Cameroun: Déclaration sur la nouvelle affaire ABBAH ABBAH Polycarpe
YAOUNDE - 17 MAI 2012
© SHANDA TONME (Comicodi) | Correspondance
"La Commission exhorte le Chef de l’Etat, a repenser profondément la conduite de l’opération EPERVIER, de façon à éviter l’accumulation des rancoeurs, le développement du sentiment de règlement des comptes, et la propagation de la volonté d’humiliation des anciens proches ou lointains collaborateurs."
© SHANDA TONME (Comicodi) | Correspondance
"La Commission exhorte le Chef de l’Etat, a repenser profondément la conduite de l’opération EPERVIER, de façon à éviter l’accumulation des rancoeurs, le développement du sentiment de règlement des comptes, et la propagation de la volonté d’humiliation des anciens proches ou lointains collaborateurs."
CAMEROUN: DECLARATION SUR L’AFFAIRE ABBAH ABBAH
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination constate, qu’après les lettres adressées au chef de l’Etat par son ancien proche collaborateur, monsieur Marafa Hamidou YAYA, inculpé et écroué depuis un mois à la prison centrale de Kondengui dans le cadre des enquêtes relatives à l’achat avorté de l’avion présidentiel, la sérénité du pays est à nouveau perturbée par une autre affaire qui sème le désordre dans les esprits. Il s’agit en l’occurrence de l’affaire dite ”de l’évasion aggravée” de l’ancien ministre des finances et ancien Directeur général des impôts, ABBAH ABBAH Polycarpe, incarcéré depuis quatre ans.
La Commission a appris, selon la version officielle servie par les responsables autorisés, que le 11 mai 2012, monsieur ABBAH ABBAH, sorti de façon régulière de la prison pour une visite médicale qui n’a plus eu lieu à cause du retard par rapport à l’heure du rendez-vous qui était convenue pour 11 heures, s’est rendu accompagné de ses gardiens, à son domicile situé à environ dix kilomètres, dans la quartier d’ODZA. Selon la version donnée par ses conseils, le prisonnier avait pour unique intention, de récupérer ses repas de deux jours ainsi que quelques vêtements. Quelques temps après, il a été interpellé à domicile, par une escouade d’agents de la DGRE (Direction Générale de la Recherche Extérieure) en même temps que ses gardiens. Selon le scénario décrit par la famille, les agents ont fait irruption comme des marines américains en Afghanistan à la recherche des terroristes: encagoulés; armes au poing; le langage dur, brutal, injonctif, et martial. “Nous sommes, ont-ils déclaré, envoyés par le président de la république en personne pour vous arrêter“.
Monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe et ses gardiens désarmés sans ménagement, ont ensuite été emmenés dans les locaux de la DGRE, où ils auraient été gardés dans des conditions difficiles et inhumaines.
Le 14 mai 2012, après des nuits passées dans les locaux de la police judiciaire, où ils avaient été transférés, l’ancien ministre et ses compagnons d’infortune, ont été présentés chez le procureur de la république, lequel les a inculpé d’EVASION AGGRAVEE.
Sans aucun préjugé sur les suites de l’affaire, sans aucun jugement sur les procédures en cours devant les tribunaux de la république contre monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe, la Commission tient à prendre ses responsabilités, et en tant qu’organisation citoyenne soucieuse de préserver, de défendre, de promouvoir et de garantir les droits et les libertés fondamentales, pour conséquemment, faire les observations ci-après:
Premièrement, les circonstances, le contexte, les séquences, les interprétations et les diverses conclusions développées par-ci et par-là dans l’opinion, ont crée un malaise profond dans toute la société camerounaise. Il plane sur l’opinion et navigue dans les esprits des citoyens et citoyennes, un sentiment d’exagération, de mise en scène inutile, d’extrapolation gravissime, voire de manipulation inacceptable. Ce sentiment est fortement soutenue par plusieurs interrogations qui bouleversent le commun des mortels:
1 - Monsieur ABBAH ABBAH est-il sorti de la prison clandestinement, en sautant par-dessus la clôture ou en trompant la vigilance des gardiens?
2 - Monsieur ABBAH ABBAH une fois sortie de la prison régulièrement, a-t-il emprunté la route qui mène vers l’une des frontières terrestres du pays?
3 - Monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été surpris caché dans un bosquet, après avoir déjoué la vigilance de ses gardiens?
4 - Monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été surpris dans une métamorphose, par exemple vêtue d’un Kaba de femme, maquillé, et avec une perruque, et des hauts talons?
5 - Les gardiens de l’ancien ministre, ont-il à un moment ou à un autre, lancé un SOS, appelant au secours?
6 - Le nom de monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été découvert sur la réservation d’une compagnie aérienne pour un vol le même jour ou le jour d’après?
7 - A-t-on mis la main sur un dispositif d’avant garde, telle une voiture tout terrain, un avion privé, un ballon gonflable, des complices, par lequel ou avec lesquels, le prisonnier se préparait à quitter le pays?
8 - Monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe, est-il la première personnalité en détention préventive, qui bénéficie ainsi d’une sortie, et en profite pour faire un arrêt à son domicile?
9 - Quel péril y avait-il vraiment en la demeure?
10 - Quel danger réel, quelle menace, représentait ou incarnait monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe à cet instant précis, pour qu’une unité spécialisée, utilisant des moyens et des méthodes logiquement réservés aux situation mettant le pays en péril, soit mobilisée?
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, s’inquiète particulièrement, pour la banalisation et l’utilisation désordonnée, abusive et inappropriée, de la DGRE, unité qui il faut le reconnaître, a été intelligemment réorganisée depuis une dizaine d’années, pour jouer effectivement son rôle, rien que son rôle, et remplir ses missions d’espionnage, de renseignement extérieur, et de neutralisation de tout ce qui pourrait menacer les intérêts nationaux du pays. En quoi est-ce que le fait pour l’ancien ministre de se rendre chez lui, menaçait la sécurité et les intérêts internationaux de l’Etat et de la république du Cameroun?
La Commission s’inquiète ouvertement et vivement, de ce que les manipulations de l’opération EPERVIER, aboutissent dorénavant à produire l’effet inverse dans l’opinion. De nombreux citoyens ne comprennent plus réellement les objectifs de l’opération, et tendent à y voir des règlements des comptes au sommet de l’Etat et de la république.
La Commission regrette que l’humiliation, la dégradation de l’image, la ruse et une certaine discrimination, accompagnent ou conditionnent les procédures en cours contre diverses personnalités, d’anciens dirigeants, des dignitaires de toute nature et de tout statut.
La Commission réitère sa position maintes fois exprimée, selon laquelle, notre pays gagnerait à suivre l’exemple de l’Afrique du sud avec sa “commission vérité et réconciliation“. L’arrestation et la détention plusieurs années sans procès définitifs d’anciens dirigeants, n’est pas la solution pour remettre le pays sur le véritable chemin du développement, de la construction des infrastructures, et de l’amélioration du quotidien des populations. En effet depuis 1960 et particulièrement depuis 1982, nous avons mis en place un système qui a secrété la haine, le vol, le pillage, la réussite par la tricherie, le désordre, l’anarchie, le tribalisme outrancier. Tous les camerounais, de l’intérieur comme de l’extérieur, petits et grands, riches et pauvres, sont collectivement responsables à un titre ou à un autre de cette situation.
La Commission déclarer que favoriser, orchestrer explicitement ou implicitement la mort des gens en prison ( Booto A Ngon; Dieudonnée Angoula; Aaron Kaldjob; et autres), ou même simplement rechercher l’humiliation des uns, est une source de malheur, une cause de fracture importante de notre cohésion sociale, et un motif de rupture de la continuité de la coexistence des diversités nationales.
La Commission craint, à la lumière du lourd et dangereux sentiment suscité dans l’opinion par cette nouvelle épisode trouble de l’opération EPERVIER, que le pays s’installe définitivement dans une haine des camps, dans une guerre froide des milices de fait, dans une préparation lente mais certaine des vengeances, dans une épopée insoupçonnée et secrète des rivalités aux conséquences insurmontables, mettant effectivement en péril la paix et la sécurité des personnes et des biens.
La Commission rappelle, qu’elle est prioritairement vouée à la lutte contre la corruption et la discrimination, et qu’elle soutient tous les efforts et toutes les initiatives allant dans ce sens. Toutefois, elle exhorte le Chef de l’Etat, a repenser profondément la conduite de l’opération EPERVIER, de façon à éviter l’accumulation des rancoeurs, le développement du sentiment de règlement des comptes, et la propagation de la volonté d’humiliation des anciens proches ou lointains collaborateurs.
La Commission rappelle, que par-dessus toutes les considérations, aucun citoyen n’est au-dessus de la loi, et que chacun peut être amené à tout moment, à répondre de ses actes devant la justice. Cela étant, le contexte et les urgences de développement du pays, plaident largement aujourd’hui pour une démarche apaisée, sage, inclusive, intégrant tout le monde, respectant la dignité de tous, et ce afin de nous donner le maximum de chances de réussir la sortie de la misère, ainsi qu’effectives et concrètes grandes réalisations.
La Commission rappelle, que s’agissant d’un système, tous les gestionnaires de la fortune publique depuis 1960 et particulièrement depuis 1982, ont commis des actes répréhensibles, des détournements, des vols à ciel ouvert, des trahisons graves, des hautes trahisons contre les intérêts nationaux. S’il fallait les juger tous, les procès prendraient des siècles et le Cameroun n’existerait plus. S’il fallait les jeter tous en prison, c’est toute l’étendue le pays y compris les forêts, les fleuves et les rivières, qui devraient servir de prison.
La Commission s’étonne, que les acteurs politiques majeurs que sont les chefs des partis politiques, ne se soient pas émus, après les scènes auxquelles a donné lieu, la nouvelle affaire ABBAH ABBAH Polycarpe. Ce sont en effet plusieurs familles qui ont été ébranlées brutalement: deux régisseurs et quatre gardiens de prison, soit des centaines d’êtres humains comprenant les enfants, les épouses, les oncles, les tantes, les cousins, les neveux, les petits enfants et tout cela. Il ya lieu de dénoncer la lâcheté des leaders d’opinion et de toutes les têtes pensantes du pays, lesquels ne comprennent pas qu’il faut se lever pour protester, recommander, conseiller, expliquer, orienter et guider dans l’intérêt de tous, de la vérité, de la concorde, de la réconciliation, et de la paix, la vraie paix et non celle des mations de soutien hypocrites.
La Commission rappelle que l’histoire des peuples, des nations et des Etats, ne se fait positivement, que lorsque les citoyens ont le courage de prendre position, de critiquer et de dire la vérité aux dirigeants.
En tout état de cause, la Commission réitère son engagement à travailler honnêtement dans le sens de la vérité, pour lutter contre la corruption, la discrimination, et toutes les formes d’atteinte aux droits et aux libertés, y compris lorsqu’ils s’agit de prisonniers ou de prévenus./.
Fait à Yaoundé, le 16 Mai 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination constate, qu’après les lettres adressées au chef de l’Etat par son ancien proche collaborateur, monsieur Marafa Hamidou YAYA, inculpé et écroué depuis un mois à la prison centrale de Kondengui dans le cadre des enquêtes relatives à l’achat avorté de l’avion présidentiel, la sérénité du pays est à nouveau perturbée par une autre affaire qui sème le désordre dans les esprits. Il s’agit en l’occurrence de l’affaire dite ”de l’évasion aggravée” de l’ancien ministre des finances et ancien Directeur général des impôts, ABBAH ABBAH Polycarpe, incarcéré depuis quatre ans.
La Commission a appris, selon la version officielle servie par les responsables autorisés, que le 11 mai 2012, monsieur ABBAH ABBAH, sorti de façon régulière de la prison pour une visite médicale qui n’a plus eu lieu à cause du retard par rapport à l’heure du rendez-vous qui était convenue pour 11 heures, s’est rendu accompagné de ses gardiens, à son domicile situé à environ dix kilomètres, dans la quartier d’ODZA. Selon la version donnée par ses conseils, le prisonnier avait pour unique intention, de récupérer ses repas de deux jours ainsi que quelques vêtements. Quelques temps après, il a été interpellé à domicile, par une escouade d’agents de la DGRE (Direction Générale de la Recherche Extérieure) en même temps que ses gardiens. Selon le scénario décrit par la famille, les agents ont fait irruption comme des marines américains en Afghanistan à la recherche des terroristes: encagoulés; armes au poing; le langage dur, brutal, injonctif, et martial. “Nous sommes, ont-ils déclaré, envoyés par le président de la république en personne pour vous arrêter“.
Monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe et ses gardiens désarmés sans ménagement, ont ensuite été emmenés dans les locaux de la DGRE, où ils auraient été gardés dans des conditions difficiles et inhumaines.
Le 14 mai 2012, après des nuits passées dans les locaux de la police judiciaire, où ils avaient été transférés, l’ancien ministre et ses compagnons d’infortune, ont été présentés chez le procureur de la république, lequel les a inculpé d’EVASION AGGRAVEE.
Sans aucun préjugé sur les suites de l’affaire, sans aucun jugement sur les procédures en cours devant les tribunaux de la république contre monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe, la Commission tient à prendre ses responsabilités, et en tant qu’organisation citoyenne soucieuse de préserver, de défendre, de promouvoir et de garantir les droits et les libertés fondamentales, pour conséquemment, faire les observations ci-après:
Premièrement, les circonstances, le contexte, les séquences, les interprétations et les diverses conclusions développées par-ci et par-là dans l’opinion, ont crée un malaise profond dans toute la société camerounaise. Il plane sur l’opinion et navigue dans les esprits des citoyens et citoyennes, un sentiment d’exagération, de mise en scène inutile, d’extrapolation gravissime, voire de manipulation inacceptable. Ce sentiment est fortement soutenue par plusieurs interrogations qui bouleversent le commun des mortels:
1 - Monsieur ABBAH ABBAH est-il sorti de la prison clandestinement, en sautant par-dessus la clôture ou en trompant la vigilance des gardiens?
2 - Monsieur ABBAH ABBAH une fois sortie de la prison régulièrement, a-t-il emprunté la route qui mène vers l’une des frontières terrestres du pays?
3 - Monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été surpris caché dans un bosquet, après avoir déjoué la vigilance de ses gardiens?
4 - Monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été surpris dans une métamorphose, par exemple vêtue d’un Kaba de femme, maquillé, et avec une perruque, et des hauts talons?
5 - Les gardiens de l’ancien ministre, ont-il à un moment ou à un autre, lancé un SOS, appelant au secours?
6 - Le nom de monsieur ABBAH ABBAH a-t-il été découvert sur la réservation d’une compagnie aérienne pour un vol le même jour ou le jour d’après?
7 - A-t-on mis la main sur un dispositif d’avant garde, telle une voiture tout terrain, un avion privé, un ballon gonflable, des complices, par lequel ou avec lesquels, le prisonnier se préparait à quitter le pays?
8 - Monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe, est-il la première personnalité en détention préventive, qui bénéficie ainsi d’une sortie, et en profite pour faire un arrêt à son domicile?
9 - Quel péril y avait-il vraiment en la demeure?
10 - Quel danger réel, quelle menace, représentait ou incarnait monsieur ABBAH ABBAH Polycarpe à cet instant précis, pour qu’une unité spécialisée, utilisant des moyens et des méthodes logiquement réservés aux situation mettant le pays en péril, soit mobilisée?
La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination, s’inquiète particulièrement, pour la banalisation et l’utilisation désordonnée, abusive et inappropriée, de la DGRE, unité qui il faut le reconnaître, a été intelligemment réorganisée depuis une dizaine d’années, pour jouer effectivement son rôle, rien que son rôle, et remplir ses missions d’espionnage, de renseignement extérieur, et de neutralisation de tout ce qui pourrait menacer les intérêts nationaux du pays. En quoi est-ce que le fait pour l’ancien ministre de se rendre chez lui, menaçait la sécurité et les intérêts internationaux de l’Etat et de la république du Cameroun?
La Commission s’inquiète ouvertement et vivement, de ce que les manipulations de l’opération EPERVIER, aboutissent dorénavant à produire l’effet inverse dans l’opinion. De nombreux citoyens ne comprennent plus réellement les objectifs de l’opération, et tendent à y voir des règlements des comptes au sommet de l’Etat et de la république.
La Commission regrette que l’humiliation, la dégradation de l’image, la ruse et une certaine discrimination, accompagnent ou conditionnent les procédures en cours contre diverses personnalités, d’anciens dirigeants, des dignitaires de toute nature et de tout statut.
La Commission réitère sa position maintes fois exprimée, selon laquelle, notre pays gagnerait à suivre l’exemple de l’Afrique du sud avec sa “commission vérité et réconciliation“. L’arrestation et la détention plusieurs années sans procès définitifs d’anciens dirigeants, n’est pas la solution pour remettre le pays sur le véritable chemin du développement, de la construction des infrastructures, et de l’amélioration du quotidien des populations. En effet depuis 1960 et particulièrement depuis 1982, nous avons mis en place un système qui a secrété la haine, le vol, le pillage, la réussite par la tricherie, le désordre, l’anarchie, le tribalisme outrancier. Tous les camerounais, de l’intérieur comme de l’extérieur, petits et grands, riches et pauvres, sont collectivement responsables à un titre ou à un autre de cette situation.
La Commission déclarer que favoriser, orchestrer explicitement ou implicitement la mort des gens en prison ( Booto A Ngon; Dieudonnée Angoula; Aaron Kaldjob; et autres), ou même simplement rechercher l’humiliation des uns, est une source de malheur, une cause de fracture importante de notre cohésion sociale, et un motif de rupture de la continuité de la coexistence des diversités nationales.
La Commission craint, à la lumière du lourd et dangereux sentiment suscité dans l’opinion par cette nouvelle épisode trouble de l’opération EPERVIER, que le pays s’installe définitivement dans une haine des camps, dans une guerre froide des milices de fait, dans une préparation lente mais certaine des vengeances, dans une épopée insoupçonnée et secrète des rivalités aux conséquences insurmontables, mettant effectivement en péril la paix et la sécurité des personnes et des biens.
La Commission rappelle, qu’elle est prioritairement vouée à la lutte contre la corruption et la discrimination, et qu’elle soutient tous les efforts et toutes les initiatives allant dans ce sens. Toutefois, elle exhorte le Chef de l’Etat, a repenser profondément la conduite de l’opération EPERVIER, de façon à éviter l’accumulation des rancoeurs, le développement du sentiment de règlement des comptes, et la propagation de la volonté d’humiliation des anciens proches ou lointains collaborateurs.
La Commission rappelle, que par-dessus toutes les considérations, aucun citoyen n’est au-dessus de la loi, et que chacun peut être amené à tout moment, à répondre de ses actes devant la justice. Cela étant, le contexte et les urgences de développement du pays, plaident largement aujourd’hui pour une démarche apaisée, sage, inclusive, intégrant tout le monde, respectant la dignité de tous, et ce afin de nous donner le maximum de chances de réussir la sortie de la misère, ainsi qu’effectives et concrètes grandes réalisations.
La Commission rappelle, que s’agissant d’un système, tous les gestionnaires de la fortune publique depuis 1960 et particulièrement depuis 1982, ont commis des actes répréhensibles, des détournements, des vols à ciel ouvert, des trahisons graves, des hautes trahisons contre les intérêts nationaux. S’il fallait les juger tous, les procès prendraient des siècles et le Cameroun n’existerait plus. S’il fallait les jeter tous en prison, c’est toute l’étendue le pays y compris les forêts, les fleuves et les rivières, qui devraient servir de prison.
La Commission s’étonne, que les acteurs politiques majeurs que sont les chefs des partis politiques, ne se soient pas émus, après les scènes auxquelles a donné lieu, la nouvelle affaire ABBAH ABBAH Polycarpe. Ce sont en effet plusieurs familles qui ont été ébranlées brutalement: deux régisseurs et quatre gardiens de prison, soit des centaines d’êtres humains comprenant les enfants, les épouses, les oncles, les tantes, les cousins, les neveux, les petits enfants et tout cela. Il ya lieu de dénoncer la lâcheté des leaders d’opinion et de toutes les têtes pensantes du pays, lesquels ne comprennent pas qu’il faut se lever pour protester, recommander, conseiller, expliquer, orienter et guider dans l’intérêt de tous, de la vérité, de la concorde, de la réconciliation, et de la paix, la vraie paix et non celle des mations de soutien hypocrites.
La Commission rappelle que l’histoire des peuples, des nations et des Etats, ne se fait positivement, que lorsque les citoyens ont le courage de prendre position, de critiquer et de dire la vérité aux dirigeants.
En tout état de cause, la Commission réitère son engagement à travailler honnêtement dans le sens de la vérité, pour lutter contre la corruption, la discrimination, et toutes les formes d’atteinte aux droits et aux libertés, y compris lorsqu’ils s’agit de prisonniers ou de prévenus./.
Fait à Yaoundé, le 16 Mai 2012
Le Président de la Commission
SHANDA TONME
Médiateur universel