Cameroun : Le préfet de la Mifi en guerre contre 13 grands conseillers Sdf
Cameroun : Le préfet de la Mifi en guerre contre 13 grands conseillers Sdf
Pour avoir refusé de signer des délibérations au terme du dernier conseil de la communauté urbaine, ils sont entendus sur procès verbal à la police et à la gendarmerie.
Après le conseil de la communauté avorté du mois de septembre 2010, et qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive, c’est maintenant vers un procès que tendent le préfet du département de la Mifi, Fouapon Allassang, et 13 des 18 grands conseillers de la communauté urbaine de Bafoussam. Au terme du conseil des 23 et 24 novembre en vue du vote du budget pour l’exercice en cours, les seconds avaient refusé d’apposer leur signature sur l’une des délibérations qu’avait apprêtées le délégué du gouvernement, Emmanuel Nzeté. L’une de ces délibérations qui aujourd’hui fait du bruit portait sur l’augmentation des prix des comptoirs, par mètre carré occupé, dans les marchés A et B de Bafoussam. Que ce soit au marché A ou au marché B, les deux principaux de la ville de Bafoussam, la délibération en question qui avait été préparée prévoyait que les frais d’occupation des comptoirs devaient de 5000 Cfa , pour 4 m2, à 60.000 Cfa, pour 24m2. Cela sans distinction entre les boutiques en matériaux définitifs ou provisoires. Par le passé, le prix de location de ces boutiques variait entre 4000 et 5500 F Cfa.
«Un contrat de location est obligatoirement établi entre la communauté
et le locataire. Ce contrat comporte notamment les mentions suivantes :
l’identité du locataire, la superficie du local, le montant du loyer, la
durée du bail, la nature de l’activité », précisait la délibération en
son article 2. D’après le délégué du gouvernement, Emmanuel Nzeté, ces
taux correspondent à la loi no 2009/019 du 15 décembre 2009 sur la
fiscalité locale. Ce que n’ont pas approuvé les grands conseillers qui
ont soutenu dans leur grande majorité qu’après les incendies survenus
par exemple au marché A, ce sont les commerçants qui ont assuré la
reconstruction sans l’aide de l’Etat. Aussi, d’aucuns ont estimé qu’il
fallait d’abord voir ce que l’augmentation de l’an dernier, 1000 francs
par boutique, a apporté dans les caisses de la communauté. Parmi les 18
grands conseillers que comptent la Communauté urbaine de Bafoussam,
seuls 5 avaient signé cette délibération. Il s’agit de M. Kengne, unique
conseiller Rdpc de Bafoussam 3e, Cyrille Ngnang, maire de la commune de
Bafoussam 1er, Fotsing, Wafo et Kengne Emilienne.
C’est donc sur instruction du préfet de la Mifi, Fouapon Allassang, que
ces grands conseillers, dont les maires de Bafoussam 2e et Bafoussam 3e,
sont en train de passer à tour de rôle, depuis le 23 décembre, au
groupement de gendarmerie territoriale de Bafoussam, au commissariat
spécial et au commissariat central où ils sont entendus sur procès
verbal, au motif qu’ils ont incité les commerçants à ne plus payer les
taxes. A en croire le préfet de la Mifi, il ne comprend pas comment dans
une localité comme Tonga où il a exercé comme sous-préfet, des
contribuables acceptent de payer 8000 Cfa par comptoir et à Bafoussam on
évoque l’hypothèse de la pauvreté pour ne pas payer 5000 Cfa. « J’aurai
accepté que les grands conseillers aillent dire à leur électorat que
nous n’avons pas pu défendre votre cause parce que l’Etat a fixé le
minimum à 5000 Cfa que de demander aux commerçants de ne pas payer les
taxes. Etre d’un parti dit de l’opposition ne veut pas dire empêcher que
la loi soit appliquée. Je vais m’y atteler pour qu’ils soient déférés
devant le procureur afin que chacun y réponde de ses actes », s’est
confié le préfet au journal Le Popoli. Une accusation que les différents
grands conseillers pointés du doigt rejettent en bloc. Par ailleurs, le
préfet semble indexer principalement Oumbe Deffo Sangong, président de
la circonscription électorale Sdf à Bafoussam 1er.
L’autre délibération que les grands conseillers n’ont pas jugée opportun
de signer, dans une ville où la voirie municipale est dans un piteux
état, est celle relative à l’interdiction de la circulation des motos
taxis dans le centre urbain de Bafoussam. A les entendre, les différents
axes routiers où la circulation des motos est en voie d’être interdite,
n’ont pas été choisis de manière objective et en fonction des réalités
de la ville de Bafoussam qui ne dispose plus de voies secondaires,
toutes étant dégradées. Jusqu’à hier soir, les grands conseillers
continuaient de préparer leur défense en cas d’un éventuel procès.