Cameroun courtisans à l’affût ou Irruption de nouveaux chiens de garde

Dans leurs stratégies d’encerclement du monarque présidentiel vieillisant et dans l’optique de la prise du pouvoir en 2011, pilliers et théoriciens du G11 dont notamment G. Owona, Famé Ndongo, Issa Tchiroma, Biyiti Essam, R. Sadi, L.Esso, Mebe Ngo’o etc., certains grands diplômés et intellectuels de citation font semblant de soutenir  M.Biya. Pourtant, à travers leurs sorties médiatiques et leurs propos grandiloquents ils enfoncent leur “idole” et laissent transparaitre une sorte de délectation morose de ses difficultésils. L'enjeu n'échappe pourtant à personne : la prise et la conservation du pouvoir en 2011.

 

 

 


L'affaire des " Biens mal acquis " et celle des vacances présidentielles dispendieuses à La Baule (France) a fait émergé de nouveaux chiens de garde : Biyiti Minpostel, Issa Tchiroma (Mincom) Fame Ndongo (Minsup) Grégoire Owona (Ministre chargé des relations avec l'Assemblée), du Rdpc... et certains grands diplômés et intellectuels de citation. A travers leurs sorties médiatiques et leurs propos grandiloquents qui enfoncent leur "idole ", ils laissent transparaitre une sorte de délectation morose de ses difficultés. L'enjeu n'échappe pourtant à personne : la prise et la conservation
du pouvoir en 2011.


  A tous les coups, pour distraire les Camerounais, le gouvernement, les membres et sympathisants du Rdpc opposent une réaction évasive lorsque le peuple, les organisations non gouvernementales, la société civile ou les médias l'interpellent sur des questions auxquelles il devrait pourtant s'expliquer. Chacun y est allé de son couplet.

 

C'est d'abord Biyiti bi Essam, alors ministre de la Communication qui ouvre le bal, après la publication du rapport du Comité catholique contre la faim ( CcfdTerre-solidaire) sur les " Biens mal acquis ". Dans son " A propos d'un devoir de vacances " publié dans deux quotidiens de la place, Le Jour et Cameroon Tribune du 26 juin 2009, Biyiti bi Essam estime que " le rapport profite à ses commanditaires [et que] la partie Cameroun vise cependant des objectifs spécifiques finaux, qui sont le signifié ultime de cet étrange Devoir de vacances. Au-delà de vouloir en faire l'impromptu d'une liste en circulation depuis quelques mois, le Devoir de vacances du Ccfd vise à ternir l'image du Président que les Camerounais se sont librement donnés."

 

S'en est suivi la réaction de Réné Sadi, secrétaire général du comité central du Rdpc qui, dans un communiqué de presse a exprimé " l'indignation et la réprobation des militantes et des militants du Parti face à ces amalgames et ces contrevérités destinés manifestement à nuire ". Avant de poursuivre : " Le Rdpc dénonce avec force ces manoeuvres insidieuses de désinformation et de manipulation qui visent à distraire le peuple camerounais de sa marche en avant vers le développement économique, social et culturel, fier à juste titre de ses acquis précieux que sont la paix, la stabilité, l'unité, la démocratie, la justice sociale et le rayonnement international "

 

Le la ainsi donné, militants de base du Rdpc, ministres (même ceux nouvellement promus) et intellectuels organiques du Rdpc sont montés au créneau pour dénoncer le " complot " ourdi par le Ccfd et ses commanditaires. Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication nouvellement promu, a vu derrière cette affaire les mains de la France et des États-Unis qui veulent faire main basse sur certaines ressources naturelles du Cameroun. Des motions de soutien ont été envoyées à qui de droit. Des marches ont été organisées.

 

 


EXPLICATIONS ALAMBIQUÉES

 

On en était encore à spéculer sur l'affaire des " Biens mal acquis " que des journaux français (encore eux), France Inter et Radio Fidélité Nantes, ont une fois de plus, jeté un pavé dans la marre en révélant, le jeudi 27 août 2009, Paul Biya et sa suite impressionnante se reposent dans des Palaces de La Baule. Avec sa suite, ils ont occupé 43 chambres pour un montant journalier d'environ 27,5 millions de F Cfa, soit une dépense totale estimée à plus 650 millions de FCfa.

 

Il n'en fallait pas plus pourque les thuriféraires, ces nouveaux chiens de garde du régime reprennent leurs antiennes. Marie Claire Nnana, directeur de publication de Cameroon Tribune y voit une entreprise de démolition en règle de la crédibilité de Paul Biya orchestrée par des journalistes français " sous prétexte d'exercer leur devoir d'impertinence”. Le Mincom souligne qu'une fois de plus, “le chef de l'État camerounais est victime d'une agression de forces tapies dans l'ombre, qui manipulent les médias même hors des frontières nationales ", avant d'ajouter qu'il s'agit d' " une manipulation qui sert des intérêts malveillants ".

 

Dans la foulée Jacques Famé Ndongo et Gregoire Owona respectivement ministre de l'enseignement supérieur (Minsup) et ministre délégué auprès de la présidence de la République chargé des relations avec les Assemblées entrent dans la danse. Le premier parle d' " un débat moyenâgeux sur le sexe des anges ", tandis que le second demande aux journalistes d'être sérieux et de " prendre le recul nécessaire pour ne pas être complice de la destruction notre beau pays ".

 

Comme à l'accoutumée, intellectuels organiques, militants du Rdpc, retraités, médias et associations des camerounais de la diaspora se sont mis à contribution pour démontrer que les " problèmes des Camerounais sont ailleurs " et Paul Biya est un saint. Et pourtant, son règne est jonché de scandales dans lesquels sa famille et lui ont été impliquées. On comprend la réaction indignée des Camerounais qui estiment que Paul Biya qui a choisi la démocratie comme système de gouvernement doit rendre compte et si possible répondre de ses actes devant les tribunaux.

 

En tant que premier responsable de la sécurité des personnes et des biens, Paul Biya gagnerait à s'expliquer au peuple souverain, au lieu de laisser ses lieutenants, dont les intentions pouvoiristes sont connues, s'embourber dans des explications alambiquées auxquelles ils n'accordent euxmêmes aucun crédit. Cette démarche républicaine a l'avantage, non seulement de renfoncer un climat de confiance entre les dirigeants et les populations, mais aussi de répondre à une exigence fondamentale de gouvernance dans un État qui se veut démocratique.

 

De nombreux précédents montrent plutôt des réactions propres à une monarchie, où le détenteur du pouvoir ne se comporte pas comme un serviteur du peuple. Pourtant les nombreusesfuites en avant n'ont que le mérite d'entretenir la rumeur et de laisser pourrir des situations préalablement gérables, dans le souci bien compris de l'intérêt général.

Jean Bosco Talla  |  Yaoundé  ,  Cameroun   |  Publié le 16-09-2009


17/09/2009
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