Cameroun: Des propos du “Pasteur” Fame Ndongo qui soulèvent l'indignation

Cameroun: Des propos du “Pasteur” Fame Ndongo qui soulèvent l'indignation

Fame Ndongo:Camer.beD'après le Professeur Fame Ndongo, « Nous sommes tous des créatures ou des créations du président Paul Biya, c’est à lui que doit revenir toute la gloire dans tout ce que nous faisons. Personne d’entre nous n’est important, nous ne sommes que ses serviteurs, mieux, ses esclaves » Au Rdpc on avait déjà un Mariologue, désormais il faut compter avec un Pasteur. Au motif de vouloir justifier les actions de son créateur, le président camerounais Paul Biya au pouvoir depuis bientôt 30 ans, le Ministre de l’enseignement supérieur et responsable de la communication (propagande) du RDPC, Jacques Fame Ndongo, voulant insister sur la bonté du chef de l’État a dans une déclaration pour le moins surprenant déclaré que : « Nous sommes tous des créatures ou des créations du président Paul Biya, c’est à lui que doit revenir toute la gloire dans tout ce que nous faisons. Personne d’entre nous n’est important, nous ne sommes que ses serviteurs, mieux, ses esclaves » Propos tenus lors de la énième rencontre préparatoire du comice agro-pastoral d’Ebolowa, que la population attend d’ailleurs depuis 28 ans que Biya est au pouvoir. 28 ans d’attente pour un comice. Voilà bien les états de service du créateur de Fame Ndongo.
 
Jacques Fame Ndongo, le désormais autoproclamé “Pasteur” de Paul Biya aurait bien pu conclure son évangile selon “Saint Paul” par « Pour des siècles des siècles » espérant que ses ouailles répondront tous en cœur : Amen!
 
Malheureusement, certains dissidents ou plutôt certains non croyants à sa nouvelle église, comme le rapporte le quotidien le Jour dans sa livraison du 18 avril 2010, n’ont pas digéré ce qu’ils considèrent comme une insulte à leur personne de la part de ce pasteur de circonstance qu’ils n’ont pas hésité de traiter de simple laquais : « Pour qui se prend-il pour nous traiter de la sorte ? Si lui se considère comme esclave et créature du président Biya, parce que c’est Biya qui l’a fabriqué et qui lui donne la vie, nous autres, nous ne le sommes pas, c’est Dieu qui m’a créé et qui m’accorde encore son souffle de vie », s’est insurgé un haut cadre de l’administration, ressortissant du Sud.
 
Sans vous mentir, j’en suis outré par ce sermon, de  Fame Ndongo qui claironne à qui veut l’entendre qu’il est un intellectuel. Cependant, il sait que qui d’autre qu’«Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ». Qui plus est, en bon manieur de la langue de Molière, cette sortie du Ministre n’est pas anodine. C’est presque ce que disaient déjà les ministres Zaïrois de l’époque Mobutu. Fame Ndongo veut–il faire mieux et plus que Sakombi?  À leur temps, certains ministres domestiques du palais de Kinshasa avaient fini par élever le futur déchu et défunt dictateur Zaïrois à la dimension de la divinité. Cette tactique communicationnelle ayant pour seul but de laver la cervelle des citoyens, pour créer une peur afin que le dictateur reste au pouvoir Ad vitam æternam.
 
Cependant, et s’il faut croire le ministre Fame Ndongo, qui est une personne dotée d'autant de talents et de compétences, alors c’est en toute légitimité que les camerounais se doivent de se poser la question de savoir ce qu’en pense certains ministres penseurs du régime. Notamment les intellectuels comme M. ISSA Bakary Tchiroma. Sont-ils aussi des apôtres chargés d’aller rependre la bonne nouvelle aux ouailles de leur région aux quatre coins du triangle national?
 
Il faut reconnaître que le pasteur Fame Ndongo, stratège du parti des flammes, n’en est pas à sa première controverse. Déjà en 2004, lors de la fausse annonce du décès de Paul Biya pourtant en vacances à l’étranger, il aurait, comme le prétendaient à l’époque ses détracteurs, organisé nuitamment une rencontre pour planifier la prise du pouvoir au cas où la rumeur du décès du chef de l’État se confirmerait.
 
Aussi, par son silence et bien que ne figurant pas sur la liste des signataires, on l’aurait tout de même associé à tord ou à raison à la liste des auteurs de la fameuse "Déclaration des forces vives du Mfoundi" parue dans les colonnes du quotidien "Cameroon Tribune" fin février 2008.
 
Ce manifeste dans lequel les auteurs intimaient aux  non ressortissants de la région du Centre d’être responsables des émeutes de 2008 dans la capitale Yaoundé. Il était aussi question dans cette lettre de la préparation d’une légitime défense pour préserver Yaoundé du désordre, œuvre des non autochtones comme le prétendaient ces soit disant "fils du Mfoundi".

Pris encore dans cette autre controverse, le Ministre Fame Ndongo, considéré comme l’éminence grise, avait du se blanchir en argumentant qu’il n’avait pas signé le manifeste de février 2008 et qu’il n’aurait pas participé à son adoption. Mais compte tenu du pouvoir qu’il a au sein de cette élite, et compte tenu de son titre de Chef, la maxime latine de Pape Boniface VIII (1235-1303) : qui tacet consentire videtur «qui se tait semble consentir» tombait juste pour ses détracteurs. Car, selon eux, quelqu’un qui ne se manifeste pas, qui reste silencieux face à une décision aussi grave donne implicitement son accord. Il ne peut nier par la suite cette adhésion.
 
De plus, selon le journal La Nouvelle de novembre 2009, il serait aussi membre actif de l’obscur groupe Britus, qui aurait remplacé la nébuleuse G11 et qui se préparerait activement à prendre le pouvoir au cas où le président Paul Biya quittait son poste.
 
Pire encore, depuis quelques jours, le pasteur  Fame Ndongo, encore lui, est obligé de se défendre bec et ongles contre une présumée accusation de l’hebdomadaire La Météo qui lui attribuerait la paternité du Poisson d’avril qui ferait de son collègue René Sadi, un athlète déjà prêt sur les starting-block du départ des 100 mètres pour succéder à Paul Biya, son chef.
 
Vrai ou faux ? En tout cas ne dit-on pas aussi qu’en politique il n’y a pas de fumée sans feu.  Aurait-on lancé simplement un ballon d’essai? Seule l’avenir nous le dira car cette attaque et contre attaque au sein même du parti au pouvoir arrivent en plus au moment où il y a un doute sur la possibilité que M. Biya se représente en 2011.
 
Et pour reprendre ses propres mots, on peut donc se demander, comme il s’est prêté à signer  dans une tribune libre dans les colonnes de Cameroon Tribune du 19 Avril 2010, qui de lui ou des détracteurs de Paul Biya «invente une logique anti-aristotélicienne avec le bal masqué comme contexte, le couteau comme texte et la délation comme adjuvant ?»

En tout cas, que le professeur ou désormais “Pasteur” Jacques Fame Ndongo traite les camerounais d’esclaves de Paul Biya, même  lorsqu’il pense s’adresser en particulier aux politiciens et élites de sa région natale, est tout simplement inadmissible pour nous Camerounais. Pour racheter le peu d’estime qui lui reste, le ministre devrait s'excuser. Mais je doute qu'il ait suffisamment de jugement pour reconnaître ses torts.

© Icicemac.com : Martin Stéphane Fongang


24/04/2010
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