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CAMEROUN : DE LA CERVELLE ET DE L´IMAGINATION AU SEIN DES LIONS

A quelques semaines du début du grand rendez-vous quadriennal footballistique de notre planète, Paul Le Guen, le sélectionneur des « LIC » -- Lions  Indomptables du Cameroun --, vient de publier une liste de trente joueurs appelés à remporter le trophée mondial. Si les « LIC » décrochent la timbale en Afrique du Sud, c´est Le Guen qui sera le premier à être comblé de lauriers ; si par contre les « LIC » ne ramènent pas le premier prix au Triangle national, c´est toujours Le Guen qui sera le premier à être voué aux gémonies, d´autant plus qu´il a choisi ses poulains d´une manière autonome.

Nous ne cesserons de marteler que les « LIC » ne pourront ramener le trophée de la Coupe du monde que s´ils pratiquent le « Football Hemlè » pendant ce tournoi. Certains contradicteurs objecteraient que les « LIC » manqueraient de véritable meneur de jeu, de milieu relayeur, capable d´animer le jeu et surtout de faire travailler, d´une manière optimale ou maximale, le compartiment offensif autour d´un Eto´o ou d´un Idrissou, ou de faciliter la mise en place de
 certaines tactiques « efficaces » et en vogue aujourd´hui dans le monde du football.

Ces critiques valeureux ignorent toutefois que tout entraîneur accompli et sagace adopte une tactique particulière en fonction des habiletés, des compétences et des potentialités athlétiques et techniques de ses joueurs d´une part, des forces et faiblesses de l´équipe adverse d´autre part, sans perdre de vue l´objectif que l´encadreur principal  se serait fixé quant à une rencontre précise. Ceci veut dire qu´il incombe à l´entraîneur de résoudre les équations tactiques, athlétiques, techniques, psychologiques et stratégiques posées par l´adversaire du jour. Cette vérité n´a pas encore été assimilée par la plupart des mordus et accros du ballon rond pédestre. Même la majorité des professeurs/entraîneurs de football ne sont pas convaincus que c´est à l´entraîneur que revient la tâche de tirer le maximum de ses poulains, fussent-ils très moyens ; c´est pour cela qu´on entend souvent certains entraîneurs saper le moral, c´est-à-dire l´état d´esprit, de leurs équipes en déclarant les équipes adverses favorites avant même le début de la rencontre.

Par ailleurs, ce qu´on attend généralement d´un animateur de jeu, d´un milieu tournant, créateur ou relayeur, c´est qu´il effectue des passes précises en direction de ses attaquants, c´est qu´il dribble de temps en temps, si besoin est, pour créer plus d´espaces. Aujourd´hui, nous savons qu´Achille Emana dispose de qualités et de potentialités athlétiques et techniques lui permettant de remplir ce rôle et cette fonction. Mais qui est-ce qui doit trinquer si les encadreurs des « LIC » ne lui assignent pas expressément cette mission ou ne lui donnent pas carte blanche ou toute latitude d´assumer pleinement son rôle et sa responsabilité sur la pelouse ? Choupo-Moting peut aussi efficacement participer à l´animation et à la création du jeu des « LIC » aux côtés d´Emana, car le sociétaire de Nuremberg est doté d´une bonne maîtrise du ballon, tout comme de qualités athlétiques et techniques remarquables ; il est dynamique sur le terrain. N´est-il pas curieux de souvent vivre l´incapacité des milieux de terrain des « LIC » à approvisionner les attaquants en passes exquises ?

C´est la raison pour laquelle l´attaque des « LIC » fut totalement transparente lors du dernier match amical Italie – Cameroun à Monaco. Si un milieu de terrain livre un match entier sans être capable de faire une passe précise, décisive et mortelle en faveur de ses attaquants, alors on est en droit de se poser la question de savoir s´il est réellement un footballeur professionnel ou si son entraîneur l´a bien positionné et lui a prodigué les consignes convenables. Ainsi, nous affirmons que c´est à l´entraîneur d´encadrer assidûment ses joueurs afin qu´ils puissent remédier à leurs insuffisances dans les plus brefs délais.

De quelle utilité serait un psychologue qui n´a jamais joué … au football ?

De même, l´édification psychologique des joueurs devrait être assurée par l´entraîneur. Nous nous souvenons d´un entraîneur de la « Première Ligue Fédérale de Football d´Allemagne » qui, redoutant la descente de son équipe, fit récemment appel à une équipe de psychologues. Seulement, cet entraîneur ne s´était pas apparemment posé la question de savoir si ces psychologues universitaires et/ou praticiens étaient aussi balèzes en football, et s´ils savaient quelle partie de la psychologie pouvait être utilisée avec profit au football. En réalité, il existe au moins une approche (heuristique) en psychologie pouvant se révéler très productive dans les disciplines sportives en général et au football en particulier ; tout encadreur sportif devrait être au fait de cette approche. L´intervention de ces psychologues n´arrangea pas la situation de cette équipe. De quelle utilité serait un psychologue qui n´a jamais joué, même en tant qu´amateur, au football ? Il ne pourra pas réussir à se mettre aisément à la place du joueur défaillant et ressentir ce que ce dernier serait en train de vivre, diagnostiquer son malaise ou le blocage qu´il subit et prescrire des solutions idoines.
Le 13 mai dernier, Nuremberg de Choupo-Moting disputait le match aller de relégation contre Augsbourg de Ndjeng. Un professeur de psychologie des sports s´aventura à déclarer à la télévision avant le début du match qu´Augsbourg serait en possession d´un avantage psychologique sur Nuremberg en raison du fait qu´Augsbourg a aligné beaucoup de victoires en « Deuxième Ligue Fédérale» tout au long de cette saison et que Nuremberg a encaissé plus de défaites en « Première Ligue  Fédérale ». L´élément essentiel que l´universitaire a cependant oublié dans son analyse et sa prévision, c´est la différence de classe et de niveau entre la « Deuxième Ligue Fédérale » et la « Première Ligue Fédérale ». Il est évident que cette dernière est nettement supérieure à la « Deuxième Ligue Fédérale ». Nuremberg a eu à rencontrer et à « tutoyer » des équipes plus coriaces et fortes qu´Augsbourg, d´où l´avantage psychologique indéniable des coéquipiers de Choupo-Moting. Ceci s´est vérifié lors de cette rencontre aller. Nuremberg a dominé le match, car les joueurs de cette équipe pensent psychologiquement qu´ils disposent de plus de moyens athlétiques, techniques et tactiques pour venir à bout d´Augsbourg et que ce serait un opprobre que de se faire couler par une équipe de division inférieure, qui, de surcroît, n´a pas pu décrocher directement, à l´instar de Kaiserslautern de Mandjeck, son billet pour la « Première Ligue Fédérale ». C´est à juste titre que le match aller de relégation s´est soldé le 13 mai dernier par la victoire de Nuremberg sur le score de  1 - 0.Toutefois, l´équipe de Choupo-Moting devrait se gaffer et ne pas être outrecuidante lors du match retour ; chaque équipe n´alignera qu´onze joueurs et chaque joueur ne dispose que d´une tête, d´un tronc et de quatre membres.

La balle est actuellement dans le camp de Le Guen et de ses collaborateurs…

 En fait, la formation des professeurs/entraîneurs de football souffre en général d´une insuffisance au niveau de la dimension psychologique. Cette formation ne perdrait rien à accorder une place de choix à la psychologie, surtout à un courant précis de la psychologie que l´auteur de ces lignes ne désire pas révéler ici. Cette remarque nous amène donc à relativiser la formation, le niveau et la compétence de maints professeurs/entraîneurs de football. Certains entraîneurs camerounais ne sollicitaient-ils pas dernièrement le piston de Paul Le Guen pour que ce dernier les aidât à faire des stages en Europe pour se recycler? Nous devons donc comprendre que la baisse du niveau du championnat de football du Cameroun est aussi due au niveau perfectible des professeurs/entraîneurs de ce championnat. L´ «Académie Supérieure de Football », dont la création a été annoncée par l´Edilité suprême du Cameroun, ne pourra résoudre ce genre de problèmes et ceux relatifs au niveau du championnat camerounais que si et seulement si elle se consacre exclusivement à la Recherche interdisciplinaire mais dans l´optique purement footballistique, à la formation pointue des professeurs/entraîneurs et joueurs de football, au développement de l´efficacité des footballeurs du Triangle national.   

Au reste, le succès des « LIC » en juin et juillet 2010 en Afrique du Sud dépendra en grande partie d´un certain nombre de facteurs comme la capacité de Le Guen à faire pratiquer le « Football Hemlè » aux « LIC », adopter une approche dynamique et variée sur le terrain, se regrouper spontanément pour ne pas accorder de faille à l´adversaire, exploiter judicieusement chaque corner, chaque coup franc, chaque tir à distance, le tout sur fond d´intrépidité dans tous les duels et d´athlétisme volontariste et exemplaire. Si cette tactique basique du « Football Hemlè » ne marche pas, on ferait mieux de passer à l´« Attaque tous azimuts ». Si l´adversaire ne cède pas sous l´«Attaque tous azimuts », les « LIC » gagneraient à recourir à la troisième et ultime dimension du « Football Hemlè », sur laquelle votre serviteur n´entend pas s´appesantir ici.  La balle est actuellement dans le camp de Le Guen et de ses collaborateurs, car « tout est possible » avec les joueurs qui ont été choisis, surtout si les encadreurs se triturent les méninges et font preuve d´imagination laborieuse. Si le travail des entraîneurs, encadreurs, professeurs de football et sélectionneurs à travers notre planète a jusqu´ici consisté à chercher la « perle rare » ou le joueur accompli, l´encadreur perfectionniste  sera désormais celui qui sera capable de résoudre les équations athlétiques, techniques, psychologiques, tactiques et stratégiques de ses poulains et de son équipe.

© Correspondance de : Mathias Victorien Ntep est ancien sociétaire de « Sportfreunde Schwanheim »