Cameroun : Discours d’ouverture de la Convention Nationale ordinaire du MP

Cameroun : Discours d’ouverture de la Convention Nationale ordinaire du MP

Cameroun : Discours d’ouverture de la Convention Nationale ordinaire du MP

Mesdames et Messieurs les Conventionnels du Mouvement Progressiste,

A toutes, à tous, je souhaite une chaleureuse bienvenue à ces assises. Je me réjouis de la forte mobilisation de nos militants des dix Régions, qu’il s’agisse de l’Extrême Nord, du Nord ou de l’Adamaoua, qu’il s’agisse de l’Est, du Centre ou du Sud, qu’il s’agisse du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, qu’il s’agisse enfin de l’Ouest ou du Littoral. Votre présence nous réjouit et nous fait chaud au cœur.

Cette année 2011 est une année décisive, non seulement pour notre parti, le Mouvement Progressiste, mais surtout pour le Cameroun, l’Afrique et le monde. La mondialisation qui avance à pas de géant, exige que chacun paie le prix de son développement. Les vieilles structures, mentales, économiques, sociales et politiques sont entrain de voler en éclats. Personne n’est plus sûr de rien, chacun doit réinventer son avenir dans ce monde en mouvement, insaisissable, imprévisible, plein d’opportunités et de dangers.

Une déferlante d’images, de sons, de discours produite par la mondialisation et diffusée à travers les chaînes de télévision, les téléphones portables, Internet et d’autres médias s’abat quotidiennement sur des populations désœuvrées qui luttent pour leur survie. Ce déluge d’informations charrie ses rêves,  d’autant plus pernicieux qu’ils sont inaccessibles pour le grand nombre.  Mais le contraste entre l’imaginaire exalté par la mondialisation d’un côté et le vécu sordide des sous-quartiers et des coins de brousse de l’autre est d’une violence de moins en moins supportable. Pour atteindre des mirages, jeunes comme vieux, tous sont prêts à transgresser la règle morale.

Inapte à produire de la sécurité, du travail et des libertés, de plus, incapable de proposer du rêve, le gouvernement de l’Etat-parti du Cameroun  a abdiqué ses missions fondamentales, celles de veiller à la sécurité des citoyens et de leurs biens, celles d’arrêter les voleurs, de soigner les indigents et les plus pauvres, de faire cesser la corruption et de punir les corrupteurs, de traquer et de punir les assassins et les escrocs, de rendre une justice équitable, respectueuse du droit, sécurisante, apaisante dans le sens qu’elle apporte la paix, et égale pour tous, celles de créer les meilleures conditions pour l’épanouissement des Camerounais.

Le rêve que les Camerounais ont construit de leurs mains et de leur sang, celui dont l’indépendance devait assurer la réalisation, s’est progressivement transformé en cauchemar. Tous les secteurs de notre société sont sinistrés, aucun n’échappe au désastre. Faut-il les citer ? L’éducation, la santé, l’économie, le développement du territoire et des infrastructures, l’énergie, l’Etat de droit, la gouvernance, j’en oublie. Le gouvernement du RDPC aime à présenter la paix et la liberté comme ses réalisations les plus accomplies, ses victoires, celles qui devraient plaider pour son maintien au pouvoir.

Mais de quelle paix parle-t-on ? Historiquement cette assertion est fausse. Lorsque le Président Biya prit le pouvoir en 1982, Ahidjo lui dit : « je vous laisse un pays prospère et en paix. » Le RDPC n’a donc pas créé, n’a pas construit la paix, il a trouvé la paix en héritage en 1982. D’autre part la répression des émeutes de Février 2008 qui ont conduit au bain de sang qui ôta brutalement la vie à des dizaines voire des centaines de jeunes Camerounais qui n’aspiraient qu’à améliorer leur ordinaire, cette répression-là, si brutale, si aveugle, si meurtrière n’était pas un signe de paix, mais de guerre. Les injustices, les brimades, les violences physiques, économiques, administratives, les violences symboliques, perpétrées par action ou par omission, par les agents de l’Etat ne sont pas des signes de paix mais de guerre. Que le RDPC ne se prévale donc plus de la paix fragile que l’arrogance    de certains de ses militants, que les abus de son administration,  que la politique partisane, tribaliste et antisociale de son gouvernement  remettent en cause tous les jours.

Quant à la liberté, que voilà un beau sophisme dans la bouche des thuriféraires du RDPC ! La liberté n’est pas sans son père et sa mère. La liberté naît du mariage heureux du droit et de la justice. Sans droit ou sans justice, ou sans les deux à la fois, il n’y a pas de liberté. Hélas au Cameroun, il n’y a ni droit, ni justice, c’est pourquoi le Cameroun n’est pas une terre de liberté. C’est parce que l’Etat-parti sait pertinemment qu’il est incapable de se réformer au point de devenir un authentique Etat de droit qu’il crée des néologismes loufoques pour couvrir l’arbitraire conscient et assumé de ceux qui gouvernent. Ainsi en va-t-il de la « tolérance administrative » qui permet de frapper qui on veut, quand on veut, selon le bon vouloir du prince. Ainsi, on attrape le journaliste qu’on veut, on laisse les autres, on déchoit le DG ou le haut-fonctionnaire qu’on veut, on attrape le corrompu ou le voleur qu’on veut, on laisse les autres, on ferme le journal ou la radio qu’on veut.  La liberté ne se mesure pas, elle est ou elle n’est pas. Au Cameroun, elle n’est pas, car tant qu’un Préfet, un gendarme, un juge se sentiront autorisés à prendre n’importe quelle décision aux antipodes de leur mission de service public, au mépris des droits du citoyen, le combat pour la liberté doit continuer, se renforcer et devenir plus âpre que jamais, jusqu’à la victoire finale. 

Les évolutions récentes en Afrique et dans le monde ont mis en pleine lumière le rejet par les peuples des dirigeants qui s’éternisent au pouvoir. Beaucoup ont légiféré en cette matière en limitant le nombre de mandats des gouvernants. Le Cameroun a fait le chemin à rebours de la tendance lourde que l’on observe partout, à l’exception notable de l’Afrique. Cette Convention du MP devrait prendre une position claire sur ce sujet. Nous préconisons qu’à la première occasion, la Constitution établisse à nouveau que le nombre de mandats du Président de la République est limité à deux. 

Pour ce qui est d’ELECAM, le nouvel organisme chargé d’administrer les élections, il se caractérise par un amateurisme très prononcé et une soumission totale au Président Paul Biya qui se trouve être également le Président du RDPC et de surcroît, candidat de ce parti aux prochaines élections.  Frappé d’insoutenables soupçons de partialité, ELECAM pose des actes et affiche des postures qui ne font plus douter, mais confirment qu’il est acquis au RDPC. Le fait qu’il n’ait jamais pris en considération la moindre remarque faite par les forces de l’opposition, le fait qu’il refuse obstinément de procéder à la refonte des listes électorales, qu’il refuse de mettre en place le bulletin unique, qu’il refuse les cartes électorales biométriques, qu’il procède aux inscriptions dans un désordre indescriptible qui ne peut conduire qu’à de fortes contestations dès la publication des premières listes, ces faits-là sont des clignotants qui tous ont viré au rouge.

Cette question d’élections truquées du fait d’ELECAM ou pas est capitale. Si une partie des Camerounais est convaincue que le Régime RDPC n’admettra jamais de quitter le pouvoir de bonne grâce et qu’il fera tout ce que lui permettra le contrôle sans partage des moyens de l’Etat (administration, argent, police, armée, ELECAM…), elle conclut que le seul moyen d’obtenir une alternance au pouvoir de Paul Biya, c’est de manifester dans la rue jusqu’à l’effondrement du Régime comme cela s’est fait en Tunisie ou en Egypte.

D’autres pensent que les élections doivent être le seul moyen d’arriver au pouvoir, ceci devrait éviter au Cameroun des aventures faites d’émeutes et de soulèvements aux lendemains douloureux et incertains. 

La question qui se pose de notre point de vue est simple. Si le Président de la République sortant Paul Biya est à nouveau déclaré vainqueur des élections de 2011 alors que ses compétiteurs et les électeurs sont fermement convaincus que le RDPC a fraudé par les différents stratagèmes qu’on lui connaît, le peuple pourra-t-il accepter cette victoire empreinte de fortes suspicions ? Et même s’il l’acceptait sur le coup, le peuple Camerounais pourra-t-il dans les conditions actuelles supporter un nouveau mandat de sept ans de ce régime qui, tout l’indique est à bout de souffle et en bout de course ?

La seule façon d’apporter la paix au Cameroun en 2011 n’est-elle pas de donner toutes les garanties sur l’organisation transparente des élections, sur un code électoral assaini, sur une écoute attentive et suivie d’effets des électeurs et des candidats, sur un dialogue permanent en vue de régler, voire d’anticiper sur tous les problèmes qui se poseront immanquablement ?  Chacun doit être rassuré en permanence que c’est celui que choisira le peuple qui l’emportera. Ceux qui prendront la responsabilité de la fraude en Octobre 2011 prendront également la responsabilité des émeutes. Ceux qui ont le souci du Cameroun et des Camerounais seront ceux-là seuls qui mettront tout en œuvre pour organiser des élections libres, justes et transparentes et qui auront pris ostensiblement toutes les dispositions pour respecter le résultat des urnes en cas de défaite de leur champion.

En matière économique, le comportement de l’Etat est quelque peu convulsif. Au terme de l’avis de la Chambre des Comptes délivré après vérification, l’exécution budgétaire de l’exercice 2009 a été déficitaire de plus de 20 milliards de F CFA. Pour 2010, le Président de la République a signé le 15 Septembre une ordonnance qui a réduit le budget de plus de 20 Milliards. Pour s’équilibrer, le budget 2010 a fait appel à un emprunt obligataire de 200 Milliards tandis que celui de 2011, pour combler son déficit évalué par le Premier Ministre à plus de 400 milliards, prévoit des emprunts intérieurs et extérieurs à due concurrence.

A quelques exceptions près, les Ministères, même les plus sensibles (justice, enseignement, culture, tourisme etc) ont vu leur budget drastiquement revu à la baisse. Les finances publiques semblent également confrontées depuis 2010 à de sérieux problèmes de trésorerie qui perturbent le fonctionnement des administrations et compromettent le règlement à bonne date des factures des fournisseurs. Le taux de croissance de notre PIB projeté à 3% pour 2011 est l’un des plus bas de la zone, bien en dessous de celui de l’Afrique Sub-saharienne projeté à 7% et à celui de la CEMAC qui est de 5,5%.

Annoncer le recrutement de 25 000 jeunes à la fonction publique dans cette conjoncture est non seulement irréaliste et démagogique, mais surtout très dangereux. En quelques mots, dans le contexte d’austérité traduit par les baisses successives de budgets, la solde des fonctionnaires s’élève à 665 Milliards pour un peu moins de 200 000 fonctionnaires. 25 000 recrutements représentent plus du huitième de la totalité des agents de l’Etat Central. Sachant que ces nouvelles recrues diplômées seront des cadres, il n’est pas incongru de considérer que leur traitement représentera environ le huitième de la masse salariale de l’Etat,  soit  plus de 80 Milliards de Francs par an. Si l’on y ajoute le budget de fonctionnement qui accompagne les activités des agents, les éléments complémentaires de la solde et les avantages divers, et enfin les investissements nécessaires à la création d’un poste de travail, dès l’année prochaine l’Etat devra accroître ses dépenses du fait de ces recrutements d’une somme oscillant entre 150 et 200 Milliards ; il n’en a simplement pas les moyens.

Evidemment, l’Etat peut choisir de ne pas les former, de ne pas les installer, de ne pas les faire travailler, voire même de ne pas les payer ! Ces annonces ne sont qu’un mirage aux alouettes pour appâter les jeunes qu’on prend pour des pigeons. Mais elles témoignent d’une vacuité, d’une inexistence criarde d’une véritable politique de l’emploi des jeunes, et partant, d’une politique générale de l’emploi. A Meiganga, à Tibati, à Tcholliré, à Mamfé, à Mbengwi, à Tokombéré, qu’est-ce qui a été fait pour l’emploi des jeunes ? Rien. Douala, Yaoundé, Bafoussam, Bameda, Garoua, Ebolowa sont-ils mieux lotis ? Oh que non ! Partout les jeunes sont en détresse, sans emploi, sans perspectives et sans sécurité d’aucune sorte.

C’est fort de ces constats que le MP a entrepris de conquérir le pouvoir d’Etat, de se lancer à corps perdu dans la bataille des présidentielles de 2011. Nous n’irons pas à ces élections pour faire bonne figure, nous irons pour les gagner. Il faut maintenant, mettre de l’ordre dans notre maison et la discipline dans nos rangs. Vous ici rassemblés, venez de tous les coins du pays, à votre retour, vous allez semer la graine du MP, la graine de la liberté, la graine de la paix, la graine de l’espérance, la graine de la victoire.

Mettre de l’ordre dans la maison, c’est éliminer tous ceux qui n’ont ni la volonté, ni le courage de combattre.

Mettre de l’ordre dans la maison, c’est respecter et faire respecter la hiérarchie du parti en même temps qu’on assume les responsabilités qu’on a librement acceptées. 

Mettre de l’ordre dans la maison, c’est organiser le MP dans le plus petit hameau du vaste Cameroun,

Mettre de l’ordre dans la maison, c’est obtenir de chacun, militant simple ou responsable qu’il apporte sa contribution à la marche en avant du parti et de son candidat. Que chacun paie tous les mois, son écot entre les mains de son trésorier.

Nous ne sommes pas riches, mais le peuple camerounais est riche, nous ne sommes pas forts, mais le peuple Camerounais est fort, nous ne sommes pas nombreux, mais le peuple Camerounais est innombrable, et s’il nous donne, à l’occasion de ces élections, sa richesse, sa force et son nombre, alors nous serons invincibles.

Nous devons donc travailler pour gagner la confiance du peuple. Le peuple véritable, celui dont nous recherchons le soutien ne demande rien, il donne, il veut simplement s’assurer que c’est pour lui que nous travaillons, et non pas pour d’autres intérêts que nous lui cachons. Nous devons éviter de nous égarer dans les pièges des motivations et des mimbos, nous devons assurer à ce peuple qui se bat pour son émancipation que chaque franc que nous recevons, chaque sou que nous cotisons sera intégralement consacré à la lutte qui nous conduira vers le chemin radieux de la victoire et non dans les méandres bourbeux de la corruption   et des pratiques dolosives. Qu’il soit su que le MP ne donne pas à boire ni à manger aux militants, sympathisants et populations pour présenter une illusion de popularité, au contraire, le MP va solliciter des populations un appui financier, multiforme pour conduire le rude combat contre le régime finissant du RDPC. Que ceux qui veulent boire aillent dans les bars, que ceux qui veulent manger aillent dans les restaurants, que ceux qui veulent l’argent de la corruption aillent au RDPC, mais que ceux qui veulent changer le Cameroun en sachant qu’un sacrifice leur sera demandé, qu’ils viennent avec nous, le MP est leur parti, celui qu’ils porteront à la victoire. 

Vive le MP

Vive le Cameroun
Merci pour votre attention.

Jean-Jacques Ekindi

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© Coordonnateur Général du MP : Jean-Jacques Ekindi


09/03/2011
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