Cameroun : Le cri de détresse de Madame Abba Aboubakar
Cameroun : Le cri de détresse de Madame Abba Aboubakar
L’épouse du président de la Révolution camerounaise du peuple uni (Rcpu) enlevé par la police depuis une quinzaine de jours supplie le régime de la laisser voir son mari.
“ Par la présente déclaration, je souhaite vous fournir assez d’éléments en rapport avec l’enlèvement, mieux, la prise d’otage de mon mari et de quelques autres personnes, par les forces spéciales de l’Etat du Cameroun ”, adresse d’entrée de jeu Marie Gisèle Afana, épouse Abba Aboubakar à la foule de journalistes ayant pris d’assaut son domicile du quartier Kondengui le 03 mars 2011. Celle qui a convié les hommes et femmes de médias au domicile familial pour transmettre sa “ demande d’intervention et de dénonciation de l’enlèvement de [son] mari et sept autres leaders politiques syndicaux par les forces de sécurité de l’Etat du Cameroun, depuis le dimanche 20 février 2011 ” est presque en larmes. Car, selon des informations en sa possession, son époux serait détenu dans le plus grand secret dans les cellules de la police judiciaire (Pj) à Yaoundé, après un précédent séjour à la direction de la surveillance du territoire (Dst).
Sur les évènements qui ont précédé l’ “ enlèvement ” du président du Rcpu, Mme Abba Aboubakar rappelle que son époux a quitté leur résidence le dimanche 20 février 2011 après avoir reçu pour une réunion, une délégation de leaders politiques (dont certains venaient de Douala). Le conclave tenu avait pour but de faire le point sur le plaidoyer entamé depuis 2009 et qui a abouti à la visite de la commission des droits de l’homme de l’Union africaine au Cameroun en 2011. A la suite de cet échange, une rencontre était annoncée avec les leaders syndicaux présents à Yaoundé.
Désemparée et l’air très affaiblie lorsqu’elle parle à la presse, Marie Gisèle Abba Aboubakar “ dénonce de toutes [ses] forces l’enlèvement arbitraire et la détention abusive, illégale de [son] époux et des autres compatriotes ”. En outre, elle réclame “ la libération immédiate et inconditionnelle de tout ce monde, sans paiement de rançon ni d’engagement de paiement de rançon ”, puisque c’est ainsi, selon elle, que se soldent souvent les prises d’otage.
En outre, Mme Abba Aboubakar jure, la main sur le cœur, que le président Rcpu n’était ni de près, ni de loin impliqué dans la rédaction des tracts appelant au soulèvement le 23 février 2011. Toute chose qui n’est pas de l’avis du ministre de la Communication. Issa Tchiroma a en effet affirmé sur les ondes de Rfi que les leaders politiques et ses camarades sont exploités sur le rôle qu’ils auraient joué dans ces appels à l’insurrection. Une volte-face totale du reste. Car quelques jours avant, le Mincom assurait l’opinion que Abba Aboubakar n’était pas arrêté.