Cameroun, Justin NJOMATCHOUA ou Claude TCHUIDJANG: La mode des exilés judiciaires
Cameroun, Justin NJOMATCHOUA ou Claude TCHUIDJANG: La mode des exilés judiciaires
Claude Tchuidjang et autres, Justin Njomatchoua, tous les hommes de main de Polycarpe Abah Abah et de Michel Fotso sont en fuite, pour échapper aux foudres de la justice camerounaise. Pour des procès qui ne sont pas encore instruits. Exilés politiques ? Ils sont mille ou cent mille, les Camerounais qui ont fui le pays pour se constituer exilés politiques ou judiciaires en Europe, au Canada ou aux Etats-Unis. Quelques noms illustres s'inscrivent sur les listes. Milla Assouté, l'opposant de l'intérieur, militant réformiste et moderniste du Rdpc. Il menaçait et menace toujours de mettre le feu a la maison, il détient de brûlants dossiers sur les proches collaborateurs de Paul Biya, y compris Foumane Akame, le ministre de la Justice en chef.
Avec lui et loge à la même enseigne, un certain Célestin Bedzigui, le fringuant garçon de la Lékié a vite senti que les gars du Rdpc étaient des mauvais coucheurs. Politiquement et intellectuellement. Il a été voir ailleurs, chez Barack Obama. Il ne reviendra jamais que lorsque Paul Biya sera bien mort, ou mis hors d'état de nuire, comme on dit au Cameroun.
Des intrus dans la corbeille
La liste peut être plus longue encore, mais elle va se compliquer de noms de quidams qui ne sont pas exactement classés opposants, mais qui trouvent le moyen de prendre la poudre d'escampette. On nous annonce depuis le début de la semaine que deux autres braves se sont fait la malle. Claude Tchuidjang, multimillionnaire et homme de main de Michel Fotso. Avec lui, un certain Justin Njomatchoua, un brillant fonctionnaire, secrétaire général du ministère de l'Economie et des Finances sous Polycarpe Abah Abah. Le bonhomme a fait l'essentiel de sa carrière au gouvernement en tant qu'administrateur civil, principal ou senior, il est passé par le cabinet civil de la Présidence de République et par les services du Premier ministre. II était toujours a jour de ses cotisations au Rdpc et se baladait avec sa carte de militant du parti comme un scout. Celui-là, il ne risque pas d'être fiché comme opposant. Mais il a trouvé le moyen de s'exiler. Les deux, Njomatchoua et Tchuidjang, seront les intrus dans la corbeille des exilés politiques. Il faudra leur trouver un autre nom: exilés judiciaires.
Ils ont tous senti passer les vapeurs de l'Epervier de Paul Biya, ils feront comme Ambassa Zang, ils auront l'intelligence de ne pas attendre qu'il soit trop tard.
A Claude Tchuidjang, il est fait le reproche d'avoir été trop longtemps l'homme de main de Michel Fotso, d'avoir servi de prête-nom lorsqu'il fallait organiser des opérations aux milliards depuis le Cameroun, au Tchad ou en Centrafrique par le biais de la SFA du groupe CBC. Le gentil Claude est aussi accablé de s'être pris un peu d'argent de poche de la banque CBC pour arroser la troupe de journalistes qui ne manquaient pas de venir mendier quelques billes pour le weekend. Le gentleman ne sera plus la. Il a abandonné sur place quelques belles villas, et dix belles bécanes, y compris une somptueuse Merco qui lui a valu un non moins somptueux redressement a la douane. Le monde est méchant. On ne s'explique pas qu'un Claude Tchuidjang, qui n'a jamais pu tuer le plus petit moustique soit condamné au sort terrible de l'exil. Les rescapés de la Camair lui votent tous les noms de diable. Il est a peine sorti de l’hôpital qu'il va être condamné à cuver ses convalescences ailleurs que dans son lit.
Le Claude est plus mal loti que le Justin. Quand ce dernier d??arre, il sait que personne ne lui votera des circonstances atténuantes. Et pour cause. Njomatchoua a été secrétaire général du ministère de l'Economie et des Finances pendant tout le temps que Polycarpe Abah Abah était titulaire du portefeuille le plus stratégique de la République. Il ne pouvait pas ne pas être au courant, à défaut d'être le complice actif de toutes les monstruosités organisées par son "patron" de ministre.
Polycarpe Abah est aujourd'hui en prison, sur le fait d'un dossier que les procureurs peinent a remplir. Le dossier, on ne le remplira qu'après audition de témoins capitaux. Et de tous ces témoins dits capitaux, Njomatchoua tient une place de choix. Mais il sent qu'il pourrait passer du rôle de témoin à celui d'acolyte. La liste est longue de tous les crimes économiques perpètres par Abah Abah. II y a eu les tripatouillages sur la loi de finances au sujet de la répartition des centimes additionnels communaux, il y aura aussi le service coquin des crédits TVA ou TCA, il y a eu la sombre histoire de timbres fiscaux ou de vignettes automobiles confectionnés dans l'imprimerie du "patron" dans une imprimerie au quartier, il y a eu tous ces milliards reversés fortuitement un certain Ngamo Hamani, administrateur provisoire de la Camair, il y a aussi l’affaire scabreuse des titres Camtel, etc. La liste est interminable.
Monsieur le ministre ne peut pas avoir organisé tous ces forfaits, sous le nez de Monsieur le secrétaire général qui dit ne rien avoir rien vu passer. Soit le Njomatchoua en question n'avait pas le niveau, soit il était complice. On penche plutôt pour la deuxième hypothèse. Un Secrétaire général qui n'est pas complice et qui voit passer de telles histoires à crever d'une crise d'apoplexie et qui ne dit rien, il est forcément dans le coup. S'il n'était pas dans le coup, il devrait venir plaider l’incompétence. Cela lui vaudra probablement des circonstances atténuantes. Mais les circonstances atténuantes au Cameroun ne vous garantissent rien sous Paul Biya.
Sous le Renouveau popaulien, on peut bien passer cinq ans en prison en attendant que les juges vous déclarent innocent. Même la grand-mère la plus abrutie au village a Mbouda, qui n'a jamais appris a tuer un porc-épic, apprendra a prendre le maquis
© Aurore Plus : FRANCOIS LAMER