Cameroun : La fête sans eau à Douala
Cameroun : La fête sans eau à Douala
L’arrivée de la fête de Noël a coïncidé avec une coupure d’eau dans certains quartiers de la capitale économique. Et jusqu’à hier, le précieux liquide n’était pas de retour.
C’est dans un calvaire que les populations du
quartier Madagascar à Douala viennent de passer la fête de la nativité.
En effet, depuis le 23 décembre, ce quartier de la capitale économique
connaît une coupure d’eau qui a rué toutes les populations vers des
puits de fortune ou vers des robinets situés dans des zones basses où un
filet d’eau pouvait continuer à couler. C’était le cas chez une femme
habitant non loin du lieu di Pmi Soboum. Depuis, jeudi dernier, le
domicile de cette dernière n’a pas désempli. Homme, femmes et enfants
venant avec des bidons, des calebasses, des seaux de toutes sortes pour
se ravitailler. « Pour remplir un seau de 10 litres , il te faut
attendre même une heure ! » Se plaint un papa avec un peu d’emphase.
En effet, compte tenu de la pression qui est très faible, le plein d’un
tel récipient prend environ 10mn. Ce qui se fait en temps normal en
moins d’une minute. Mais, sans alternative, tout le monde attend. «
Wèèh, mon Dieu ! Depuis 10h que je suis ici ω », S’inquiète une femme
enceinte ce dimanche 26 décembre aux environs de midi alors qu’elle n’a
pas encore puisé les deux seaux de 15 litres qu’elle a apportés.
Fatiguée d’attendre, elle s’est finalement allongée sur la véranda… Le
problème est qu’ici, on se sert par ordre d’arrivée. Et juste avant
elle, il y a un monsieur qui est venu du lieu dit « Pont Blanchisseur »
avec son véhicule contenant 7 bidons de 20 litres chacun. Et depuis un
long moment, ce sont ses bidons qui se succèdent au robinet pendant que
les autres attendent et d’autres arrivent, allongeant la file. Face à ce
long rang de bidons qui serpente dans la cour de cette femme, certains
choisissent tout simplement de se rabattre vers les puits de fortune qui
sont disséminés dans les quartiers et d’où l’on recueille une eau fort
douteuse. « Il n’y a même rien aujourd’hui ! » constate cette femme qui
se souvient que le « vendredi 24 et samedi 25 décembre, il y avait
beaucoup plus de gens qu’aujourd’hui. »
Spectacle désolant
Cette situation n’est pas sans générer des tensions. D’aucuns pensant
que chacun devrait remplir un seau et céder la place au suivant. Et
d’autres soutenant que chacun à son tour doit puiser tous les récipients
qu’il a apportés. Mais, par-dessus tout, la même question revient : «
Comment ces gens peuvent attendre le moment des fêtes pour couper l’eau ω
» Question d’autant plus préoccupante que des nouvelles font état de
mêmes scènes dans de nombreux autres quartiers de la ville.
Et les coupables sont vite trouvés : l’on en veut sans distinction à la
Camerounaise des Eaux et à Camwater, les deux sociétés impliquées dans
la distribution de l’eau potable au Cameroun. Ces sociétés sont maudites
et traitées de tous les noms. « Elles s’étaient pourtant vantés
récemment d’avoir augmenté la capacité de production d’eau de 50 000 m3 .
» Lance quelqu’un. « Est-ce que c’est même d’abord vrai ω » Doute un
monsieur adossé à un poteau. « Ça sert alors à quoi pour que pendant
trois jours d’affilée on n’ait pas d’eau, en période de fête en plus ω »
Questionne avec lassitude une maman assise sur un pagne étalé à même le
sol. En plein week-end évidement, ni l’une ni l’autre des deux sociétés
ne peuvent répondre à ces invectives. Mais, la réalité est triste et le
spectacle désolant…