Cameroun-France: De Mitterrand à Hollande, la coopération entre amour et désamour - Le chef d’Etat camerounais peut-il provoquer le dégel ?
DOUALA - 28 JAN. 2013
© Edouard Kingue | Le Messager
Biya réussira t-il à dégeler ces connexions plombées par l’affaire M.T. Atangana, une gouvernance décriée, l’état déplorable des droits de l’homme, mais aussi par la trop grande longévité au pouvoir du président camerounais ?
De Mitterrand à Hollande, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des relations franco-camerounaises qui, entre amour et désamour, ne sont pas au beau fixe. Fini l’époque chiraquienne et les rapports paternalistes. Sarkozy avait donné le ton, Hollande semble suivre la voie. Biya réussira t-il à dégeler ces connexions plombées par l’affaire M.T. Atangana, une gouvernance décriée, l’état déplorable des droits de l’homme, mais aussi par la trop grande longévité au pouvoir du président camerounais ?
La visite de travail du président Biya en France qui commence ce mardi est avant tout économique et sera marquée par un forum sur le partenariat France-Cameroun le 31 janvier 2013. L’adjudication du marché du 2e pont sur le Wouri n’est pas étrangère à ce déclenchement diplomatique. La rencontre Paul Biya-François Hollande a été obtenue presqu’au forceps. Le président camerounais a du montrer patte blanche sur certains dossiers pour obtenir son ticket. Entre autres, l’affaire «Michel-Thierry Atangana et la légalisation de l’homosexualité au Cameroun», selon l’ambassadeur français Bruno Gain. Cette 2è entrevue entre les deux dirigeants après la brève rencontre de Kinshasa est–elle porteuse d’espoir pour le dirigeant camerounais ? Si le cas du prisonnier Michel Thierry Atangana, jugé, condamné, ayant purgé sa peine, retenu dans les liens de la détentions contre toute évidence, devrait connaître une évolution satisfaisante, le président camerounais, suivant en cela son opinion publique, lâchera difficilement du lest sur le dossier très controversé de la légalisation de l’homosexualité que les Camerounais abhorrent dans leur immense majorité.
Cette visite camerounaise marque-t-elle le début de la normalisation diplomatique entre la France et le Cameroun ? Rien n’est moins sûr. Si le président camerounais s’est souvent rendu en France sous l’ère Sarkozy, ce dernier a toujours superbement ignoré la destination Cameroun. La rencontre Biya-Hollande pourra-t-elle dégeler les rapports politiques franco-camerounais ? Les relations entre le président François Mitterrand et le président Paul Biya étaient excellentes. François Mitterrand a été très utile dans la transition qui s’est passée en 1982. Pendant cette période où le président Mitterrand qui a séjourné au Cameroun était au pouvoir, le président camerounais a effectué plusieurs visites en France. Jacques Chirac et Paul Biya sont de la même génération. Ils ont pratiquement le même âge. Ils se sont très bien entendus. On se souvient qu’au cours d’une visite du président Chirac au Cameroun, la mort du souverain chérifien est survenue. Il a interrompu sa visite camerounaise, est parti avec le président Paul Biya assister aux obsèques de Hassan II. Et il est ensuite revenu au Cameroun achever la visite qu’il avait entamée. Durant son séjour, il ne s’est pas arrêté seulement à Yaoundé. Il est allé à l’intérieur du pays, à Garoua notamment. Cela traduit bien que le président Biya et le président Chirac s’entendaient parfaitement.
Le président Biya était très à l’aise avec son homologue français. Ils se sont d’ailleurs connus bien avant que l’un et l’autre ne deviennent présidents. Le président Chirac a effectué plusieurs voyages au Cameroun, de même que le président Biya en France durant cette époque. Sarkozy par contre n’a pas eu de bons rapports avec Biya. On peut dire sans se tromper que l’ère Sarkozy a été une période de désamour avec le dirigeant camerounais. Au moment où Nicolas Sarkozy accédait au pouvoir en France, ses déclarations n’étaient pas pour rassurer les chefs d’Etats africains, y compris Paul Biya. Il avait notamment dénoncé ces chefs d’Etat africains qui s’accrochent au pouvoir sans les nommer. Mais on voyait bien que parmi les mis en cause se trouvait le président camerounais dont la longévité au pouvoir commence à faire tache. Malgré l’invitation du président Paul Biya, Sarkozy n’est pas venu au Cameroun…Il avait préféré envoyer son Premier ministre.
Dans une interview accordée au quotidien Le Messager, édition du mercredi 25 avril 2012, l'Ambassadeur de France au Cameroun Bruno Gain déclarait: «si le président Sarkozy n'a pas été en mesure d'effectuer une visite à Yaoundé comme il l'aurait souhaité, c'est parce que son agenda et l'actualité internationale ne le lui ont pas permis. Tout simplement.» Hollande sera-t-il plus accommodant? La balle est dans le camp de…Biya qui devra déployer tout son charme pour faire oublier quelques unes de ses ‘postures’parvenues aux oreilles du chef de l’Etat français, qui ne sont pas de nature à plaire au président socialiste : l’exigence de bonne gouvernance, la longévité au pouvoir, Elecam, les droits de l’Homme, l’option économique du ‘tout chinois’ etc.
© Edouard Kingue | Le Messager
Biya réussira t-il à dégeler ces connexions plombées par l’affaire M.T. Atangana, une gouvernance décriée, l’état déplorable des droits de l’homme, mais aussi par la trop grande longévité au pouvoir du président camerounais ?
De Mitterrand à Hollande, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des relations franco-camerounaises qui, entre amour et désamour, ne sont pas au beau fixe. Fini l’époque chiraquienne et les rapports paternalistes. Sarkozy avait donné le ton, Hollande semble suivre la voie. Biya réussira t-il à dégeler ces connexions plombées par l’affaire M.T. Atangana, une gouvernance décriée, l’état déplorable des droits de l’homme, mais aussi par la trop grande longévité au pouvoir du président camerounais ?
La visite de travail du président Biya en France qui commence ce mardi est avant tout économique et sera marquée par un forum sur le partenariat France-Cameroun le 31 janvier 2013. L’adjudication du marché du 2e pont sur le Wouri n’est pas étrangère à ce déclenchement diplomatique. La rencontre Paul Biya-François Hollande a été obtenue presqu’au forceps. Le président camerounais a du montrer patte blanche sur certains dossiers pour obtenir son ticket. Entre autres, l’affaire «Michel-Thierry Atangana et la légalisation de l’homosexualité au Cameroun», selon l’ambassadeur français Bruno Gain. Cette 2è entrevue entre les deux dirigeants après la brève rencontre de Kinshasa est–elle porteuse d’espoir pour le dirigeant camerounais ? Si le cas du prisonnier Michel Thierry Atangana, jugé, condamné, ayant purgé sa peine, retenu dans les liens de la détentions contre toute évidence, devrait connaître une évolution satisfaisante, le président camerounais, suivant en cela son opinion publique, lâchera difficilement du lest sur le dossier très controversé de la légalisation de l’homosexualité que les Camerounais abhorrent dans leur immense majorité.
Cette visite camerounaise marque-t-elle le début de la normalisation diplomatique entre la France et le Cameroun ? Rien n’est moins sûr. Si le président camerounais s’est souvent rendu en France sous l’ère Sarkozy, ce dernier a toujours superbement ignoré la destination Cameroun. La rencontre Biya-Hollande pourra-t-elle dégeler les rapports politiques franco-camerounais ? Les relations entre le président François Mitterrand et le président Paul Biya étaient excellentes. François Mitterrand a été très utile dans la transition qui s’est passée en 1982. Pendant cette période où le président Mitterrand qui a séjourné au Cameroun était au pouvoir, le président camerounais a effectué plusieurs visites en France. Jacques Chirac et Paul Biya sont de la même génération. Ils ont pratiquement le même âge. Ils se sont très bien entendus. On se souvient qu’au cours d’une visite du président Chirac au Cameroun, la mort du souverain chérifien est survenue. Il a interrompu sa visite camerounaise, est parti avec le président Paul Biya assister aux obsèques de Hassan II. Et il est ensuite revenu au Cameroun achever la visite qu’il avait entamée. Durant son séjour, il ne s’est pas arrêté seulement à Yaoundé. Il est allé à l’intérieur du pays, à Garoua notamment. Cela traduit bien que le président Biya et le président Chirac s’entendaient parfaitement.
Le président Biya était très à l’aise avec son homologue français. Ils se sont d’ailleurs connus bien avant que l’un et l’autre ne deviennent présidents. Le président Chirac a effectué plusieurs voyages au Cameroun, de même que le président Biya en France durant cette époque. Sarkozy par contre n’a pas eu de bons rapports avec Biya. On peut dire sans se tromper que l’ère Sarkozy a été une période de désamour avec le dirigeant camerounais. Au moment où Nicolas Sarkozy accédait au pouvoir en France, ses déclarations n’étaient pas pour rassurer les chefs d’Etats africains, y compris Paul Biya. Il avait notamment dénoncé ces chefs d’Etat africains qui s’accrochent au pouvoir sans les nommer. Mais on voyait bien que parmi les mis en cause se trouvait le président camerounais dont la longévité au pouvoir commence à faire tache. Malgré l’invitation du président Paul Biya, Sarkozy n’est pas venu au Cameroun…Il avait préféré envoyer son Premier ministre.
Dans une interview accordée au quotidien Le Messager, édition du mercredi 25 avril 2012, l'Ambassadeur de France au Cameroun Bruno Gain déclarait: «si le président Sarkozy n'a pas été en mesure d'effectuer une visite à Yaoundé comme il l'aurait souhaité, c'est parce que son agenda et l'actualité internationale ne le lui ont pas permis. Tout simplement.» Hollande sera-t-il plus accommodant? La balle est dans le camp de…Biya qui devra déployer tout son charme pour faire oublier quelques unes de ses ‘postures’parvenues aux oreilles du chef de l’Etat français, qui ne sont pas de nature à plaire au président socialiste : l’exigence de bonne gouvernance, la longévité au pouvoir, Elecam, les droits de l’Homme, l’option économique du ‘tout chinois’ etc.