Cameroun - Opération Epervier : Les 22 milliards réclamés à Atangana Mebara
Le 13 avril 2009, Jean Marie Atangana Mebara devait comparaître pour la première fois devant Pascal Magnaguémabé, le magistrat chargé d'instruire son affaire. Le mandat de comparution servi à ses avocats pour cette comparution de l'ancien ministre d'Etat- secrétaire général de la présidence de la République, détenu depuis le 6 août 2008 a été rapporté. Son audition se fera donc à une date pour l'instant indéterminée. Si l'on ignore les raisons du report de l'audition de l'ancien ministre d'Etat, on sait que pendant cette même période, le juge d'instruction a auditionné par deux fois Jérôme Mendouga, l'ancien ambassadeur du Cameroun à Washington. Convoqué comme témoin, Mendouga a été placé en détention provisoire à la prison centrale de Kondengui, le 15 avril dernier, dans des conditions décrites dans ces mêmes colonnes (Mutations No 2384 du 16 avril 2009). Cette interpellation relance du même coup l'affaire Atangana Mebara.
Que reproche-t-on en fait à l'ancien secrétaire général de la présidence de la République ? Depuis son inculpation, ses avocats avaient laconiquement indiqué que cinq chefs d'inculpation avaient été retenus par le juge d'instruction contre leur client. A la suite de nos investigations tant au parquet qu'au ministère de la Justice, nous sommes en mesure d'apporter d'amples informations sur les accusations qui pèsent sur l'ancien ministre d'Etat. La première concerne une somme de 29 millions de dollars Us, soit 15 milliards Fcfa ; cette somme a été versée en août 2001 à Gia International pour l'acquisition en faveur de l'Etat du Cameroun d'un aéronef neuf de marque Boeing Business Jet de 2ème génération (Bbj-2). L'ancien ministre d'Etat est accusé, d'une part, d'avoir fait rompre le "contrat" liant la Camair, qui menait l'opération pour le compte de l'Etat, et la société Gia International, le partenaire de la Camair ; et, d'autre part, d'avoir essayé de recouvrer la somme mise en jeu, "à des fins inavouées", par le truchement de Assett Portfolio Management (Apm), une entreprise comptant notamment parmi ses dirigeants, Ephraïm Inoni et Patrick Marie (Hubert ?) Otele Essomba, qui a été inculpé en compagnie de M. Atangana Mebara.
Snh et Camair
Le second chef d'inculpation porte sur une somme de 4 milliards Fcfa appartenant à l'Etat. Il est ici reproché à l'ancien secrétaire général de la Présidence et à "d'autres individus non encore identifiés" d'avoir essayé de s'accaparer frauduleusement ladite somme en enjoignant la Snh de la transférer à la "Standard Chartered Bank Cameroon New York en remboursement des créances de Ansett sur la Camair". Pour mémoire, Ansett/Awas est un loueur d'avions qui fut l'un des plus grands partenaires de la Camair. L'accusation précise que Jean Marie Atangana Mebara a échoué dans sa tentative du fait de la vigilance de l'Administrateur directeur général de la Snh, Adolphe Moudiki, "qui en a exigé les justificatifs".
La troisième affaire qui met en cause une
nouvelle fois Jean Marie Atangana Mebara, Patrick Marie Otele Essomba
et "d'autres individus"
porte sur 1,5 milliard Fcfa. Cette fois, les prévenus sont accusés
d'avoir "obtenu frauduleusement" cette somme virée par la Snh dans le
compte de la société Apm. Il est indiqué qu'aucune trace de ce montant
n'apparaît dans les livres comptables de la Camair, alors que son
déblocage devait servir à payer des loyers de la Camair à Ansett. Quant
au quatrième chef d'inculpation, il a trait à une somme de 720 millions
Fcfa virée par l'Etat du Cameroun dans le compte de son ambassade aux
Etats-Unis d'Amérique. Ici, c'est l'absence de justificatifs
d'utilisation de ladite somme qui est reprochée à l'ancien secrétaire
général de la Présidence et à "d'autres individus non encore
identifiés". C'est notamment sur ce volet de l'affaire que Jérôme
Mendouga intéresse la justice.
Enfin, le dernier chef d'inculpation est en rapport avec le second, qu'il semble d'ailleurs contredire. Il concerne les 4 milliards