Cameroun, Cinquantenaires: De nombreux couacs
Cameroun, Cinquantenaires: De nombreux couacs
Des dérapages de toutes sortes ont été relevés durant les festivités. L'organisation souvent approximative, la gestion financière à problèmes, les conflits entre le secrétariat général et le cabinet civil de la présidence de la République… Belinga Eboutou et Laurent Esso : la guerre. Laurent Marie Esso, ministre d'Etat secrétaire général de la présidence de la République (Sg/prc), est présenté comme le grand absent des festivités marquant les Cinquantenaires de l'Indépendance et de la Réunification du Cameroun. Des préparatifs aux manifestations publiques, il est resté en retrait, invisible ou presque. Comme s'il n'était pas concerné.
Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil de la présidence de la République et président du Comité national d'organisation des Cinquantenaires, n'a pas jugé utile de l'associer à l'événement. Dans les couloirs du palais de l'Unité, il se raconte que la mise à l'écart de ''Lorenzo'' serait due à la haine que se vouent les deux hommes.
Pour preuve, les pagnes des Cinquantenaires ont été distribués dans tous les services rattachés à la présidence, sauf à Laurent Marie Esso et à son entourage immédiat. Le Sg/prc n'en demandait pas plus. Des mauvaises langues prétendent à cet effet que le "longiligne" de Zoétélé tenait à tout prix à écarter le digne fils du canton Deïdo.
Fame Ndongo tronque : les propos d'Ali Bongo
Voici la déclaration du président gabonais : "[…] Nous fêtons aujourd'hui le cinquantième anniversaire, pour dire ma conviction quant au rôle de locomotive de la transformation de l'Afrique centrale qu'est appelé à jouer votre grand pays, le Cameroun." Jacques Fame Ndongo, le rapporteur général de la Conférence de Yaoundé, affirme au contraire : " […] S.E.M. Ali Bongo Ondimba […] a en outre relevé les vertus de l'intégration régionale dans la zone Cemac au sein de laquelle le Cameroun apparaît comme une locomotive naturelle. " Naturel. Ali Bongo n'a pas prononcé ce mot. Ce petit détail apparemment anodin, n'a pas été apprécié dans la délégation gabonaise où on a parlé d'arrogance. Un incident diplomatique qui a été évitée grâce aux assurances données par le président lui-même à son homologue gabonais. D’ailleurs Paul Biya a félicité Jean Ping qui succédé à Fame Ndongo à la tribune, pour “la bonne lecture de son rapport”. C’est tout dire.
Foning perturbe les assises
Pendant la cérémonie d'ouverture de la Conférence de Yaoundé au cours de laquelle le président devait prononcer le discours inaugural, le maire de Douala Ve a voulu comme à son habitude, entonner le fameux "Paul Biya…Notre président…". Elle a été stoppée net dans son élan par le protocole. La pauvre s'est trompée de cérémonie, se croyant dans un meeting du Rdpc. On peut la comprendre. La Conférence de Yaoundé se tenait au Palais des Congrès, siège du Rdpc.
Maman Foning a été frustrée de n'avoir pas chanté la gloire de son idole. Même les inconditionnels du président, ceux qui sont prêts à tuer pères et mères pour garder sa confiance, ont compris que le lieu et l'occasion ne se prêtaient à des effusions militantes. Mme le maire doit patienter. Le congrès ordinaire tant attendu, lui permettra certainement de dire tout le bien qu'elle pense de l'homme dont elle politiquement amoureuse.
Jeune Afrique "croque" plus de 600 millions de FCFA
L'hebdo de la Rue d'Auteuil est l'un des grands bénéficiaires des Cinquantenaires du Cameroun. Sa facture, payée à l'avance, s'élève à 1 million d'euros (655 millions de Fcfa). A titre de comparaison, les journaux locaux ont reçu des miettes. Le Comité national d'organisation a été pingre avec les médias nationaux. Médiacom services a acheté une page par dans quelques quotidiens. Une page revenait en à 280 000 Fcfa. Une misère, comparée à la facture du groupe Jeune Afrique qui a fait feu de tout bois. Les différentes publications du Groupe ont en effet consacré des espaces conséquents au Cameroun. L'hebdomadaire a fait sensation avec une Une intitulée "M. Propre" où on voit le président Biya tous muscles dehors. Afrique Magazine, toujours en Une, évoque les "grandes ambitions" du président. Le Cameroun occupe une place de choix dans "l'Etat de l'Afrique", le hors-série annuel de Jeune Afrique. Un tel intérêt pour le Cameroun ne peut que se justifier par les bonnes affaires que le Groupe a réalisées dans le cadre des Cinquantenaires camerounais.
© La Météo : C.M