Cameroun - Opération épervier : Un ex-employé des Adc meurt à Kondengui
Cameroun - Opération épervier : Un ex-employé des Adc meurt à Kondengui
La dépouille de Eny Rosper a été admise à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé en attendant l’autopsie ordonnée par le procureur de la République.
L’accusé Eny Rosper est passé de vie à trépas dans la nuit du dimanche 29 janvier 2012 au lundi 30 dans l’enceinte de la prison centrale de Kondengui. Aussitôt informé de la mort «suspecte» de cet homme de 35 ans qui était détenu dans le cadre de l’affaire des détournements au sein des Adc, le procureur de la République en charge du dossier pendant devant le Tgi du Mfoundi, a ordonné la mise sous scellés du corps du détenu qui a été admis à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé, assortie d’une autopsie. Histoire d’élucider les circonstances, hautement suspectes, dans lesquelles celui qui s’occupait du nettoyage des avions aux Adc a trouvé la mort.
En effet, l’accusé Eny Rosper avait pris part à l’audience du 23 janvier 2012, audience au cours de laquelle l’accusé ne présentait aucun signe extérieur de maladie. Seulement, lorsqu’il revient devant le Tgi du Mfoundi 3 jours après, soit le jeudi 26 janvier, c’est à un grabataire que le tribunal a affaire. Eny Rosper ne parvient plus à se déplacer sans le soutien d’une tierce personne. En l’occurrence, c’est un proche de la famille qui le soutient et qui l’aide à prendre place sur le banc des accusés. L’accusé invoque le nerf sciatique en réponse au tribunal qui s’enquiert sur l’origine du mal dont il souffre. A l’issue d’une heure de débats que l’accusée a du mal à supporter, il rejoint néanmoins la prison centrale de Kondengui ce jeudi 26 janvier, après avoir échangé avec son Conseil, Me Beback, en charge de sa défense.
C’est le dimanche 29 janvier 2012, à 22 heures, que tout bascule dans l’horreur à la prison centrale de Kondengui. Un coup de fil de la soeur de la victime parvenu à l’avocate fait état de ce que «Ros» est passé de vie à trépas au sein de la prison centrale de Kondengui. Informé le lendemain de cette disparition par le régisseur, le procureur de la République marque d’emblée son étonnement sur ce qu’il considère d’emblée comme une mort suspecte. Raison pour laquelle il ordonne la mise sous scellés du corps admis à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé, l’ouverture d’une enquête à la diligence de la Direction de la police judiciaire (Dpj) à Elig Essono et l’autopsie de la dépouille. Rendu à ce jour 10 février 2012, soit quelque deux semaines après la mort du prisonnier, c’est le statu quo. La Dpj qui s’est saisi de l’enquête n’a toujours pas désigné le légiste en charge de l’autopsie du corps, une formalité qui devrait ouvrir la porte aux formalités de levée de corps du de cujus réclamée à hue et à dia par la famille qui entend faire son deuil.
Si l’on en croit des indiscrétions relayées par l’avocate de la victime, la mort de Eny Rosper serait liée à un refus de ce dernier d’apposer sa signature sur certains «documents fabriqués» relatifs à la complicité de détournement de 50 millions Fcfa avec l’ex-Dg, Ntongo Onguené. C’est cette posture qui lui aurait valu les inimitiés de ceux qui lui demandaient de couvrir, par sa signature, une opération mafieuse orchestrée sur son dos.
Scandale financier
En effet, explique l’avocate du de cujus, Eny a refusé, en dépit des
pressions dont il a été victime à Kondengui, d’entériner la thèse selon
laquelle il avait exécuté un marché de 50 millions Fcfa au sein des Adc
pour justifier le virement de cette somme dans son compte, à son insu.
Il est pointé du doigt comme celui qui veut vendre la mèche et qui
refuse de collaborer. A raison, parce qu’il entend dire la vérité dans
l’affaire. Ce d’autant plus que lorsqu’il découvre ce montant, ordre de
la hiérarchie lui est intimé de sortir cette somme de son compte et de
la remettre à qui de droit. Ce à quoi il se soumet. L’argent est remis à
l’envoyeur, sans décharge toutefois. Un manquement qui vaudra à Eny
Rosper d’être accusé de complicité de détournement de ladite somme, de
concert avec l’ex-Dg. Il n’aura pas eu le temps de prouver son
innocence. L’action en justice s’éteignant avec la mort du mis en cause,
seuls ceux qui l’ont assimilé à un traître répondront de ces faits mis à
sa charge.
Rendue à ce jour, l’opération épervier compte à son actif plusieurs victimes, entre autres : René Abessolo Eyi, ancien inspecteur général n°1 au Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunal (FEICOM), était incarcéré pour détournement de 18 millions FCFA appartenant à cette entreprise publique.
Aaron Edmond Kaldjob, ex-consultant au FEICOM, André Booto à Ngon, ancien président du Conseil d’administration du Crédit foncier du Cameroun (CFC), Venceslas Nomo Njomo, également inculpé pour des détournements au Feicom et Souleymanou Alhadji, ancien chef de service de la maintenance et délégué régional adjoint de la Société immobilière du Cameroun (SIC).
Luc Etogo Mbezele, ex-trésorier payeur de Yaoundé détenu dans l’affaire Crédit foncier, décédé dans un hôpital parisien où il recevait des soins.