Cameroun, Marine Marchande: Recrutement sur fond de corruption
Cameroun, Marine Marchande: Recrutement sur fond de corruption
Hormis les frais du dossier, un autre montant astronomique est exigé aux candidats.On ne le dira jamais assez, le phénomène de corruption est insidieux au Cameroun. Il est répandu dans les habitudes des Camerounais et semble même incrusté dans les chromosomes. Le « tchoko » ou le « gombo » est régulièrement demandé pour n’importe quel service sollicité : dans les administrations, les services privés, les établissements scolaires, secondaires et universitaires, les écoles de formations, les hôpitaux, les recrutements dans tous les corps de métiers. Véritable cancer s’il en est, la corruption, a répandu ses métastases dans le tissu social camerounais.
Elle est devenue la règle dans certaines relations de travail et dans certaines activités. Elle développe également un sentiment d’impunité et de la normalité. Tout est désormais fait moyennant une contrepartie financière. Aussi, le rationnel s’effondre, les principes de justice et d’égalité de chance sont battus en brèche ; la corruption devient paradoxalement la norme. C’est le cas avec le lancement d’un recrutement dans la marie marchande de 100 officiers, 30 sous-officiers et 100 matelots.
Aussi curieux que cela puisse paraître, ce recrutement se passe sur étude de dossier, avec pour date butoir de dépôt le 15 octobre 2010. Ces dossiers sont déposés au campus universitaire IBGG de Douala. Soit dit en passant, les frais de dossiers s’élèvent à 10.000 Fcfa. Une fois le recrutement terminé, la formation aura lieu au Sénégal et au Ghana. Comme frais d’inscription alors, chaque étudiant devra verser en moyenne 50.000 Fcfa. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il est question, de sources concordantes, de verser, lors du dépôt des dossiers, d’astronomiques sommes d’argent « c’est à prendre ou à laisser. Il est exigé aux officiers aspirants 1 million de Fcfa, 500 mille Fcfa aux sous-officiers et 300 milles Fcfa pour les matelots. Ce qui nous intrigue le plus, c’est parce qu’une fois ce montant versé, on ne vous remet pas un reçu », confie un candidat sous le couvert de l’anonymat. Une situation qui donne matière à réflexion et pousse les langues à se délier pour poser moult questions : où ira tout cet argent ? Qui est derrière cet acte manifeste de corruption ? Va-t-on restituer de l’argent à ceux qui ne seront pas retenus ? Sur quel critère de recrutement sera effectué ? Tutti quanti.
Voilà un acte de corruption infra transparence, qui vient remettre au goût du jour ce mal qui fragilise l’activité des honnêtes gens et hypothèque les chances des classes moyennes qui aspirent à progresser dans l’échelle sociale. In fine, elle finalise aussi de manière significative ceux qui ne peuvent pas se défendre face à ce phénomène comme c’est le cas avec ce recrutement à la marine marchande. L’Anif, la Conac et le contrôle supérieur de l’Etat devraient nettoyer cette autre écuries d’Augias.