être vendus au grand public qui saura en profiter et rapporter également un peu d’argent à l’Etat. Et pourquoi pas prévoir de petits crédits pour leur réparation, car ils ne sont pas toujours si abîmés que ça ? Mais ça c’est une autre histoire !

L’actualité révèle : La mercuriale des prix organise le pillage des ressources de l’Etat.

La Rédac : Le bic qu’on achète dans une boutique en ville à 80 Fcfa est revendu dans la même ville à 250 Fcfa à l’administration. Soit à peu près 170 Fcfa de bénéfice. Quelqu’un pourrait penser que c’est du vol. Que non ! il s’agit bien de prix homologués par l’administration elle-même à travers ce qu’on appelle la mercuriale et qui est supposée donner les prix de toutes les denrées et objets et services dont a besoin l’Etat pour son fonctionnement.


Certaines personnes et beaucoup d’organisations de la société civile dénoncent cet état de choses. Avec raison, mais en partie seulement. La mercuriale des prix est la seule façon pour une administration insolvable, des fois, mais souvent très tracassière et corrompue aussi, de continuer de bénéficier des prestations de ses fournisseurs. Car le premier problème de ces derniers est le respect des délais de paiement qui demeure un voeu pieux.

Quand on livre ses biens à l’administration, il vaut mieux inclure dans la transaction l’inévitable volet de la patience, car le paiement se fait au lancepierre. Des prestations doivent parfois attendre des années pour voir leurs factures payées. Pour ceux qui ont emprunté de l’argent, c’est parfois la faillite assurée. Des fois, même des pays étrangers sont contraints d’exercer des pressions pour faire payer les factures de leurs ressortissants.

Dans ces conditions, il vaut mieux appâter les fournisseurs avec les marges bénéficiaires mirobolantes pour espérer les fidéliser. A ces problèmes des délais de paiement s’ajoute la corruption des responsables des services financiers. Car il faut payer son pourboire à tous, du comptable- matières au payeur, en passant parle gestionnaire et le contrôleur financier. Si la marge bénéficiaire diminue, pour quel intérêt irait-on faire ces affaires puisqu’il faut arroser tout le monde ? That’s the question ! On comprend donc que la mercuriale a encore de beaux jours devant elle. Dommage

 

L’actualité révèle : Les ministres et autres DG de sociétés publiques sont ötages de leur nomination.


La Rédac : « Mon frère vient d’être nommé, je suis en haut ». Ce sont les paroles d’un célèbre chansonnier de chez nous qui dit d’ailleurs avec raison pourquoi il jubile. Car ce qui est vrai, c’est que lorsque son frère, ami, amant ou maîtresse, épouse ou époux est nommé, on peut être sûr de quitter la galère pendant un bon moment. Du moins tant qu’il n’a pas été limogé. Les nominations les plus intéressantes étant celles qui font du nouvellement promu un gestionnaire de crédits.


Dans ces conditions, on est en haut puisqu’on devient ipso facto un homme d’affaires qui gagne beaucoup de marchés juteux dans le ministère ou la société d’Etat géré par son frère ou son amant. C’est vrai que depuis la création du Ministère des Marchés Publics, les marchés importants sont attribués par les Commissions de passation des marchés là-bas.


Mais il reste quand même les marchés de moins de 50 millions Fcfa qui sont logés dans les ministères, et surtout les « 4.9», c’est-à-dire des commandes passées de gré à gré. Avec les « 4.9 », Ministres et DG n’ont plus à débourser un seul sou pour entretenir amantes et famille. Ils n’ont qu’à encourager tout le monde à ouvrir une batterie d’établissements. Et l’affaire est dans le sac. De temps en temps, on balance 3, 4 ou 5 bons de commande lorsque la demande devient très pressante.


Au finish, même si le fournisseur ne fait pas de prestations fictives (il n’en a même pas besoin), il s’en sort avec 1,5 millions de Fcfa de bénéfices par bon de commande. Un sacré pactole par les temps qui courent ! On comprend pourquoi les jeunes filles qui entretiennent des relations avec les gestionnaires de crédits roulent carrosses et habitent des villas de rêves. Et il est aussi logique que les frères et amis des ministres les défendent avec un tel acharnement quand ils sont pris à partie par quelques petits jaloux. Parce qu’après tout, il s’agit tout simplement de défendre son bifteck.

 

L’actualité révèle : Ministres, DG et hauts fonctionnaires s’accaparent de toutes les terres de leurs frères dans l’arrière-pays.

La Rédac : Ouais

! On ne sait vraiment plus où va s’arrêter la boulimie des hauts responsables de ce pays. Non contents de s’accaparer toutes les ressources de l’Etat, les voilà encore qui raflent toutes les terres dans leurs villages, laissant ainsi dans le désarroi total tous leurs frères et cousins. Depuis que les grands de ce pays se passionnent pour l’agriculture et l’élevage, ils achètent de vastes étendues de forêts ou de savanes. Beaucoup d’entreeux, surtout les ressortissants des régions du Centre et du Sud font la culture du ou du palmier à huile qu’ils combinent avec l’élevage des bovins adaptés à cet environnement ou des porcins, parfois qu’ils mâtinent avec un peu de pisciculture.

C’est pratiquement la mode aujourd’hui. Seulement tous ces investissements lourds réalisés sans le moindre crédit bancaire portent à suspicion. Car on se doute bien que l’argent qui aide à monter ces projets colossaux est sale. Et c’est pour ça qu’on le blanchit pour prétendre par la suite que les richesses exhibées sont le produit des ventes des produits agricoles.

Le tour est joué. Même si ces gens oublient aussi qu’en achetant ainsi toutes les terres de leurs frères, ils les appauvrissent davantage en leur enlevant de surcroit, la seule richesse qui leur reste, à savoir la terre sur laquelle ils pratiquent l’agriculture de subsistance. Du coup, ils préparent sans le savoir une bombe sociale qui explosera tôt ou tard. Surtout quand les enfants des villageois se rendront compte qu’on a dupé leurs parents ignorants.

De plus, on se demande où est-ce que ces gens vendent les produits de leurs champs. Le régime de banane, le tas de macabo ou de manioc coûte toujours les yeux de la tête. Parce qu’ils préfèrent écouler ces denrées au Gabon et en Guinée Equatoriale où elles coûtent plus chères. Une vraie trahison pour le pays, quand on sait qu’ils se sont partagés les tracteurs offerts par les Indiens à l’Etat camerounais. L’actualité révèle : La hausse des prix du carburant laisse certaines personnes à 37°C.


La Rédac : Normal !

Que voulez-vous qu’une augmentation des prix du carburant ou de gaz me fasse, du moment que je n’achète pas ces produits ? Depuis toujours, de par mes fonctions, je reçois gratuitement des millions de Fcfa en bons de carburant deux fois par an, c’est-à-dire une fois par semestre. Avec ces bons de carburant, je peux faire le plein de ma voiture, de celle de mon épouse, de celle des enfants et même de celle qui fait des courses pour la cuisine. Et cela tous les jours que Dieu à créée. Avec les mêmes bons, j’envoie le boy acquérir les bouteilles de gaz. Quand on a même besoin d’un peu d’argent on peut toujours échanger quelques bons pour des espèces.

Alors venez me raconter qu’on a haussé le prix du gaz ou du carburant, je vais vous rire au nez. Il n’y a que ceux qui tirent le diable par la queue tous les jours que ce genre d’évènement intéresse. Et ça se comprend puisque cette hausse affecte les prix des denrées de première nécessité et ceux des produits agricoles dont ils dépendent cruellement. Alors qu’en ce qui me concerne, avec mes gains costauds et tous mes privilèges, riz, macabo, poisson et viande pourrissent même chez moi. Hausse des prix des carburants ou pas je m’en contrebalance….


L’actualité révèle : L’économie nationale isque de souffrir de la ratification des Ape.


La Rédac : Cette affaire des Ape, autrement dit Accords de Partenariat Economique, a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive dans ce pays, et même dans la sous-région Afrique Centrale.

Non seulement les Camerounais ont peur de ces Ape qu’on dit être plus favorables aux européens, parce que nous importons tout de chez eux, on craint ensuite qu’avec la chute des recettes douanières de près de 70%, l’équilibre des finances de l’Etat soit gravement entamé. Plus encore, avec des entreprises non compétitives parce que n’étant pas au même niveau technologique et financier que leurs consoeurs européennes, il est possible d’assister à un quasi génocide du tissu industriel national encore embryonnaire. Tout le monde redoute donc cet inconnu vers lequel nous conduit le gouvernement. D’autant que les autres pays de la Cemac qui freinent des quatre fers accusent le Cameroun de faire cavalier seul dans ce dossier, et de vouloir anéantir ainsi avec la complicité de l’Europe, des années d’efforts pour mettre en place un tissu industriel régional. Seul bémol dans cette entourloupe, c’est que les consommateurs en sont les principaux bénéficiaires. Ils pourront acquérir sur le marché des produits plus fiables, de meilleure qualité et au moindre coût, contrairement aux ersatz fabriqués par les entreprises locales et les pacotilles qui leur sont actuellement proposées.

 

Titre: Icicemac


Copyright © Spark-Cameroun, Yaoundé - Cameroun  |  17-07-2014




19/07/2014
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