Cameroun : Louis Tobbie Mbida , “Ce que Paul Biya m’a dit en 1992...”

Cameroun : Louis Tobbie Mbida , “Ce que Paul Biya m’a dit en 1992...” De son exil français, le président du Parti des démocrates camerounais révèle les dessous de la présidentielle de 1992. Tractations avec le chef de l’Etat, rencontre avec les candidats Bello Bouba et Adamou Ndam Njoya. Atermoiements de Fru Ndi…

A la faveur de l’instauration du multipartisme en 1991, vous avez réhabilité le parti créé par votre père, André Marie Mbida, le Parti des démocrates camerounais et quelques mois plus tard, vous soutenez Paul Biya lors de la présidentielle d’octobre 1992. Mais on note aujourd’hui que votre parti ne considère plus le chef de l’Etat actuel comme l’homme de la situation. Comment expliquez-vous ce revirement aujourd’hui?

Chaque fois que nous nous élèverons de nos particularismes, de nos égoïsmes, de nos échecs et victoires personnelles pour les ajuster au niveau de l’humain en général, nous aurons contribué, d’une manière ou d’une autre, à faire avancer l’histoire de manière positive. La politique est une activité dynamique qui n’est ni de l’ordre du contemplatif ni de celui du statique.

Le statique marque l’inertie, consigne l’inanimé et signe la fin du vivant. Que le Pdc ait évolué dans son analyse de la situation politique et socio-économique du Cameroun entre 1992 et 2009 nous paraît plutôt significatif, positif et déterminant. Cette démarche est aussi à considérer comme expression d’une maturation effective du Pdc. Ce mouvement que vous considérez comme revirement n’est par conséquent ni surprenant ni contre indiqué, ni contre nature, il s’inscrit dans l’ordre normal des choses politiques camerounaises. Le Parti des démocrates camerounais créé le 12 janvier 1958 par André Marie Mbida, Matthias Djoumessi et Joseph Yakana est un parti politique de gouvernement qui a donné au Cameroun oriental son premier chef d’Etat, mais qui a sacrifié aussi au Cameroun indépendant son premier prisonnier politique illustre en la personne de M. André Marie Mbida.

Justement, revenons sur les raisons de l’embastillement de votre père…

Ce qui aura marqué le rôle politique essentiel de M. André Marie Mbida après l’indépendance au 1er janvier 1960 aura été sa vive opposition déterminée, définitive et sans appel au Parti unique imposé par M. Amadou Ahidjo . Mbida va en subir les conséquences politiques, matérielles, physiques et physiologiques. Les militants du Pdc et leur leader vont se retrouver soit en prison à Banyo , soit en résidence surveillée, soit dans les camps de rééducation civique de Mantoun , de Tcholliré et de Mokolo. Cette période fait désormais partie intégrante de notre histoire collective. Des chercheurs et universitaires tels que Minkoa She , Matthias Owona Nguini , Luc Sindjoun , Bayart , Richard Joseph, Levine , Fogui et autres se sont penchés sur la crise politique de 1960 à 1962 au Cameroun. Au Pdc, en tout cas, nous n’avons aucune rancune ni rancœur par rapport à cette période de l’histoire du Cameroun et ne demandons réparation à personne ni maintenant ni dans le futur.

Comment donc expliquer votre soutien à Paul Biya en 1992, alors qu’il n’est que l’héritier du système qui a broyé votre père ?

Lorsque moi, Louis Tobie Mbida, je prends la direction du Pdc en 1991, les hommes que je trouve aux affaires et qui détiennent le pouvoir tant exécutif que législatif au Cameroun de 1991 sont en effet les mêmes que ceux qui ont connu , provoqué et entretenu les crises entourant la lutte pour la monopolisation du pouvoir post-colonial en 1962 . Le toilettage politique en surface que réalise le Rdpc le 23 mars 1985 à Bamenda ne saurait nous faire oublier que le Rdpc aura été l’Unc du 1er septembre 1966 au 23 mars 1985 et que l’Unc aura été l’Uc du 2 mai 1955 à Garoua jusqu’au 1er septembre 1966 à Yaoundé. Je laisse aux chercheurs en sciences juridiques, en sociologie politique, en sciences politiques et en histoire le soin d’analyser en profondeur au point de vue juridique, sociologique , philosophique , historiographique , épistémologique et empirique les faits et les méfaits du parti Uc/Unc/Rdpc sur le Cameroun de ces cinquante dernières années . Comme enfant, comme adolescent , comme jeune citoyen et témoin de l’histoire je n’en garde pas un souvenir ému et positif.

La question qui demeure est de savoir si «les choses passées, sont dépassées». Pour moi, Louis Tobie Mbida, fils d’André Marie Mbida, je dis oui, elles sont dépassées : je ne regarde plus derrière moi. Voilà pourquoi en 1992, conscient que l’affrontement avait assez duré entre les hommes du pouvoir à Yaoundé et les Démocrates, je vais faire table rase du passé et demander aux uns et aux autres de nous asseoir sur la table de négociations avec les hommes du pouvoir Uc/Unc/Rdpc. J’ai convaincu la majeure partie des compagnons de route d’André Marie Mbida du bien fondé de cette démarche. Mais c’était sans compter avec l’irrédentisme et l’intransigeance politiques des hommes au pouvoir depuis 1960 qui voyaient en moi essentiellement le fils de l’homme qui leur avait donné du fil politique à retordre. Pour le Rdpc et son chef le président Paul Biya, Louis Tobie Mbida est resté le fils du rebelle à qui le pouvoir Uc/Unc/Rdpc ne peut pas faire confiance. Ce qui est valable pour moi l’est en définitive pour tous ceux qui, un jour, ont combattu ce régime quel que soit leur bord politique. Le pouvoir Rdpc n’a jamais voulu de réconciliation nationale.

Force est de le reconnaître aujourd’hui de manière définitive. Au Pdc, nous avons tendu la main et le Rdpc nous a craché dans la paume. De nombreux camerounais ont subi le même sort. La majorité présidentielle n’a été qu’un leurre vide de tout sens politique, pas de notre fait mais du seul fait du Rdpc. Le Rdpc pratique la politique du mensonge, elle est immorale et négative. Avec le recul il est à reconnaître que 1992 fut une improvisation politique absolue et totale au seul bénéfice du RDPC et au détriment entier de l’opposition renaissante. Les partis politiques sont à peine structurés quand ils sont invités à participer aux suffrages après trente deux ans de dormance politique et de clandestinité revendicative de droits, de liberté et de démocratie.

Jusqu’à présent, on ne comprend pas pourquoi votre préférence pour Paul Biya plutôt que pour Fru Ndi, Bello Bouba Maïgari ou Adamou Ndam Njoya, pour ne citer que ces autres candidats à la présidentielle de 1992…

Aux élections présidentielles de 1992 , je fus à la base d’un mouvement regroupant 26 partis politiques qui s’appellera sur le plan formel l’Ord (opposition républicaine et démocratique ) mais sera connu sous la dénomination «Groupe de Mbankolo», quartier que j’habitais à Yaoundé à cette époque. Le groupe de Mbankolo, quoique fort de 26 partis politiques, n’a pas de candidat en son sein. Nous allons approcher des personnalités indépendantes telles que Monsieur Doh Kingue, fonctionnaire international. Nous réfléchirons sur Messieurs Bamela Engo et Eteki Mboumoua. Ces approches ne donneront pas de suite. Nous nous tournerons enfin vers les quatre candidats majeurs des quatre partis politiques que sont le Sdf, l’Undp , l’Udc et le Rdpc : soient vers MM. Ni John Fru Ndi , Bello Bouba Maïgari , Adamou Ndam Njoya et Paul Biya . Nous rencontrons M. Bello qui se présente à Mbankolo pour débattre de son programme politique. Un point essentiel va inquiéter le groupe de Mbankolo quant au discours de Bello : ce sera la gestion de l’après 6 avril 1984. Bello ne saura pas nous dire clairement ses intentions concernant sa gestion future comme chef de l’Etat camerounais de cette triste période de notre histoire. Adamou Ndam Njoya va rencontrer à son tour le groupe de MBankolo mais son discours sera confus, nébuleux, sans contours.

L’homme, si nous respectons tous sa probité, est aérien, trop aérien. Il n’a pas de charisme et semble timide quand il s’adresse au groupe. Il nous exposera la nécessité d’une période de transition dont nous ne comprendrons ni la nécessité ni l’agencement. Monsieur Ni John Fru Ndi, président du Sdf et non point de la République du Cameroun, nous donnera plusieurs rendez-vous mais ne se présentera pas une seule fois à Mbankolo. Nous allons faire savoir à ses collaborateurs que nous sommes prêts à aller à sa rencontre à l’endroit où il le souhaitera n’importe où au Cameroun. Il nous fera connaître différentes dates mais n’en honorera aucune. M. Hameni Mbieleu représentant l’Arc-Cns et ensuite l’Union pour le changement arrive à Mbankolo et nous propose à tous une profusion de postes ministériels à l’encan. Ce que nous retiendrons c’est que Fru Ndi est un homme fruste et méprisant dont l’arrogance est démesurée. Bien avant même qu’il n’accède à la magistrature suprême, il montre déjà du mépris et de la désinvolture à l’égard de ceux qu’ils considèrent à tort ou à raison comme moins puissants que lui. Tout cela n’était pas très sérieux. Je vais personnellement rencontrer le Président Paul Biya, chef d’Etat en exercice, trois fois au moins entre le 18 juillet 1991 et le mois d’octobre 1992. Il enverra plusieurs émissaires nous solliciter et recevra lui-même le groupe de Mbankolo à Monatele en octobre 1992.

Au cours de ces rencontres, de quoi avez-vous discuté avec le candidat Biya ?

J’ai posé à ces différentes rencontres, le problème fondamental des élections libres , démocratiques et transparentes , j’ai posé le problème de la révision constitutionnelle , j’ai posé le problème de la pauvreté , de la justice sociale et de la redistribution des richesses , j’ai posé la question de l’expatriation des fonds , j’ai posé le problème d’une rencontre tripartite en remplacement de la conférence nationale souveraine , j’ai posé le problème de la révision du statut de la fonction publique face à la corruption qui gangrenait déjà le pays en 1991, j’ai posé le problème de la communication sociale et de l’accès aux médias , j’ai posé au chef de l’Etat la question de la démocratie participative et de la réconciliation nationale .

Quelle a été la réponse de Paul Biya à ces différents problèmes ? 

A toutes ces questions il a apporté son assurance et confirmé qu’il le fera. Je me rappelle du 19 juillet 1991, nous sommes assis sur deux canapés à angle droit. Le chef d’Etat me demande: «Que faut-il faire pour mettre un terme aux villes mortes, quel est le problème?». Je lui réponds: «Sauf votre respect, Excellence, le problème, c’est vous. Vous avez laissé s’installer dans la nation des disparités économiques et sociales, voilà pourquoi aujourd’hui des Camerounais qui ont acclamé en 1982 votre avènement souhaitent désormais votre départ». Le président, apparemment imperturbable me répond: «Quand j’ai nommé Nomo Ongolo , Andze Tsoungui et Ntsama Etienne, c’était justement pour mettre un terme à toutes ces inégalités dont vous parlez, mais les résultats se font toujours attendre» A la fin de cet entretien de 1991, au moment de nous quitter, il me déclare de but en blanc: «Ils veulent tous que je parte mais, avant de partir , je veux laisser la maison en ordre».

C’était le 19 juillet 1991 et, ce jour de novembre 2009, au moment où je réponds à vos questions, la maison Cameroun n’est toujours pas en ordre mais le président Biya, à en croire sa «Lettre aux Camerounais» du 3 novembre 2009, semble demander encore au moins un septennat pour «mettre la maison en ordre». Mes petits neveux des banlieues diraient devant cette énième proposition de candidature: «c’est du foutage de gueule, tonton». La réponse à la question de savoir pourquoi il faut voter désormais contre le Président Paul BIYA est multifactorielle mais univoque : le Président Paul BIYA n’est plus la solution parce qu’il fait partie du problème camerounais.

Je note que vos pourparlers n’ont pas été sanctionnés par un accord politique formel. Quels arguments, au-delà des promesses vagues faites au cours de vos rencontres, aviez-vous en 1992 pour le soutenir?

Nous l’avons soutenu en 1992 parce que le Pdc de 1992 ne voulait pas apparaître comme l’héritier d’affrontements anciens et périmés dans la lutte pour l’acquisition du pouvoir post-colonial immédiat tel qu’en 1962. Par ailleurs, moi Louis Tobie Mbida, jeune médecin de 36 ans, j’estimais être tout simplement trop jeune pour le poste et la charge . Je ne disposais pas dans le pays et hors de nos frontières d’un réseau relationnel assez riche et dense pour gérer le Cameroun de 1992. J’ai par ailleurs, pour la fonction de chef de l’Etat du Cameroun un très grand respect. Je le dis ici et cela s’appelle de l’honnêteté intellectuelle, politique et citoyenne.

Des quatre candidats majeurs de 1992 qui étaient Ni John Fru Ndi , Bello Bouba Maïgari , Adamou Ndam Njoya et Paul Biya , il était le seul à pouvoir garantir la stabilité civile et un minimum de consensus entre les Camerounais en cette période trouble et incertaine de 1992 . Autour de lui, il y avait des hommes comme Sadou Hayatou , Achidi Achu qui étaient de fins diplomates et des hommes de raison sur qui on pouvait compter. Nous étions convaincus qu’au lendemain des élections de 1992 , le Président Paul Biya, sachant que le Cameroun avait été au bord de l’explosion en 1991 , que son parti était minoritaire dans la nation – il n’avait pas fait 50 % des suffrages, il le savait - nous étions convaincus que le bon sens et le patriotisme lui dicteraient une véritable démocratie participative et une réconciliation nationale.

Les chantiers étant nombreux dans la nation, lui-même l’ayant reconnu au cours de diverses conversations et tête à tête que j’avais eus avec lui, j’étais convaincu que je pouvais lui faire confiance quand à sa volonté d’instaurer une véritable démocratie participative ou tous les Camerounais allaient pouvoir s’investir tout en conservant leurs étiquettes politiques propres. Nous l’avons soutenu parce que ayant informé nos militants après chaque rencontre avec un des quatre candidats majeurs de 1992, les militants du Pdc à la suite d’un congrès extraordinaire en octobre 1992 vont choisir le Président Biya. Nous l’avons soutenu parce que, en définitive nous avions compris que pour M. Fru Ndi, l’opposition camerounaise était géographique et régionale avant d’être politique et nationale. Nous restons convaincus aujourd’hui encore au Pdc, que nul n’a le droit de balkaniser la misère, la pauvreté, la désolation, la ruine, la douleur, la souffrance et la désespérance des peuples.

A l’époque, on disait que Paul Biya est réceptif au changement, mais que le problème vient de son entourage…

Le président Paul Biya sera entouré durant cette période de dix hommes et une femme qui seront particulièrement contre toute ouverture :Titus Edzoa, Gilbert Andze Tsoungui, Charles Onana Awana , Ferdinand Oyono , Edouard Akame Mfoumou, Augustin Kontchou Kouomegni, Tchouta Moussa, Niat Njifenji, Grégoire Owona, Mme Yao Aissatou et Joseph Charles Doumba. Ils seront particulièrement opposés à tout changement. J’avoue avec le recul de 19 ans que nous avons été naïfs, nous nous sommes laissés berner et tromper par le Rdpc, mais nous étions de bonne foi .

Pourquoi aviez-vous quitté le Cameroun au lendemain des élections présidentielles et législatives pour vous installer en France ?

 Je suis parti du Cameroun le 7 juillet 1997, au lendemain des élections législatives du 19 mai 1997. Je n’étais plus au Cameroun quand se déroulaient les élections présidentielles de 1997, En d’autres termes, les seules élections présidentielles que j’ai vécues sous l’ère Biya sont celles de 1992. Après les élections législatives tronquées du 17 mai 1997 au Cameroun, j’ai décidé de quitter la scène politique nationale camerounaise et de me mettre en réserve de la République. Je n’ai pas quitté le Cameroun le 7 juillet 1997 parce que je craignais pour ma vie mais j’ai refusé de sombrer dans la banalité, l’insipidité, la forfaiture, la perte de repères, la dissipation des idéaux et la dilution de ma singularité voulues et programmées par le pouvoir Rdpc. J’ai réactivé mes contacts universitaires en Europe et me suis envolé du Cameroun le 7 juillet 1997.

Pour un exil doré?

J’emportais avec moi une valise dans laquelle j’avais entassé trois costumes, des chemises et du linge de corps. J’avais jeté en bandoulière sur une épaule, un grand sac de voyage dans lequel j’avais mis des documents et mes diplômes. Quand j’arrive le 8 juillet 1997 à l’aéroport de Frankfurt les amis allemands sont là qui m’attendent. J’ai laissé derrière moi ma belle et jeune épouse Christiane qui m’a rejoint plus d’une année après. J’ai abandonné le confort douillet d’une villa de 14 chambres à Mbankolo, chauffeurs et garde du corps , berlines allemande, 38 collaborateurs, une clinique, une école de formation d’infirmières, une concession à Yaoundé Mbankolo dotée d’un beau jardin verdoyant où je vivais entouré d’une maisonnée me mettant à l’aise en satisfaisant à mes moindres désirs . Si mon exil peut être considéré aujourd’hui, par certains comme doré, alors je me le suis doré tout seul en me battant comme j’ai toujours su le faire en travaillant comme médecin.

On peut vous reprocher d’avoir abandonné le champ politique au Rdpc?

J’ai compris après les législatives de 1992 , les présidentielles de 1992 , les municipales de 1996 à Elig Mfomo et les législatives de 1997 que le Rdpc n’avait programmé qu’une seule et unique solution finale pour toute l’opposition : nous épuiser , nous ridiculiser , nous ruiner financièrement et nous clochardiser pour enfin montrer et désigner les uns et les autres à la vindicte populaire en déclarant que les opposants sont tellement pauvres qu’ils sont tous compromis dans des histoires de dessous de table et d’argent sale. L’objectif du Rdpc est de dégoûter définitivement les camerounais de la politique.

J’ai compris que pour le Rdpc et les membres du comité central du Rdpc il n’est pas question de laisser le Pdc et Louis Tobie Mbida accéder au moindre poste politique. Même le poste minimaliste de conseiller municipal dans l’arrondissement d’Elig-Mfomo , contrée perdue au fin fond de la forêt camerounaise devient un enjeu politique de taille , «un joyau politique » à protéger et à conserver par tous les moyens par le Rdpc , ses caciques et ses dirigeants quand Louis Tobie Mbida s’y intéresse politiquement . Tout est mis en oeuvre pour que l’engagement politique de Louis Tobie Mbida ne débouche sur aucun poste politique en mesure de lui donner l’opportunité de mettre en pratique le projet de société qu’il défend dans le respect des valeurs qui l’animent. Après 1992 où Louis Tobie Mbida a pourtant été un allié véritable lors de l’élection du président Paul Biya , toutes les énergies se mobiliseront pour empêcher le même Louis Tobie Mbida d’accéder au moindre poste électif quatre ans plus tard en 1996 . Tout est mis en oeuvre avec la dernière énergie pour empêcher l’élection de Louis Tobie Mbida , fut-ce au poste , en principe sans envergure, de conseiller municipal d’ Elig Mfomo. (…) La lutte est systématique, acharnée, violente et sans quartier de la part du Rdpc quand il s’agit de combattre Louis Tobie Mbida. Pourquoi un tel acharnement, que craignent t-ils? Seul le Rdpc et ceux qui le dirigent le savent.

Quelles leçons retenez-vous de ces péripéties politiques ?

Aujourd’hui , moi personnellement , j’ai appris de Ruben Um Nyobe , de Félix Mounié , , d’Ossende Afana, d’André Marie Mbida , d’Ahmadou Ahidjo , de Paul Biya , de Kemajou Daniel , d’ Assiguena Fabien , d’Omgba Bissogo, d’Embolo Marguerite. La pensée spéculative se trouve désormais chez Eboussi , Jean Marc Ela , Luc Sindjoun , Matthias Owona , Minkoa She , Alain Olinga, Ngo Mountigui Esther , Abel Eyinga , Mongo Beti , Fogui , Achille Mbembe etc . J’ai appris par essais et par erreurs en étudiant et en observant tous ces hommes que je viens de citer et la liste n’est pas exhaustive. Lorsque le Maréchal russe Koutoussov bat en retraite devant les armées napoléoniennes en 1812 il est donné pour vaincu. Mais cette campagne de Russie va se terminer par une défaite pour Napoléon qui va connaître la Bérézina à son retour en France.

Le Rdpc a mis son rouleau compresseur en marche contre tous les opposants qui n’ont pour seul repli que le village de leurs ancêtres. J’ai la particularité non seulement d’être né en Europe, mais aussi d’y avoir fait mes études ; je compte des amis à travers le monde qui m’ont permis de battre en retraite et d’échapper au broyage auquel les hommes du pouvoir soumettent leurs adversaires politiques .Moi le fils de Mbida, mort aveugle dans d’atroces souffrances à 64 ans, j’en sais quelque chose, je l’ai vécu en direct durant toute mon enfance. Les leçons de l’histoire sont inscrites dans l’airain. J’ai appris de tous nos aînés. Un héros mort se pleure et s’honore, un homme politique vivant provoque et réalise l’alternance quand les conditions historiques et socio-politiques sont réunies. Là se trouve toute la différence. 
 
Que répondez-vous à ceux des militants du Pdc qui estiment que vous avez fait acte de lâcheté en les abandonnant?

 Je leur réponds que je suis présent et disponible. J’ai 53 ans , l’âge de la maturité , l’âge où il faut donner en retour tout ce qu’on a reçu, l’âge où on est prêt à entreprendre de grandes choses avec l’aide de la majorité quand les conditions historiques et socio-politiques sont réunies et l’exigent.

Comment justifiez-vous votre absence sur pratiquement tous les grands débats qui ont eu cours dans notre pays, notamment, les questions de modification de la constitution, les émeutes de février 2008 et l’Opération épervier…

Concernant la modification de la constitution, les émeutes de février 2008 et l’opération épervier j’en parle abondamment dans le livre à paraître dont le titre est : « Cameroun . Les leçons de l’histoire : des années de braise vers une dynamique nouvelle ». Ce qui importe désormais au Cameroun c’est la structuration de l’opposition sur le terrain. Nous serons de grands partis politiques quand nous serons présents dans les 10 régions, les 58 départements et les 266 arrondissements que compte le Cameroun. C’est à cette tâche que le PDC s’attelle calmement mais fermement.

Dans l’immédiat, quels sont ses projets politiques?

Le Pdc a perdu de nombreux cadres soit par défection opportuniste soit à la suite de décès .De nombreux jeunes Camerounais nous découvrent et c’est aussi bien ainsi. Le Parti est en pleine restructuration. Notre approche a changé. Mais la démocratie libérale reste notre idéologie politique. Comme tous les partis politiques en période post-coloniale immédiate nous nous sommes attardés au début sur les notables. Dorénavant nous allons à la rencontre d’électeurs éclairés et dûment informés. La sociologie-politique camerounaise actuelle est propulsée par un moteur nouveau et différent. Nous allons en provoquer la combustion et la mise en route. 

Louis Tobie Mbida sera-t-il candidat à la présidentielle de 2011?

C’est le Pdc et les citoyens camerounais qui en décideront. Une candidature à la présidence de la République n’est pas un acte isolé, individuel et personnel. Il s’agit d’une réponse à une demande profonde et citoyenne portée par un groupe de personnes animées d’idéaux purs et solides. Il s’agit d’un engagement pour la vie. Je suis un homme de conviction, prêt à servir, disponible et apte si une telle demande venait à être formulée en ma direction.

© Le Jour : Innocent B. Ngoumgang

Paru le 19-11-2009 09:50:18



19/11/2009
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