Cameroun, Cinquantenaire de l’armée: Paul Biya ouvre le feu sur la dépouille d’Ahmadou Ahidjo
Cameroun, Cinquantenaire de l’armée: Paul Biya ouvre le feu sur la dépouille d’Ahmadou Ahidjo
Une décision du chef de l’Etat fixe la célébration du cinquantenaire de l’armée camerounaise les 29 et 30 novembre à Bamenda. La mémoire d’Ahidjo, mort un... 30 novembre, à nouveau bafouée. Ceux qui font profession de vendre l’image d’un Paul Biya républicain et respectueux de l’histoire du Cameroun doivent avoir perdu leur latin. Tout comme ceux qui ont caressé le rêve des obsèques nationales pour le premier président du Cameroun, mort en exil et inhumé à Dakar au Sénégal, ont été brutalement ramenés sur terre. Paul Biya a choisi d’agrandir les blessures du passé au lieu de travailler à les fermer. Le successeur constitutionnel d’Ahmadou Ahidjo a démontré une fois de plus qu’il est dépourvu de « grandeur », assène un opposant. « Fais célébrer le cinquantenaire de l’armée un 30 novembre n’est pas anodin, puisque c’est aux forces de défense, restées fidèles à la République, que Paul Biya doit son maintien au pouvoir, après l’insurrection armée d’avril 1986 », commente le politicien.
Dans son sillage, l’on peut en déduire que le choix de Bamenda, comme ville hôte du cinquantenaire de l’armée n’est pas pure coïncidence. L’histoire raconte que le Rdpc-parti au pouvoir a été créé le 24 mars 1985 à…Bamenda, sous les cendres de l’Unc d’un certain… Ahmadou Ahidjo. « Biya est un dictateur au petit pied. Sans âme et sans morale. C’est ahurissant ! Ce monsieur ne se rend jamais aux obsèques de ses collaborateurs, même de ceux réputés les plus proches. Le Cameroun est entre les mains de Satan et de ses disciples », fulmine un nostalgique d’Ahidjo.
Fâché contre un « mort » ?
De source proche de la présidence de la République, Paul Biya n’aurait pas cherché à ‘’choquer les Camerounais en fixant le cinquantenaire du 29 au 30 novembre. Sa décision, il l’a prise sans arrière pensée’’. Toutefois, le fait que le 30 novembre date anniversaire du décès de son devancier à la magistrature suprême soit choisi pour célébrer l’armée prête à polémique.
Rappelons que le jeudi 30 novembre 1989, il est 17h 30 quand Ahmadou Ahidjo est foudroyé par une crise cardiaque dans sa maison située sur la corniche de Dakar, le long de l'océan Atlantique. Il avait 65 ans, dont 25 passés à la tête du Cameroun. A Yaoundé, un communiqué laconique annonce le décès de l'ancien chef de l'État sur les ondes de la radiotélévision, et puis rien ! 21 ans après, sa dépouille repose toujours à Dakar.
Trahir par les siens ?
En signant le texte, le locataire du palais d’Etoudi s’est placé en porte-à-faux avec ses convictions officielles, notamment celles relatives à la construction de l’unité nationale. D’où l’interrogation suivante, Paul Biya est-il mal entouré ? Celui-ci n’aurait que signé un texte préparé pas ses conseillers. L’ont-ils abusé sciemment ou ces éminences grises grassement payées sont-ils analphabètes de l’histoire du Cameroun ou bien incapable d’appréhender la symbolique des dates ? Selon des indiscrétions, le chef de l’Etat aurait réalisé a postériori son ‘’erreur’’. La question d’une modification de la date du cinquantenaire de l’armée aurait taraudé l’état-major présidentiel. Des dates de substitution auraient même été suggérées. Mais Biya, à en croire une source fiable, aurait tranché en faveur de la première date, s’installant ainsi dans l’erreur. Il est à noter que ces derniers mois, Biya aligne bourde sur bourde. Le chef de l’Etat avait été pris en flagrant délit d’illégalité en signant un texte nommant un secrétaire général à la Chambre d’Agriculture. Or, la loi accorde cette prérogative au conseil d’administration de la structure, jamais à une institution tierce. Quelques jours plus loin, le président, avec la bénédiction de ses conseillers juridiques, avait oublié de prendre un décret constatant la mise en place effective d’Elections Cameroon (Elecam). Aujourd’hui, le pari présidentiel de faire tenir du 9 au 14 décembre à Ebolawa le comice agro-pastoral apparaît de plus en plus fou. Les retards pris dans le démarrage des travaux sont énormes, pour être rattrapés en cinq petites semaines. Les rumeurs sur un report du comice d’Ebolawa alternent avec celles sur le dessein du gouvernement d’offrir ‘’à la région d’origine du chef de l’Etat’’ un comice au rabais. Nous y reviendrons !
Rappelons que le cinquantenaire de l’armée, dans l’air depuis le 04 décembre 2009, se célèbre à Bamenda les 29 et 30 novembre sous le thème : « Armée camerounaise et Nation, cinquante ans de symbiose exemplaire au service de la paix, de l’intégrité territoriale et du développement, gages d’un Cameroun prospère et émergeant ». La date de la dite commémoration n’a été rendue publique que le 15 octobre dernier à Yaoundé. Mais, elle est déjà la cible de tirs nourris !