Cameroun: Etoundi Oyono, DG de la Maetur, accusé d’indélicatesse
YAOUNDE - 20 MARS 2012
© Boris Bertolt | Mutations
200 millions FCfa, provenant de 12 personnes, étaient destinés à l’acquisition d’un terrain à Mendong.
Ceux qui ont au moins 25 ans et ont habité les quartiers de Biyem Assi, Etoug-Ebé, Mendong et Simbock, à Yaoundé, ne peuvent ne pas se rappeler de Wembley. Ce stade poussiéreux, situé à proximité du marché de Mendong et jouxtant le camp Sic, s’est bâti une renommée à travers des championnats de football de vacances. Il fait aujourd’hui l’objet d’un contentieux entre la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux (Maetur) et un groupe de 12 hommes d’affaires camerounais.
Baptisé par la Maetur «Mendong promo» et évalué à plus de 5000m2, ce terrain a été vendu le 25 octobre 2010 par la Mission pour un montant de près d’un milliard de francs Cfa.Les prix du mètre carré oscillaient entre 15 000 et 40000 Fcfa en fonction de l’acheteur. Cependant, plus d’un an et demi après le versement de cette somme, aucun certificat d’attribution n’a été délivré, encore moins de titre foncier. Le contrat de vente, lui, sera délivré plusieurs mois après le versement de l’argent. Mais des travaux sont déjà engagés sur le terrain.
Entre-temps, un titre foncier, signé du conservateur Yvette Kimaka, est délivré le 08 février 2011 à Mme Douala Mouteng, retraitée et ancien cadre au Contrôle supérieur de l’Etat. Il concerne une «parcelle de terrain domanial sise à Yaoundé, au lieu dit Etoug-Ebé, d’une superficie de 5924m2, prélevée sur le domaine privé de l’Etat issu de l’expropriation du titre foncier n°10102/Mfoundi». Ce qui correspond géographiquement au terrain querellé.
Empiétement
A la Maetur, on estime ne pas avoir été informé de l’existence d’un titre foncier sur cette parcelle. D’après le directeur commercial de l’entreprise parapublique, «c’est une autorité supérieure qui a décidé d’affecter le terrain à Douala Mouteng et, au moment de ladite affectation, le terrain appartenait à la Maetur». Des propos déjà relayés la semaine dernière par Emmanuel Etoundi Oyono, le directeur général de la Maetur, au cours d’une rencontre avec les 12 acheteurs. Faux ! rétorque une source à la Maetur ayant requis l’anonymat. D’après elle, «il s’agit d’un trafic de terrain orchestré de l’intérieur. Tout le monde savait que ce terrain n’était plus celui de la Maetur». Dans le cadre de la construction du camp Sic de Mendong, explique ce cadre, l’Etat avait empiété sur le terrain de Mme Douala Mouteng acquis dans les années 50. Celle-ci a porté plainte en 1982 contre l’Etat du Cameroun-Maetur et l’entreprise Reynolds Construction. Elle a finalement obtenu gain de cause.
En 2000, c’est André Mama Fouda, à l’époque, Dg de la Maetur, qui a négocié un arrangement à l’amiable. Il avait alors demandé au ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat d’octroyer dans un premier temps ce terrain de 5924m2, sur près de 9000m2 attendus ainsi qu’une somme de 1,5 million de compensation financière. En retour, Douala Mouteng renonçait à toute poursuite judiciaire. D’ailleurs, dans une correspondance à elle adressée, l’ancien directeur général de la Maetur soulignait : «Je ne saurais vous donner une main levée sur un terrain qui ne m’appartient pas.» En clair, il reconnaissait que son entité n’avait pas de droit de propriété sur ce terrain que son successeur, M. Etoundi Oyono, mettra pourtant en vente en 2010.
Sur ce conflit, Mme Douala Mouteng, contacté par Mutations, s’est refusée à tout commentaire, demandant plutôt au curieux de se référer à son avocat. Joint au téléphone, l’un des acheteurs du terrain de Mendong dénonce une «escroquerie» : «Nous avons été floués. Pourtant, l’une des missions de la Maetur est de vendre des terrains sûrs. Finalement, on aura confiance en qui ?» A la Maetur, on envisage sérieusement le remboursement des sommes encaissées. Les hommes d’affaires, eux, étudient sérieusement l’hypothèse d’une action judiciaire contre l’Etat du Cameroun, représentée par la Maetur.
© Boris Bertolt | Mutations
200 millions FCfa, provenant de 12 personnes, étaient destinés à l’acquisition d’un terrain à Mendong.
Ceux qui ont au moins 25 ans et ont habité les quartiers de Biyem Assi, Etoug-Ebé, Mendong et Simbock, à Yaoundé, ne peuvent ne pas se rappeler de Wembley. Ce stade poussiéreux, situé à proximité du marché de Mendong et jouxtant le camp Sic, s’est bâti une renommée à travers des championnats de football de vacances. Il fait aujourd’hui l’objet d’un contentieux entre la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux (Maetur) et un groupe de 12 hommes d’affaires camerounais.
Baptisé par la Maetur «Mendong promo» et évalué à plus de 5000m2, ce terrain a été vendu le 25 octobre 2010 par la Mission pour un montant de près d’un milliard de francs Cfa.Les prix du mètre carré oscillaient entre 15 000 et 40000 Fcfa en fonction de l’acheteur. Cependant, plus d’un an et demi après le versement de cette somme, aucun certificat d’attribution n’a été délivré, encore moins de titre foncier. Le contrat de vente, lui, sera délivré plusieurs mois après le versement de l’argent. Mais des travaux sont déjà engagés sur le terrain.
Entre-temps, un titre foncier, signé du conservateur Yvette Kimaka, est délivré le 08 février 2011 à Mme Douala Mouteng, retraitée et ancien cadre au Contrôle supérieur de l’Etat. Il concerne une «parcelle de terrain domanial sise à Yaoundé, au lieu dit Etoug-Ebé, d’une superficie de 5924m2, prélevée sur le domaine privé de l’Etat issu de l’expropriation du titre foncier n°10102/Mfoundi». Ce qui correspond géographiquement au terrain querellé.
Empiétement
A la Maetur, on estime ne pas avoir été informé de l’existence d’un titre foncier sur cette parcelle. D’après le directeur commercial de l’entreprise parapublique, «c’est une autorité supérieure qui a décidé d’affecter le terrain à Douala Mouteng et, au moment de ladite affectation, le terrain appartenait à la Maetur». Des propos déjà relayés la semaine dernière par Emmanuel Etoundi Oyono, le directeur général de la Maetur, au cours d’une rencontre avec les 12 acheteurs. Faux ! rétorque une source à la Maetur ayant requis l’anonymat. D’après elle, «il s’agit d’un trafic de terrain orchestré de l’intérieur. Tout le monde savait que ce terrain n’était plus celui de la Maetur». Dans le cadre de la construction du camp Sic de Mendong, explique ce cadre, l’Etat avait empiété sur le terrain de Mme Douala Mouteng acquis dans les années 50. Celle-ci a porté plainte en 1982 contre l’Etat du Cameroun-Maetur et l’entreprise Reynolds Construction. Elle a finalement obtenu gain de cause.
En 2000, c’est André Mama Fouda, à l’époque, Dg de la Maetur, qui a négocié un arrangement à l’amiable. Il avait alors demandé au ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat d’octroyer dans un premier temps ce terrain de 5924m2, sur près de 9000m2 attendus ainsi qu’une somme de 1,5 million de compensation financière. En retour, Douala Mouteng renonçait à toute poursuite judiciaire. D’ailleurs, dans une correspondance à elle adressée, l’ancien directeur général de la Maetur soulignait : «Je ne saurais vous donner une main levée sur un terrain qui ne m’appartient pas.» En clair, il reconnaissait que son entité n’avait pas de droit de propriété sur ce terrain que son successeur, M. Etoundi Oyono, mettra pourtant en vente en 2010.
Sur ce conflit, Mme Douala Mouteng, contacté par Mutations, s’est refusée à tout commentaire, demandant plutôt au curieux de se référer à son avocat. Joint au téléphone, l’un des acheteurs du terrain de Mendong dénonce une «escroquerie» : «Nous avons été floués. Pourtant, l’une des missions de la Maetur est de vendre des terrains sûrs. Finalement, on aura confiance en qui ?» A la Maetur, on envisage sérieusement le remboursement des sommes encaissées. Les hommes d’affaires, eux, étudient sérieusement l’hypothèse d’une action judiciaire contre l’Etat du Cameroun, représentée par la Maetur.