Cameroun: De nouvelles révélations dans l'affaire Bibi Ngota
Cameroun: De nouvelles révélations dans l'affaire Bibi Ngota
Le régisseur de la prison centrale de Kondengui affirme, dans une correspondance adressée au procureur de la République, avoir sollicité l’évacuation sanitaire de Bbibi Ngota pour des soins externes pendant sa période de détention. Après les sorties médiatiques de Dayas Mounoumé et Antoine Alo’o Bikoro, tous deux directeurs généraux du Chantier Naval et Industriel du Cameroun et du Port Autonome de Douala dans le journal d’action du Rdpc, et dans lequel, les deux personnalités balayaient d’un revers de la main toutes les accusations portées contre elles au sujet des commissions reçues dans le cadre des négociations pour l’acquisition du Rio Del Rey. Des commissions évaluées à 1.342.000.000francs Cfa perçues dans le cadre de l’achat du bateau destiné à l’exploitation pétrolière acquise par la Société Nationale des Hydrocarbures, sont au centre de nouveaux rebondissements dans l’affaire Bibi Ngota moins d’un moins après son inhumation.
C’est que, du fond de sa cellule, le principal mis en cause Harrys Mintsa, directeur de publication du journal Le devoir, a récemment adressée une correspondance à Laurent Esso dans laquelle, il affirme avoir été manipulé par des personnalités tapis dans l’ombre qui voulaient se servir du document querellé supposé ou réel pour déstabiliser le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République. Tout cela, en sachant pertinemment que le document était un faux.
En effet, deux correspondances adressées respectivement à M. Laurent Esso, par Harrys Mintsa, directeur de publication du devoir, et au procureur de la République par le régisseur de la prison de Kondengui, remettent sur la sellette les thèses de négligence porté contre le personnel du pénitencier d’une part, et la thèse de l’existence d’un auteur réel du document querellé.
Rebondissements
Selon des informations recoupées à bonne source, Harrys Mintsa, le porteur du document, a dans une correspondance manuscrite de 8 pages écrites au stylo violet et adressée le 11 avril 2010, à M. Esso, étale sur la place publique certaines personnalités impliquées dans l’affaire du document querellé. L’on cite pèle mêle, une haute personnalité de la présidence de la République, un ministre en fonction et un directeur général, toutes élites du pays organisateur et qui auraient à ce jour été entendues au sujet de leur part d’implication dans l’affaire. Et du coup, l’on parle d’une affaire politique dont l’enjeu vise Laurent Esso qui aurait préservé les intérêts du chef de l’Etat dans la perspective de 2011.
Pour sa part, le régisseur du pénitencier longtemps épinglé par la famille du défunt comme étant celui par qui les malheurs de Bibi Ngota sont arrivés du fait de sa mauvaise condition carcérale, vient lui aussi de briser le silence. Des éléments de la correspondance adressée quelques jours avant le décès du journaliste affirment que ce dernier avait bel et bien saisi le procureur pour obtenir un suivi médical externe du prévenu qui souffrait d’hypertension et de hernie nécessitant une opération chirurgicale.
Dans une correspondance adressée au procureur de la République, le régisseur sollicite «son évacuation pour un suivi externe au vu de la dégradation de l’état de santé de Ngota Germain Cyrille». Jusqu’au jour d’aujourd’hui, la réponse à cette correspondance est restée sans suite. Dans une interview accordée au reporter de Dikalo, Ngota Thérèse, ci devant cadette du défunt, avait reconnu que la demande de la famille de faire suivre des soins à l’externe tout comme le besoin de changement de quartier exprimé alors pour alléger les souffrances de Bibi NGota, avaient trouvé auprès du régisseur une fin de non recevoir. Comme si ce dernier « était sous certains ordres », déplorait-elle.
Si le régisseur affirme aujourd’hui que l’accusation de négligence du pénitencier dont il a la charge ne lui incombe pas, l’on se demande alors à qui incombe la responsabilité de changer de quartier pour un détenu malade ?
Au moment où les enquêtes commises par le chef de l’état se poursuivent, ce nouveau rebondissement s’annonce comme le début d’une vérité sur une affaire à suivre.
© Dikalo : FLORIANE PAYO