Cameroun : De nombreux enseignants manquent à l’appel

Cameroun : De nombreux enseignants manquent à l’appel

Cameroun : De nombreux enseignants manquent à l’appelPrès de trois mois après la rentrée scolaire, différentes écoles des localités de l’Extrême-Nord sont sans maîtres.

Hawadak Zanadi, directeur de l’école publique de Mayel Naoudi, située à 25 km au Sud de Maroua ne comprend pas pourquoi les enseignants fuient son établissement comme la peste. «Chaque fois qu’on nous envoie les enseignants sur le papier, on ne les voit jamais physiquement. Pour cette école à cycle complet, nous jumelons les élèves de la Sil et du cours préparatoire dans une classe, ceux des cours élémentaires I et II dans une autre et ceux des cours moyens I et II dans une troisième classe. Nous sommes deux enseignants qui faisons la navette entre ces classes». Sa collègue semble plus dépassée. «Pendant que je laisse un exercice au tableau au niveau I, je vais sonner cours dans l’autres classe et c’est comme ça qu’on se relaie avec mon collègue. Depuis que je suis ici il y a six ans, nous procédons comme ça chaque année parce que les enseignants affectés ici ne se sont jamais pointés», déplore l’institutrice. Ce tableau démontre le calvaire annuel des établissements scolaires, boudés par certains enseignants.

Chaque jour, de nombreux communiqués appelant les instituteurs absents de leur poste de travail et d’affectation émanant des diverses inspections d’arrondissement de l’Education de base sont abondamment diffusés sur les antennes de la station régionale Crtv-Extrême Nord. Cela témoigne à suffisance que de nombreux instituteurs manquent encore à l’appel depuis le 06 septembre dernier, date de la rentrée scolaire. A l’inspection d’arrondissement de l’éducation de base de Mayo Moskota dans le département du Mayo Tsanaga par exemple, ce sont en tout 11 enseignants qui manquent à l’appel.

Une situation qui, de l’avis du délégué régional de l’éducation de base est commune à beaucoup d’établissements scolaires primaire et maternel. «Il y a certains enseignants qui invoquent des raisons liées à l’éloignement des zones d’affectation, à l’éloignement de leur époux, aux difficultés de transport et autres prétextes. C’est récurrent chaque année dans la région de l’Extrême Nord mais nous allons prendre des dispositions pour que ces absents soient sanctionnés conformément à la réglementation en vigueur». Ce qui fait dire à madame Fadimatou Friki, inspecteur d’arrondissement de l’éducation de base de Mora que « J’ai des établissements où il y a jusqu’à trois ou quatre enseignants qui manquent à l’appel».

Pour Bonné Bernard, directeur de l’école publique de Tchouvok, dans le Mayo Tsanaga: «La récente épidémie de choléra qui a menacé la région de l’Extrême Nord a été pour beaucoup. Elle a causé la psychose chez de nombreux enseignants qui avaient peur de succomber à la maladie. Avant même le choléra, les gens du Sud voient le Nord d’un mauvais œil, à combien plus forte raison lorsque le choléra s’est ajouté aux préjugés». Dans son établissement à cycle complet, l’encadrement de la pléthore d’élèves se fait par quatre instituteurs dont deux vacataires.
Mme Ousmana Haoua Hayatou explique pour sa part : «pour l’année scolaire 2008-2009, on avait un ratio de 108 élèves pour un maitre. En 2009-2010, nous sommes à un ratio de 91 élèves pour un maitre. Aujourd’hui, nous avons un déficit de 2 722 enseignants dans le primaire». Même les 1413 enseignants nouvellement contractualisés ne vont pas apaiser les inquiétudes de la communauté éducative.

© Mutations : Jacques Kaldaoussa


01/12/2010
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