Cameroun - eau potable : 300.000 à 400.000 m3 de déficit par jour à Yaoundé
Cameroun - eau potable : 300.000 à 400.000 m3 de déficit par jour à Yaoundé
Sur une population de 35% ayant accès à l'eau potable au Cameroun, les habitants de la capitale Yaoundé sont confrontés à un déficit estimé entre 300.000 et 400.000 m3 par jour, selon les évaluations établies distinctement par les acteurs institutionnels du secteur et de la société civile interrogés par l'agence Xinhua en marge de la Journée mondiale de l'eau mardi.
Entreprise à capitaux marocains mise en place en mai 2008 suite à la privatisation de la Société nationale des eaux du Cameroun (SNEC, créée en 1967), avec pour mission la gestion et la distribution de l' eau dans le pays, la Camerounaise des eaux (CDE) annonce des besoins qui "dépassent les 300.000 m3/jour" à Yaoundé, contre 100.000 m3 produits par "la seule station qui alimente la ville".
"Contrairement aux chiffres des administrations et des entreprises, le besoin est plus fort. Il faut environ 475.000 m3 d' eau par jour à Yaoundé pour que le taux de satisfaction des populations et des ménages soit optimal. Actuellement donc, la ville de Yaoundé ne reçoit en moyenne que 85.000 m3 d' eau par jour, soit un déficit plus ou moins égal à 400.000 m3 d' eau", a soutenu de son côté le président de l' Association des consommateurs d' eau, Jean-Jacques Mbia.
Légalisée par les autorités le 31 mars 2010 après trois ans de patience, cette association œuvre notamment pour une amélioration de l' offre en eau potable en faveur des populations camerounaises dont seulement 6,8 millions d' entre elles sur 19,4 millions peuvent se prévaloir d' être desservies, selon les statistiques de la Cameroon Water Utilities (Camwater), opérateur étatique.
"Que vous preniez l' ensemble des villes camerounaises, que vous preniez principalement la ville de Yaoundé, la situation est caractérisée par un déficit de production d' eau potable. C' est-à-dire l' offre en eau est réduite à sa plus simple expression et la demande est très forte. Nous sommes donc en situation de crise", a jugé sans porter les gants M. Mbia.
Selon lui, son regard est plein d' inquiétudes, parce que la situation va encore durer quelque temps. "Le secteur est en pleine mutation, il y a de grands projets qui sont annoncés, mais il faut au moins 24 mois pour réaliser chacun de ces projets. En amont, l' association des consommateurs veille pour que ces investissements soient réalisés effectivement et qu' on les commence rapidement".
En aval, des conseils sont plutôt prodigués aux consommateurs pour "une gestion plus rationnelle du peu de ressource disponible". Ce qui n' arrange pas les choses, "en période d' étiage, le niveau du fleuve Nyong qui alimente la ville de Yaoundé baisse. Ce qui entraîne un impact sur la production. Généralement, la production baisse de l' ordre de 10% par rapport à la production normale", a expliqué le directeur régional de Yaoundé agglomération de la CDE, Hamid Houmida.
Hors de Yaoundé, la situation est aussi grave à propos des forages réalisés par le gouvernement, du fait de l' incapacité des comités de gestion locaux à entretenir ces ouvrages. "Si vous prenez une contrée comme Deng Deng, là où on va construire le barrage hydroélectrique de Lom Pangar, vous avez de Bertoua à Deng Deng 16 forages ; tous les 16 forages sont en panne depuis au moins deux ans et les populations vont maintenant puiser l' eau des rivières, une eau qui est polluée", note encore Mbia.
Du côté du fermier, c' est plutôt l' optimisme. "C' est vrai que ce n' est pas facile d' opérer et même d' intervenir dans ce secteur avec ce besoin important, mais on est là avec l' expertise de la CDE et des différents intervenants dans le secteur. On essaie de surmonter toutes les difficultés, d' assurer un bon usage et une bonne répartition du volume d' eau actuel avec un programme de rationnement dans la ville, en attendant la mise en service des projets qui vont apporter un complément à la production", informe M. Houmida.
Doté d' un financement total d' environ 72 milliards de francs CFA (144 millions USD), ce projet a été amorcé lundi avec la pose de la première pierre. Il permettra d' apporter un débit supplémentaire de 50.000 m3/jour à Yaoundé. Le programme d' adduction d' eau potable de la capitale à partir du fleuve Sanaga sur un financement chinois est destiné pour sa part à accroître la production de 300.000 m3/jour, extensible à 400.000 m3/jour, a annoncé le ministre Ngako Tomdio.
A Douala, la métropole économique, après la première phase ayant fourni un supplément de 50.000 m3/jour, la deuxième phase de la construction de l' usine de traitement de Yato, sur financement chinois également, prévoit une augmentation de 100.000 m3/jour. Un autre programme pour d' autres localités du pays et financé par la coopération belge porte sur 52 centres.