Cameroun, Elecam : Le rapport qui accuse
Cameroun, Elecam : Le rapport qui accuse
Elecam Pas d’inscription transparente possible avant la mi-septembre au moins.La Cellule d’observation d’Elections Cameroon, un organe de la Plate-Forme de la Société Civile pour la Démocratie dirigé par Hilaire Kamga (Photo), rend public son premier rapport après l’interview que le directeur général des élections a accordée à Cameroon Tribune, le 23 juillet dernier. Elle estime qu’une inscription transparente n’est pas possible avant la mi-septembre au moins. Le plan de Ngako Tomdio ne convainc pas les consommateurs.Concocté par le ministre de l’Energie et de l’Eau (Minee), il pose plus d’un problème.
Comme l’a constaté aussi le ministre des Finances.
Un « projet gouvernemental insensé et suspect », selon Paul Gérémie
Bikidik, le président du Réseau associatif des consommateurs d’énergie
(Race). A propos du « Programme thermique d’urgence (Ptu) » que veut
entreprendre le ministre de l’Energie et de l’Eau (Minee). Avant ce
responsable consumériste, le « plan du siècle » sur l’électricité de
Michael Ngako Tomdio avait déjà essuyé le désaccord du ministre des
Finances.
En effet, pour faire face aux délestages observés dans certaines villes
du Cameroun, Minee a initié un programme ambitieux en mars 2010 qu’il a
baptisé « Programme thermique d’urgence (Ptu) ». Ce programme comporte
deux composantes. La première porte sur l’acquisition et l’installation
clé en main des groupes électrogènes fonctionnant au fuel léger, d’une
capacité totale de 40 mégawatts (MW) dans les villes de Mbalmayo,
Ebolowa et Bamenda. La seconde sur la location, pour une durée de deux
ans, des groupes électrogènes d’une capacité de 60 MW pour sécuriser
l’alimentation en électricité de Yaoundé. Pour financer ces deux
projets, le Minee a demandé au gouvernement 100 milliards F Cfa, comme
le relate notre confrère Le Jour qui, dans sa livraison du 30 juillet
2010, a consacré deux pleines pages à cette affaire.
Somme jugée trop élevée par Emmanuel Essimi Menye, qui n’hésite pas à
présenter à Michael Ngako Tomdio un projet similaire, réalisé en Côte
d’Ivoire, qui n’a coûté que 22, 5 milliards F Cfa. « Compte tenu des
contraintes budgétaires de l’Etat, il serait opportun que non seulement
ce dossier soit réexaminé, mais que la possibilité soit donnée à
d’autres compétiteurs afin qu’ils puissent présenter d’autres offres »,
réagit le Minfi cité par Le Jour.
Coincé, le Minee ne peut que se plier à ces réserves de l’argentier
camerounais, tant les faits sont clairs. En effet, la société
britannique Aggréko a mis en location pour deux ans, un groupe
électrogène d’une capacité de 70 MW à 22,5 milliards en Côte d’Ivoire.
Dans l’ambitieux projet du Minee, la société égyptienne El-Sewedy
demande en deux ans 31 milliards F Cfa pour 40 MW, et près de 86
milliards F Cfa pour le projet Sojitz Empower qui doit générer 60 MW.
Ceci, sans tenir compte bien sûr des coûts récurrents nécessaires pour
le fonctionnement de ces ouvrages. Au regard de cet argumentaire en
béton, le Minee cède. Même si dans une interview accordée à contre
confrère susdit, il pense qu’«il faut éviter de faire une comparaison
aveugle entre les coûts des projets ».
Au-delà de cet aspect lié au coût du financement vite rattrapé fort
heureusement par le Minfi, le projet de Ngako Tomdio suscite plusieurs
interrogations. Comment, pour un projet de cette taille, des entreprises
peuvent-elle être sélectionnées sans appel d’offres ? Pourquoi avoir
opté pour une location des groupes électrogènes alors que l’entreprise
en charge de la production de l’électricité a un programme similaire ?
Problème de casting
Tout comme celle liée au casting des villes concernées par ce projet.
Nulle part dans le projet de Michael Ngako Tomdio ne figure une ville de
l’Est. Alors que cette région est l’unique au pays à ne pas bénéficier
de la magie de l’hydroélectricité. Pourquoi n’avoir pas, par exemple,
inclus Bertoua dans le projet ?
Ce programme pêche également par la mise à l’écart des principaux
acteurs du secteur de l’électricité, comme Electricity Development
Corporation (Edc) ou encore Aes Sonel qui, via la Kribi Power
Development Corporation (Kpdc), a monté un programme de réhabilitation
ambitieux pour pallier le déficit, en attendant la réalisation de ses
grands chantiers prévus dans son plan d’investissement. Notamment, la
centrale à gaz de Kribi (250 MW). Ou encore les grands ouvrages du
gouvernement : Lom Pangar, Nachtigal, Memve’ele, etc. Qui va exploiter
ces centrales et comment ? Aes Sonel va-t-elle accepter d’intervenir à
la fin dans un projet où elle n’a pas été associée ? Concrètement,
va-t-elle accepter que le branchement se fasse dans son réseau ? Des
interrogations dont on attend toujours des réponses.