Cameroun : L’art du « farotage »
Cameroun : L’art du « farotage »
C’est pourquoi l’on ne cessera jamais de louer les élans profus de générosité de Samuel Eto’o Fils. S’il est un sportif dont la grandeur d’âme et la libéralité sont connues de tous autant que ses performances footballistiques, c’est bien Eto’o Fils. A son sujet, le vocabulaire s’est enrichi de néologismes comme seuls peuvent les créer ceux sur qui se déversent les coupures sonnantes et trébuchantes du quadruple ballon d’or africain. Ainsi du « farotage » : action de « faroter ». « Faroter » : donner de bon cœur à des personnes inconnues. « Faroteur » : celui qui « farote ».
Il n’y a qu’à voir le nombre d’essaims humains qui bourdonnent autour de Samuel Eto’o Fils, de son arrivée dans les aéroports aux stades en passant par les hôtels, pour comprendre l’énorme espérance que sa seule présence suscite en ces hordes. Mais que l’on ne s’y trompe guère, la liste des bénéficiaires des largesses du triple champion d’Europe ne se limite pas qu’à cette face visible composée essentiellement de gueux, de mendiants et autres lascars alléchés par l’odeur des euros. Derrière cet écran se retrouvent pêle-mêle cousins et cousines éloignés, amis d’enfance ou de jeu vrais ou fictifs, footballeurs à la retraite, cadres en panne de mois, journalistes, personnalités haut placées et coéquipiers.
Nul ne fera ici le procès au « faroteur universel » de partager avec qui il veut ce qui est son bien. Au moins nous permettra-t-on de regretter que des « farotés » aient trouvé-là occasion pour une activité principale, qui les confine à tisser contre d’honnêtes gens toutes sortes de sornettes dont ils abreuvent leur bienfaiteur en échange de leur pitance. De même n’hésitent ils pas à voir dans chacune des possessions de leurs pestiférés la main bienveillante du « faro-faro », au mépris de la dignité que l’on doit à tout humain. Des lubies naissent ainsi comme celle sur Roger Milla, accusé de ne pouvoir s’acheter une voiture du tonneau de celle qu’il a offerte à son épouse, il y a trois années de cela !
Je parie que Samuel Eto’o n’est en rien mêlé à cette déclaration qui a sorti de leurs gonds tous les hommes de bon sens qui admettent qu’il n’y eût rien de maléfique si le « Pichichi » avait fait une telle offrande à celui qu’il reconnaît comme étant son « grand frère » et qui en réalité pourrait être son « père ». En tout état de cause, un tel cadeau n’eût eu toute sa valeur que si la main gauche n’avait pas été informée de ce qu’avait donné la main droite.