Cameroun: Et demain 2011…
Depuis le retour au multipartisme, après chaque défaite de l'opposition camerounaise, c'est le temps de l'incantation dans les partis et ses principaux leaders psalmodient "Biya must go", autant pour effacer leurs erreurs passées que pour se protéger d'un avenir qu'ils ne parviennent plus à préparer. Les fautes et les insuffisances de l'opposition camerounaise sont pourtant d'autant mieux connues qu'elles sont collectives : les divisions jusqu'à l'absurde, la confrontation permanente des ambitions, les postures individuelles qui empêchent les positions communes et, partant, le manque de travail, d'imagination et de courage pour renouveler leur vision du monde et leurs propositions.
Seule une terrible surdité pourrait empêcher l'opposition camerounaise d'entendre le message des élections organisées au Cameroun depuis 1990. Les comportements ses leaders ont finit par exaspérer les Camerounais qui exigent de savoir de quel projet nouveau et enthousiasmant les forces du changement sont porteuses.
Nombre d'animateurs de l'opposition sont trop liés par un unique point commun, l'ambition présidentielle que chacun, se croit fondé à nourrir. Ces présidentiables, ou qui se croient tels, concentrent leur énergie dans la recherche d'un outil qui les départagera dans leur course sans fin. Le seul débat pour eux est celui de savoir si le président Paul Biya anticipera l'élection présidentielle.
D'autres ergotent sur la succession de Paul Biya. En réalité, ce que révèle cette posture, ce sont les faiblesses de l'opposition, et non le début de la rénovation : la paresse intellectuelle, la mauvaise imitation de ce qui se fait ailleurs, l'égocentrisme et le goût destructeur pour les affrontements de personnes. Plutôt que d'entendre le message des Camerounais, l'opposition va-telle une nouvelle fois se lancer dans la compétition entre les ego ? Les partis de l'opposition ont besoin de trouver une vision. L'opposition doit reconstruire sa crédibilité collective, d'ici à 2011, étape après étape : chaque Camerounais doit avoir une idée claire de ce qu'elle veut et peut changer dans sa vie, et dans la société.
Pas de sursaut sans lucidité. Les couches populaires, les classes moyennes dans la galère, les jeunes et les retraités précarisés sont découragés, consternés, par l'incapacité de l'opposition à se rassembler et à proposer. Certains font encore confiance à l'opposition. La plupart s'abstiennent. D'autres préfèrent un Rdpc qui donne, propagande à l'appui, l'impression de faire ce qu'elle peut plutôt qu'une opposition qui ne dit pas ce qu'elle veut. Il est primordial pour l'opposition de construire un projet de société, radicalement nouveau, pour le Cameroun. Relancer le travail intellectuel au sein du Parti socialiste est un enjeu majeur et une impérieuse nécessite?.
Il est clair que l'opposition ne peut préparer 2011 en vase clos et doit s'ouvrir. Un grand projet doit être élaboré par tous ceux qui veulent redresser le Cameroun. L'opposition doit mettre en débat avec les citoyens les réponses à apporter aux questions essentielles, comme l'invention d'un développement, l'urgence environnementale, la redistribution efficace, le pouvoir dans l'entreprise, le malaise de la jeunesse et la crise de l'école, la société numérique, le nouvel horizon des droits et des libertés.
La concentration du pouvoir, l'affaiblissement de l'Assemblée nationale, des syndicats ou des associations poussent à réinventer un autre usage, une autre pratique des institutions, une autre République. La pratique du pouvoir présidentiel produit un ''désert
A l'opposition de repeupler la démocratie ! Il n'y a qu'un chemin pour l'opposition, celui du travail, de l'inventivité, de l'unité et de l'ouverture radicale à la société.
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