Cameroun : Fru Ndi disposé à rencontrer Paul Biya à Bamenda

Cameroun : Fru Ndi disposé à rencontrer Paul Biya à Bamenda

Cameroun : Fru Ndi disposé à rencontrer Paul Biya à BamendaLe leader de l’opposition invite le chef de l‘Etat à dîner à Ntarikon lors de la visite officielle qu’il entame ce jour dans la capitale régionale du Nord-Ouest. Interview. 
John Fru Ndi :« J’invite Paul Biya chez moi pour un dîner »A l’occasion de la célébration du cinquantenaire des forces armées dans la ville de Bamenda, nous avons rencontré le chairman du Sdf qui nous a parlé du bien fondé d’une telle fête dans sa région natale et de ses relations avec le président de la République.

La région du Nord-Ouest s’apprête à accueillir le cinquantenaire de l’armée Camerounaise. Comment Fru Ndi, élite du Nord-Ouest et président national du Social Democratic Front a préparé l’évènement ?

Le président national du Sdf est un Camerounais et cette cérémonie est celle des Camerounais. Nous souhaitons la bienvenue à Bamenda à tous les éléments des forces armées. Le gouverneur de la région de l’Ouest et mon président provincial se sont donnés dans l’organisation en mobilisant les populations à aller recevoir le président Paul Biya qui a fait 22 ans sans plus venir à Bamenda. C’est une mobilisation générale parce qu’on dirait que c’est un chef d’Etat étranger qui vient à Bamenda. Comme je vous l’ai dit, à cause du fait que monsieur Biya a fait 22 ans sans plus venir ici. L’autre côté négatif de cet évènement c’est qu’ils ont essayé de politiser une fête militaire. Ils sont en train de charteriser les militants du Rdpc de partout pour les amener à Bamenda. Il est annoncé 8000 militants du Rdpc en provenance de l’Ouest, environ 5000 du Littoral pour remplir la place des fêtes et montrer que monsieur Biya est très populaire. Si nous voulons avoir ce genre de foules, qu’on l’amène aussi à organiser d’abord des élections transparentes qui n’ont jamais eu lieu depuis 1992.

Est-ce que vous avez été invité à cette célébration ?

Oui, je suis invité et j’y prendrai part comme tout Camerounais. Ce n’est qu’au Cameroun que l’armée est politisée. Que ce soit l’armée ou les services publics, le Sdf dit qu’ils doivent être apolitiques parce que préparés à servir n’importe quel gouvernement. Parce que si le régime change demain, la personne qui va arriver n’ira pas recruter une autre armée ou ses fonctionnaires. Le Sdf réitère que l’armée, les fonctionnaires et les chefs traditionnels doivent rester apolitiques et recevoir tout ce que leurs enfants leur donnent, qu’ils soient du Sdf ou du Rdpc. Mais quand les chefs se déclarent auxiliaires de l’administration, au point d’user de leur position pour intimider les populations à supporter un seul parti politique, je dis que c’est inadmissible. Cela veut dire que si le régime change demain il va aussi changer les chefs.

Qu’est-ce que vous attendez de monsieur Biya à l’occasion de cette célébration du cinquantenaire des forces armées qui l’amène à visiter Bamenda?

Je l’ai déjà dit plusieurs fois. Je n’attends rien de monsieur Biya pour les raisons suivantes. La dernière fois que monsieur Biya est venu ici, cela remonte à 22 ans. Quand il est venu ici, on a fait de lui le fon des fons jusqu’à l’habiller. Je ne l’ai jamais vu avec cet habit nulle part. Il avait déclaré que Bamenda c’est sa deuxième maison. Chaque année il va en Europe 7 à 8 fois. Et quand il y va, il passe plus d’un mois. Quand il vient à Bamenda juste pour passer une nuit, c’est la psychose totale dans la ville. Comme si c’est un chef d’Etat étranger qui venait. Troisièmement, pendant cette occasion, il avait déclaré que Bamenda est sa deuxième maison et promis qu’il devait personnellement superviser la construction de la Ring Road. S’il va venir 22 ans après promettre une fois de plus aux populations de Bamenda la Ring Road, va-t-il encore vivre pendant 22 ans, je ne suis pas Dieu. Qu’on le laisse venir dire aux populations s’il va encore donner la Ring Road ou l’université. Comme je l’ai dit avant, il peut tranquillement partir et surprendre les populations du Nord-Ouest avec la construction de cette route. Quand il avait nommé monsieur Simon Achidi Achu Premier ministre, il avait apporté ici des banderoles avec la mention Ring Road parce que les élections approchaient. Après les élections, tout cela a disparu. Vous ne pouvez pas partir facilement de Ndop à Babessi, Babessi à Nsoh ou Nsoh – Nkambe. Qu’est-ce qu’il vient encore promettre au peuple.

Quand vous comparez la ville de Bamenda d’aujourd’hui à celle d’hier qu’est-ce qui a changé d’après vous ?

Ils sont venus faire un toilettage de la route pour dire qu’ils ont bitumé, parce que monsieur Biya arrive. Est-ce que monsieur Biya a un plan de développement des villes du Cameroun ? Ou bien il attend la fête de l’armée pour venir rénover la ville ? Après cette fête de l’armée, nous allons encore attendre une vingtaine d’années avant qu’il vienne encore à Bamenda faire d’autres réalisations ? Le Sdf dit que nous voulons un plan global de développement des villes du Cameroun et qui sera exécuté de manière progressive, avec un planning annuel. Celui qui n’avait pas encore visité la ville ne peut pas savoir quelles sont les réalités des populations de Bamenda.

Des tracts ont circulé dans la ville, invitant les populations à boycotter la fête du cinquantenaire des armées. Quelle a été votre réaction ?

Qui sont ceux qui ont fait circuler les messages ? Je vous invite à ne plus accuser le Sdf des tracts. Si vous êtes des journalistes qui font bien leur travail, vous constaterez que le Sdf est venu ici avec des documents clairs lancer son parti à l’époque de Joseph Fochivé où personne n’osait ouvrir la bouche dans cette ville. Plus de vingt ans après, vous venez dire au Sdf que moi, Fru Ndi, je lance des tracts. J’accuse ceux qui ont lancé les tracts de vouloir le faire porter par le Sdf. Par ailleurs, qu’est ce que je n’ai pas dit dans ce pays ? Je suis le seul qui s’est fâché et a ouvert la bouche pour le dire aux Camerounais. Si j’ai lancé un parti en 1990 quand personne ne pouvait parler dans ce pays à cause de Joseph Fochivé, ce n’est pas aujourd’hui que je peux rédiger des tracts. Ils sont écrits par des gens comme vous, par les militaires, pour charger le Sdf. Parce qu’ils se disent que le Scnc est installé dans le Nord-Ouest ici. J’ai dit à monsieur Biya que les membres du Scnc ont le droit de s’exprimer comme ils le font. S’il ne s’ouvre pas au dialogue et pousse les populations à écrire des tracts pour qu’on vienne après demander à John Fru Ndi, que ce soit la dernière fois que vous me posez encore des questions au sujet de ces tracts.

Est-ce que vous avez sollicité une rencontre avec le président Biya pendant son séjour à Bamenda ?

Je n’ai pas négocié une autre audience. J’avais écrit à monsieur Biya avant pour lui dire que je veux le rencontrer pour qu’on discute des problèmes du Cameroun. Il ne m’a jamais répondu. C’était quand j’ai vu les tensions qui ont éclatées en 2008. J’ai encore écrit depuis juillet 2010, quand j’ai appris qu’il venait à Bamenda, pour lui demander la suite réservée à cette lettre. Même s’il n’a pas répondu à ma lettre d’audience, je l’invite chez moi pour un dîner. S’il vient c’est bien ; s’il me reçoit, c’est encore bien.  S’il ne me reçoit pas, ça fera une vingtaine d’années que nous ne nous sommes jamais rencontrés face à face. Si nous nous voyons demain (ce mercredi, Ndlr), ce sera la première fois qu’on se voit  après plus de vingt ans. Avant d’être journaliste vous êtes d’abord des Camerounais. Si je vois monsieur Biya demain, ce sera pour la première fois. Ce qui veut dire que vous avez quelqu’un qui bloque le dialogue, il ne parle pas à la vraie opposition. Quand vous êtes dans l’opposition il vous amène au gouvernement. Quand vous voyez les membres de l’opposition qui travaillent avec le gouvernement et veulent le supporter aux élections, ils prennent les écharpes du Rdpc et portent à leur cou, sous les couleurs de leur propre parti en disant je suis de ce parti mais je supporte monsieur Biya. Quand vous portez l’écharpe du Rdpc pour parler de monsieur Biya, cela veut dire que vous n’êtes plus de votre propre parti.

Quel message avez-vous préparé pour celui qui depuis plus de vingt ans est votre principal adversaire politique ?

Si monsieur Biya m’invite pour une audience, je lui donnerai un message. Et quand je l’aurai fait, je le communiquerai à la presse.

© La Nouvelle Expression : David Nouwou et Blaise Nzupiap depuis Bamenda


08/12/2010
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