Cameroun : Grogne de 12000 opérateurs de l’informel à Yaoundé
Cameroun : Grogne de 12000 opérateurs de l’informel à Yaoundé
Le Programme national d’encadrement et d’appui aux acteurs de développement aurait collecté près de 4 milliards auprès d’eux au titre de leur apport personnel aux financements qu’ils devaient recevoir de ce programme. Un an après, aucun financement n’est effectué. Les faits remontent au mois d’avril 2010, avec la création du Programme national d’encadrement et d’appui aux acteurs de développement (Pnead). Ce programme vise à contribuer à l’amélioration des conditions de vie et d’activités des opérateurs du secteur informel. Le projet à mettre en œuvre est une copie du Piaasi (le Programme intégré d’appui aux acteurs du secteur informel). Le responsable affiché du nouveau programme est d’ailleurs un transfuge du Piaasi d’où il a démissionné pour mettre en place le Pnead.
Le lancement du Programme est fait en grande pompe à l’hôtel Hilton de Yaoundé en présence du Gouverneur de la Région du Centre. Fait remarquable, l’hôtel Hilton est pavoisé des drapeaux du Cameroun et de la France. Les promoteurs indiquent clairement que le programme entre dans le cadre de la coopération décentralisée entre l’Etat camerounais et de nombreux organismes français. Les promoteurs citent Camblanche, le Siad (Service international d’appui au développement, la Chambre de commerce de Bordeaux comme partenaires. Les opérateurs du secteur informel, réunis au sein de l’Association nationale des opérateurs économiques du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté (Anosilp) sont tombés sous le charme d’une telle coopération avec des organismes jugés sérieux.
Pour bénéficier d’un financement du Programme, chaque demandeur doit constituer un dossier et souscrire une adhésion au programme pour des montants allant de 12.000 Fcfa pour les uns et 35.000 Fcfa pour les autres. Ces opérateurs doivent, après ces frais de souscription, verser chacun, un apport personnel allant de 100. 000 Fcfa à 500.000 Fcfa, représentant 10% du montant du financement sollicité. Selon M. Yimga Moussa, le président de Anosilp, c’est environ 12000 opérateurs divers qui ont versé les frais demandés pour un montant global évalué à 4 milliards F Cfa. Mais jusqu’à ce jour, la quasi-totalité des opérateurs du secteur informel n’ont aucune suite à leur dossier.
Les opérateurs pris au piège
« Nous avons été saisis par ces infortunés pour connaître, investiguer et analyser cette situation des plus hypothétiques qui rallongeait le suspens et le stress de nos opérateurs, que nous nous sommes rapprochés des instances du Pid, que des employés mêmes déploraient déjà cette situation qui ne crédibilisait pas leur structure, en même temps que leurs déclarations faisaient état de plusieurs mois d’arriérés de salaires », confie M. Yimga, le président de l’Association nationale des opérateurs économiques du secteur informel pour la lutte contre la pauvreté.
Sur plainte déposée contre le président du comité de gestion, le Révérend Pasteur Paul Ndzana et Fabien Léopold Eyenga, le coordonnateur du programme, les deux gestionnaires du Pid sont interpellés et incarcérés dans les cellules du Sed mais remis en liberté quelques jours plus tard. Depuis lors, une association est née : l’Association des victimes du Pnead-Pid avec comme objectif principal de rétablir ces infortunés dans leurs droits.