Cameroun - Nomination des 30 sénateurs: Paul Biya peut-il trahir ses partenaires étrangers?
Douala, 07 mai 2013
© Aurore Plus
C'est la question qui taraude les esprits de nombreux observateurs, à la veille de la proclamation des autres membres de la Chambre Haute qui viendra compléter le Parlement camerounais.
Après l’annonce par la Cour Suprême, siégeant comme Conseil Constitutionnel, des résultats de la première élection sénatoriale, tenue le 14 avril dernier, les regards sont désormais fixés sur Etoudi d'où viendront les «sénateurs du Président» ; il doit se prononcer sur le sujet éminemment au risque de violer la loi, mais en sa qualité de légaliste, le Président Biya surprendrait plus d'un dans la mesure où son temps n'est souvent pas celui de tout le monde et vice versa. Les différents rapports des observateurs électoraux, à quelques exceptions, ont toujours été favorables au régime de Yaoundé. Depuis le 12 octobre 1997, date à laquelle Paul Biya succède à lui-même en remportant haut la main (92,57% des suffrages) l'élection présidentielle. Il ne fait aucun doute pour certains observateurs que, contrairement à celle de 1992 remportée avec seulement 39, 97 %, le Président avait enfin les coudées franches pour gouverner avec son seul parti, le RDPC. D'autant plus qu'il bénéficiait au même moment d'une confortable majorité à l'Assemblée Nationale. Dans son discours d'investiture, le Président Biya choisit d'associer tous les Camerounais à la gestion des affaires. D'autres partis politiques en dehors du RDPC vont rentrer dans le Gouvernement (UPC, UNDP, UPR), même si certains, déjà en ballotage défavorable, se disent avoir été trahis par Biya. C'est le cas du parti de Bello Bouba Maïgari, floué à la dernière sénatoriale avec des consignes de vote qui ont permis le passage du SDF sans véritable assise politique dans cette région. Cela n'est que normal pour éviter la monopolarisation du Sénat; et puisque l'actualité s'y prête, difficile donc de penser que l'homme du 06 novembre 1982 pourra nommer les 30 sénateurs dans les rangs de son parti, à moins qu'on veuille faire croire que le cinéma du 14 avril est loin d'être terminé. Selon certains analystes, le Président de la république pourrait puiser dans les cercles fermés d'universitaires, la plupart ayant servi son régime mais aujourd'hui en retrait. On cite entre autres les Professeurs Joseph Owona, Kontchou et Mono Ndzana...et parmi ses farouches opposants, on peut évoquer en sourdine un certain Garga Haman Adji, jean Jacques Ekindi, Hubert Kamga, Bernard Muna et des chefs traditionnels, tels le Sultan des Bamoun, le Lamido de Rey Bouba et celui de Demsa. Cependant, cela n'est que pure spéculation dans la mesure où tout peut changer au dernier moment. Faire de ce premier Sénat un mélange hétérogène permettrait de crédibiliser le Cameroun au niveau international, puisque des financements de certains partenaires au développement dépendent la plupart des temps de certains critères, notamment démocratiques. Il s'agit du respect des droits de l'homme et des libertés contenus dans la loi fondamentale camerounaise du 18 janvier 1996, la référence aux principes fondamentaux de la Charte des Nations-Unies et à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, des éléments assez suffisants qui n'ont toujours pas favorisé les bonnes relations entre le Cameroun et les maîtres du monde. L'évocation de ces textes universels ouvre en effet la voie à une longue énumération des principes universels relatifs à la protection des droits de l'homme jugés particulièrement importants, et auxquels l‘Etat entend apporter une garantie tout aussi particulière. on peut évoquer: «la liberté et la sécurité individuelles ,la liberté d'établissement et de mouvement, l'inviolabilité du domicile et du secret de la correspondance, la non rétroactivité de la loi et le principe de la légalité des peines, le droit à la justice et la garantie contre les arrestations arbitraires, la liberté de conscience, de pensée et de culte assortie du principe de la laïcité et de la neutralité de l'Etat, la liberté d'expression et de presse, la liberté d'association, de réunion et de manifestation ,la liberté de fonder une famille, le droit à l’instruction, le droit de propriété ; le droit au travail et la liberté syndicale, la protection des minorités, la protection de la femme, des jeunes, des personnes âgées et des handicapés». À la lecture de ce qui précède, il y a encore des choses à redire quant à l'applicabilité de toutes ces mesures, au regard de la dernière sortie en date, celle du Ministre des Relations Extérieures, en début de semaine dernière à Genève en Suisse. Des rapports tels que ceux de l'ONG Amnesty International ne sont pas souvent du goût du régime en place. Le respect de tout ce qui a été énoncé un peu plus haut ferait en sorte que les institutions de Bretton Woods soient moins regardantes sur le reste de la politique.
© Aurore Plus
C'est la question qui taraude les esprits de nombreux observateurs, à la veille de la proclamation des autres membres de la Chambre Haute qui viendra compléter le Parlement camerounais.
Après l’annonce par la Cour Suprême, siégeant comme Conseil Constitutionnel, des résultats de la première élection sénatoriale, tenue le 14 avril dernier, les regards sont désormais fixés sur Etoudi d'où viendront les «sénateurs du Président» ; il doit se prononcer sur le sujet éminemment au risque de violer la loi, mais en sa qualité de légaliste, le Président Biya surprendrait plus d'un dans la mesure où son temps n'est souvent pas celui de tout le monde et vice versa. Les différents rapports des observateurs électoraux, à quelques exceptions, ont toujours été favorables au régime de Yaoundé. Depuis le 12 octobre 1997, date à laquelle Paul Biya succède à lui-même en remportant haut la main (92,57% des suffrages) l'élection présidentielle. Il ne fait aucun doute pour certains observateurs que, contrairement à celle de 1992 remportée avec seulement 39, 97 %, le Président avait enfin les coudées franches pour gouverner avec son seul parti, le RDPC. D'autant plus qu'il bénéficiait au même moment d'une confortable majorité à l'Assemblée Nationale. Dans son discours d'investiture, le Président Biya choisit d'associer tous les Camerounais à la gestion des affaires. D'autres partis politiques en dehors du RDPC vont rentrer dans le Gouvernement (UPC, UNDP, UPR), même si certains, déjà en ballotage défavorable, se disent avoir été trahis par Biya. C'est le cas du parti de Bello Bouba Maïgari, floué à la dernière sénatoriale avec des consignes de vote qui ont permis le passage du SDF sans véritable assise politique dans cette région. Cela n'est que normal pour éviter la monopolarisation du Sénat; et puisque l'actualité s'y prête, difficile donc de penser que l'homme du 06 novembre 1982 pourra nommer les 30 sénateurs dans les rangs de son parti, à moins qu'on veuille faire croire que le cinéma du 14 avril est loin d'être terminé. Selon certains analystes, le Président de la république pourrait puiser dans les cercles fermés d'universitaires, la plupart ayant servi son régime mais aujourd'hui en retrait. On cite entre autres les Professeurs Joseph Owona, Kontchou et Mono Ndzana...et parmi ses farouches opposants, on peut évoquer en sourdine un certain Garga Haman Adji, jean Jacques Ekindi, Hubert Kamga, Bernard Muna et des chefs traditionnels, tels le Sultan des Bamoun, le Lamido de Rey Bouba et celui de Demsa. Cependant, cela n'est que pure spéculation dans la mesure où tout peut changer au dernier moment. Faire de ce premier Sénat un mélange hétérogène permettrait de crédibiliser le Cameroun au niveau international, puisque des financements de certains partenaires au développement dépendent la plupart des temps de certains critères, notamment démocratiques. Il s'agit du respect des droits de l'homme et des libertés contenus dans la loi fondamentale camerounaise du 18 janvier 1996, la référence aux principes fondamentaux de la Charte des Nations-Unies et à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, des éléments assez suffisants qui n'ont toujours pas favorisé les bonnes relations entre le Cameroun et les maîtres du monde. L'évocation de ces textes universels ouvre en effet la voie à une longue énumération des principes universels relatifs à la protection des droits de l'homme jugés particulièrement importants, et auxquels l‘Etat entend apporter une garantie tout aussi particulière. on peut évoquer: «la liberté et la sécurité individuelles ,la liberté d'établissement et de mouvement, l'inviolabilité du domicile et du secret de la correspondance, la non rétroactivité de la loi et le principe de la légalité des peines, le droit à la justice et la garantie contre les arrestations arbitraires, la liberté de conscience, de pensée et de culte assortie du principe de la laïcité et de la neutralité de l'Etat, la liberté d'expression et de presse, la liberté d'association, de réunion et de manifestation ,la liberté de fonder une famille, le droit à l’instruction, le droit de propriété ; le droit au travail et la liberté syndicale, la protection des minorités, la protection de la femme, des jeunes, des personnes âgées et des handicapés». À la lecture de ce qui précède, il y a encore des choses à redire quant à l'applicabilité de toutes ces mesures, au regard de la dernière sortie en date, celle du Ministre des Relations Extérieures, en début de semaine dernière à Genève en Suisse. Des rapports tels que ceux de l'ONG Amnesty International ne sont pas souvent du goût du régime en place. Le respect de tout ce qui a été énoncé un peu plus haut ferait en sorte que les institutions de Bretton Woods soient moins regardantes sur le reste de la politique.