Cameroun: La Comicodi proteste contre le silence de Cameroon Tribune après la disparition de M.Ferdinand Oyono
Cameroun: La Comicodi proteste contre le silence de Cameroon Tribune après la disparition de M.Ferdinand Oyono
Madame la Directrice de Publication. Le Cameroun, la communauté intellectuelle, les cercles diplomatiques, les citoyens de toute condition, ont été bouleversés et profondément attristés le vendredi 12 Juin 2010, par la mort brutale en mi journée et les armes en mains au service de l’Etat et de la République, de monsieur Léopold Ferdinand OYONO, homme d’Etat en fonction, Ministre d’Etat, homme de culture, diplomate, un des tous premiers écrivains camerounais, un des tous premiers représentants du pays auprès de l’ONU et sur la scène internationale, citoyen émérite donc.
Madame, alors que la douleur compréhensible et la tristesse étaient à son paroxysme et commandaient inévitablement un hommage immédiat au-delà de l’information nécessaire, vous avez failli totalement. Vous avez, et personne ici ni ailleurs ne comprends les raisons, embastillé l’information sur la disparition de ce patriarche, ce géant dont les œuvres ont nourri et pétri la formation de plusieurs générations, et dont les actes politiques et administratifs, peu importe la controverse, font partie de notre panthéon. Pourquoi votre édition du jour d’après, le vendredi, n’a-t-elle pas porté ce deuil ?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi et mille fois pourquoi, madame la Directrice, vous avez choisi de manquer à ce devoir élémentaire, cette simple urgence déontologique face à un tel drame ? Qui a donné les ordres ? De quelle ligne éditoriale découle cet oubli ou cette violente, insolente et troublante inintelligence qui a cruellement blessé le peuple camerounais ?
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination élève une protestation des plus vives et des plus énergiques, contre cette inacceptable discrimination. Le reportage sur la visite du Secrétaire Général de l’ONU n’empêchait pas que vous rendiez hommage à cet homme d’Etat et homme de culture mort justement en accueillant l’hôte officiel. Comment pouvez-vous glorifier un étranger au point d’oublier votre sang, votre père, votre terre, votre source de sagesse et de culture ? Que diront de nous les étrangers, le corps diplomatique, sa famille, ses enfants, et tous nos partenaires, en assistant à votre oubli ? La presse privée, fort heureusement, comme en plusieurs autres occasions, a fait le boulot, a porté le deuil, a sonné le rassemblement autour de la mémoire de Ferdinand Léopold OYONO. Quoi que vous fassiez ou disiez après, il sera trop tard, et en professionnel de la communication et du journalisme, vous le savez mieux que quiconque. Vous n’avez aucune excuse madame, même pas celle de l’information arrivée après le bouclage, car le patriarche est tombé en mi-journée. Et puis, nous sommes ici, dans le genre d’événement qui fait changer la Une des journaux, retardé la parution, et activer exceptionnellement les rotatives.
Vous assumez madame devant l’histoire, une très lourde responsabilité, même si d’aventure, vous parveniez à convaincre les camerounais, que vous aviez reçu des ordres.
Nous avons voulu prendre date, et vous renouvelant nos protestations, nous vous assurons néanmoins de l’entièreté de nos sentiments patriotiques, parce que nous sommes justement si profondément éprouvés, parce que nous portons d’abord le deuil./.
© Correspondance : Le Président de la Commission, SHANDA TONME