Cameroun, Flash back sur les prisonniers qui dérangent le pouvoir en place (Suite): QUI EST MICHEL THIERRY ATANGANA?

Cameroun, Flash back sur les prisonniers qui dérangent le pouvoir en place (Suite): QUI EST MICHEL THIERRY ATANGANA?

Michel Thierry Atangana:Camer.beMichel Thierry Atangana est un français d’origine camerounaise. Financier de formation, il travaillait dans un grand groupe privé en France comme cadre financier. Puis, il est coopté dans une commission dans le cadre de la restructuration du secteur routier en Europe. C’est dans le cadre de cette affaire qu’il rencontre le groupe JEAN LEFEBVRE en activité dans le secteur routier au Cameroun.Grâce à ses performances, il se voit confier la restructuration de la dette de certaines multinationales telles : NESTLE, PHILLIPS…dont les créances étaient en souffrances dans certains pays africains dont le Cameroun. Il a pour mission d’éviter  la détérioration des actifs financiers de ces entreprises qui étaient de l’ordre de 40 milliards FCFA  en ce qui concerne le Cameroun.
 
En séjour à PARIS, Paul Biya qui souhaite relancer les infrastructures routières au Cameroun est mis en contact avec le groupe LEFEBVRE.

A l’issue des discussions entre les deux parties, le groupe LEFEBVRE accepte de s’engager dans le projet de relance des infrastructures routières au Cameroun, et propose donc Thierry Michel Atangana pour conduire ce projet de restructuration comme il l’a fait en Europe.

II-CREATION DU CO.PI.SUR

Par arrêté n° 142 CAB/PR du 08 juillet 1994 portant création d’un Comité de Pilotage et de Suivi des Projets de Construction des axes Routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua, le Président de la République a créé le Comité avec pour mission précises : La conception générale des projets et la coordination des études y afférents ; La recherche et la sélection des entreprises susceptibles de participer à l’exécution des projets ; La mobilisation et la définition du planning de mise en disposition des ressources nécessaires ; La coordination et le suivi des travaux d’exécution.
Connaissant le parcours et les performances déjà réalisées par Michel Thierry Atangana, Paul Biya le porte donc à la tête de ce comité en lieu et place de DIEUDONNE AMBASSA ZANG proposé par JOSEPH OWONA alors Secrétaire général de la présidence de l’époque.
Il (Michel Thierry Atangana) est aussi nommé bien après : Chargé de missions à la présidence de la république.
Suite aux difficultés rencontrées dans le fonctionnement du COPISUR, à causes des lenteurs du gouvernement Camerounais, les deux principaux responsables :

-MICHEL THIERRY ATANGANA : Président du COPISUR Et DIEUDONNE AMBASSA ZANG : Vice-président  du COPISUR Adressent ce courrier au secrétaire général de la présidence de la république :

DOCUMENT 1: NOTE DE  DIEUDONNE  AMBASSA ZANG  ET MICHEL .THIERRY.ATANGANA  AU S.G.P.R LE 16 JANVIER 1995

L’attention de la haute hiérarchie est appelée sur les difficultés auxquelles sont confrontés COPISUPR, ELF-AQUITAINE, le G.P.P. et le Groupe LA LYONNAISE DES EAUX, lesquelles ne leur permettent pas de remplir les missions ayant motivé la création du COMITE DE PILOTAGE. A titre de rappel, la double mission essentielle du COPISUPR est : D’une part et en liaison avec les Administrations compétentes de réaliser la construction des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua ; D’autre part de mobiliser toutes ressources nécessaires au financement des travaux de construction des axes routiers sus- rappelés. Ces difficultés sont non le fait COPISUPR qui est opérationnel depuis juillet 1994, date de sa création par Arrêté n° 142/CAB/PR, mais plutôt le fait GOVERCAM qui, depuis lors, n’a toujours pas signé le décret portant création du Fonds d’Investissement Routier (FIR) destiné à recevoir la quote-part des recettes fiscales et autres redevances des sociétés pétrolières affectées directement à cette importante opération d’investissement, en liaison avec le G.P.P. Ces difficultés se sont accrues ces derniers temps en raison du non reversement par SNH au COPISUPR, pour des motifs non élucidés, US Dollars 120 millions constituant des fonds issus de l’opération de prépaiement ELF/SNH objet du décret n° 94/237 du 23/12/ 1994 ; alors même que ELF a réalisé cette opération pour le seul motif que les fonds allaient être affectés, à titre de dotation initiale, au COPISUPR pour lui permettre de passer à la phase d’exécution des travaux d’infrastructures routières rentables, et ainsi obtenir une ligne de financement de 100 milliards de CFA négociée avec la BNP et les entreprises Jean LEFEBVRE, DUMEZ, GTM, société formant le Groupe LA LYONNAISE DES EAUX. Les conséquences d’une telle situation sont à la fois multiples et catastrophiques. De manière plus significative, il y a lieu de relever que le COPISUPR est aujourd’hui paralysé car ne pouvant faire face à aucun engagement financier relatif, soit à son fonctionnement, soit à la réalisation de sa mission, bien que n’ayant disposé d’une ligne de CFA 1,5 milliards financés par le Groupe LA LYONNAISE DES EAUX. Les entreprises impliquées dans l’exécution des projets de construction des axes routiers précités, faute de paiement par le COPISUPR des prestations de services déjà réalisées, ont exprimé leur défiance en adressant des lettres de mise en demeure ferme à l’Etat du Cameroun, démarche préalable à la saisine imminente des Tribunaux internationaux compétents. Les réclamations desdites entreprises portent sur plus de CFA 9 milliards. Il serait particulièrement indiqué que la haute hiérarchie prenne rapidement une décision définitive, soit dans le sens de la poursuite du projet, soit dans le sens de l’arrêt dudit projet de manière à mettre un terme aux tergiversations et à l’impasse actuelle. A l’analyse, une décision du rejet n’est pas convenable pour des raisons diverses dont ci-après les plus importantes :

Sur les plans politique et social : l’investissement a été promis aux populations par le Chef de l’Etat, et confirmé par la création du COPISUPR, mieux le V/PM/MINUH a, depuis octobre 1994, pris des actes déclarant les zones concernées d‘utilité publique, ce qui a justifié la descente sur le terrain des experts pour les questions d’indemnisation des populations. Comment expliquer aujourd’hui aux populations la non-réalisation desdites infrastructures ? Le coût politique d’unetelle décision ne pourrait être que catastrophique à la lumière des échéances politiques et électorales majeures annoncées par le Chef de l’Etat. Sur la crédibilité de notre pays sur le plan international : la lettre n° B53/SG/PR du 28/3/94 du SG/PR Monsieur Joseph OWONA à Jean LEFEBVRE, notifiant l’accord exceptionnel sur ordre du Chef de l’Etat pour la réalisation des axes Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua. Sur cette base des engagements ont été pris auprès des fournisseurs et autres sous-traitants. L’arrêt ne pourrait se traduire que par des poursuites judiciaires contre le Cameroun pour la préservation par les entreprises de leurs intérêts majeurs. Consulté, Me Bendel du Grand Cabinet BREDIN et PRAT, Avocat à Paris, a fait savoir par lettre au Chef de l’Etat que, en pareil cas, les réclamations des sociétés seraient fondées et les Groupes LA LYONNAISE DES EAUX et ELF-AQUITAINE se constitueraient contre le Cameroun, relayés au préalable par une campagne de presse auprès des grands médias. Sur le plan des relations avec les sociétés pétrolières notamment ELF : ELF estime aujourd’hui avoir été flouée par Govercam en raison de non reversement des fonds issus du prépaiement à COPISUR. A titre de sanction, elle entend arrêter notamment l’exploration production au Cameroun de nouveaux champs pétroliers en cours de négociation. Sur le plan économique : les routes Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua devraient pouvoir permettre la valorisation des richesses nationales desdites localités. Par ailleurs, ces routes sont des infrastructures annexes et indispensables pour le port en eau profonde de Kribi (en projet) et le pipeline Tchad-Cameroun. L’arrêt pourrait s’avérer suicidaire sur la plan économique, au regard de l’avenir et du développement réel de la Nation et des équilibres sociaux. Aussi, compte tenu de tout ce qui précède, recommandons-nous la poursuite des projets routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua, poursuite dont les corollaires seraient : La signature du décret portant création du Fonds d’Investissement Routier (FIR), la mise à disposition par SNH au profit de COPISUR des fonds issus de l’opération de prépaiement ELF/SNH.

Hautes instructions attendues.

Michel Thierry ATANGANA AMBASSA ZANG Dieudonné

Pourtant le 20 septembre 1997, le même DIEUDONNE AMBASSA ZANG, adresse cette autre  correspondance au nouveau secrétaire général de la présidence de la république (AMADOU ALI) :

DOCUMENT 2: NOTE A L’ATTENTION DE SON EXCELLENCE LE SECRETAIRE Général DE LA PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE (AMADOU ALI) LE 27 SEPTEMBRE 1997

Au moment où vous prenez en charge le Secrétariat Général de la Présidence de la République, il est opportun pour vous de prendre la bonne mesure de certains aspects du fonctionnement des structures sous votre tutelle et notamment du Comité de Pilotage et de Suivi des Projets Routiers.

LES OBJECTIFS ET RESULTATS DU COMITE DE PILOTAGE ET DE SUIVI DES PROJETS ROUTIERS.

Par arrêté n° 142 CAB/PR du 08 juillet 1994 portant création d’un Comité de Pilotage et de Suivi des Projets de Construction des axes Routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua, le Président de la République a créé le Comité avec pour mission précises : La conception générale des projets et la coordination des études y afférents ; La recherche et la sélection des entreprises susceptibles de participer à l’exécution des projets ; La mobilisation et la définition du planning de mise en disposition des ressources nécessaires ; La coordination et le suivi des travaux d’exécution. De ces objectifs précis, ce comité n’a pu en atteindre aucun à cause d’un management à l’emporte pièce et ce, malgré d’énormes moyens financiers et humains mis en œuvre. Du point de vue technique, les études n’ont jamais été achevées alors qu’elles ne demandaient que de mises à jour. Sur le plan financier, les entreprises participantes, qu’elles soient camerounaises ou étrangères (notamment allemandes), sont débitrices de plus de 700 000.000 F CFA (sept cent millions de Francs CFA). Ces travaux n’ont jamais eu un commencement d’exécution ; et c’est pas tout. A leur corps défendant, des banques et sociétés camerounaises (BICIC) sont débitrices de plusieurs centaines de millions (BICIC environ 600 millions) et l’énumération est longue. L’Etat se trouve ainsi crédité de plusieurs milliards de dette extérieure sans que les finances publiques n’exercent le moindre contrôle de cette structure. Ces conventions de financement et des décaissements extérieurs ont ainsi été opérés sans le contrôle et la garantie de l’Etat.

Sur le plan humain, on a assisté à un drame qui touche encore aujourd’hui une certaine élite de jeunes cadres hautement compétents qui se retrouvent soit en congé sans solde depuis des mois, soit licenciés pour des raisons obscures. A l’heure actuelle, seuls les employés hautement cooptés (moins de 10) sont en place et sans solde.

II – PROPOSITION

Au vu de cette situation, il est urgent Excellence, de tirer un certain nombre de conclusion et d’enseignements : Procéder à l’examen du financement et du fonctionnement du Comité, liquider l’actif et le passif de cette structure, le Secrétariat général a besoin d’une expertise en son sein pour des avis et le suivi des dossiers techniques relatifs notamment aux voiries du port, le dragage du chenal, les routes, les infrastructures etc. Il existe un besoin réel du suivi de ces dossiers. Ces dossiers hautement politiques sont régulièrement portés à l’appréciation de la Présidence de la République. Il faut des experts (chargés des missions ou attachés) au secrétariat général. Le pouvoir politique a besoin d’un instrument de financement et de suivi de projets propres à sa vision et aux sollicitations des populations. Le Comité aurait pu remplir ce rôle mais, tel n’est pas le cas. Il faut redéfinir et recadrer cet instrument dans le souci de légèreté et d’efficacité. Excellence, il va de soit qu’il y a à dire sur la gestion et le fonctionnement de ce qui est le Comité et ce qui aurait dû être le Comité notamment : Les conventions de financement, les exigences du financement, la réglementation, les exigences techniques etc.… Bref, au cours du temps, la situation s’est tellement détériorée que le comité s’est largement détourné de ses objectifs premiers pour devenir organe incontrôlable chargé d’engranger des commissions sur les privatisations. Les dossiers INTELCAM et SDCA sont les preuves. De ce fait, il se dégage du comité une ambition d’hégémonie sur le secteur des privatisations et des travaux publics qui échappent totalement au MINFI ou au MINTP. Les organismes internationaux tels que le F.M.I. ou B.M ont d’ailleurs plusieurs fois émis des sérieuses réserves à son existence. Les heurts avec toutes ces administrations ont été quotidiennes et firent l’objet d’une littérature prolifique. Tout a fonctionné dans un imbroglio organisé minutieusement dès la source. Le financement était tellement obscur que tour à tour des multinationales du BTP, des sociétés pétrolières installées au Cameroun, des sociétés d’Etat ont été sollicitées et mises à contribution avec plus ou moins de succès.

 
Le 12 mai 1997, MICHEL THIERRY ATANGANA  est arrêté à YAOUNDE et condamné à 15 ans d’emprisonnement pour détournement de deniers publics dans l’affaire du comité de  pilotage et de suivi des projets de construction des axes routiers YAOUNDE-KRIBI et BERTOUA-AYOS.
 

 

© Camer.be : La rédaction avec la collaboration de CCL Libération


11/01/2012
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