Cameroun : Après les avoir lachés, le maire de Yabassi enfonce Akere Muna et Maurice Kamto
Source : Camerounlink 26 03 2019
Romain NONO
Alors que la coalition continue de protester contre le « hold-up électoral », Jacques Maboula, le maire de Yabassi dans le département du Nkam, ancien coordinateur de la plateforme Now d’Akere Muna lors de la présidentielle 2018 au Cameroun et donc soutien du candidat Maurice Kamto, fait une sortie contre le « manque de stratégie » du MRC qui aurait conduit à la victoire de Paul Biya.
Des choix ont été fait, le président Paul Biya a gagné. Maintenant il faut se préparer pour un bel avenir politique.
Je déplore l’arrestation des hommes politiques et je souhaite vivement qu’ils soient libérés. On ne saurait occulter le fait que nous sommes allés à l’élection présidentielle sans organisations techniques et financière. J’étais président de la plateforme, à 48 h des élections, j’ai tiré la sonnette d’alarme. Que nous n’ayons pas d’observateurs, ni de scrutateurs et ça risque d’être un préjudice face à un pouvoir qui a un appareil électoral très subtil. Il est important, si on veut aller aux contentieux, d’avoir tous nos procès-verbaux. Mais je pense que ça pas été la priorité de mes collaborateurs à cette époque. Je connais comment ça se passe et quand j’ai vu les signaux, j’ai dit que nous étions au rouge. Dans plusieurs bureaux de votes, nous n’avons pas pu produire les procès-verbaux. Ceci dit qu’on a perdu les élections parce qu’on n’a pas mis les homme qui fallait là où il fallait etc. Sur des bases purement subjectives, jusqu’aujourd’hui même le Pr Kamto, qui dit avoir gagné, nous on n’a jamais vu les statistiques de sa victoire. Mais il se trouve lors de la crise électorale, il n’avait que 5000/25.000 procès-verbaux et je me demande s’il faille arrêter la vie d’une Nation juste parce qu’on veut faire entendre sa voix.
En tant que maire qui connait les problèmes de ma ville, maitre d’ouvrage qui connait ce qu’il y a comme urgence. 7 années de perdu peuvent être suicidaire. Je me suis dit que les hommes et les femmes qui gagnent leur vie au jour le jour, qui nourrissent leur famille demain avec ce qu’ils ont gagné à la veille. Imaginons que suite à ces appels, la marche, le hold-up, subitement la Nation se trouve bloquée à cause des villes mortes et tous ces activités de revendications. Que deviennent toutes ces familles ? A quel coût ? Combien de temps ces marches vont durer ? J’ai trouvé que c’est une obsession de gloire et je crois que la politique ne s’arrête pas avec une élection.
On doit tirer les leçons d’une élection pour préparer les prochaines. Sans toutefois paralyser l’Etat et la Nation. Offrir de l’eau, construire des routes et écoles à un village sont des bonnes choses. Mais empêcher qu’on continue de construire parce qu’on est à la fin d’une élection, c’est de l’obsession de gloire. Je pense qu’il y a eu apprentissage de la part du MRC, ils ont démontré qu’ils n’avaient pas d’expérience politique et la politique c’est une école. Face à un régime aussi puissant que rude qu’est le RDPC, on ne viole pas impunément la loi. Moi-même j’ai été empêché de tenir des réunions ici. Je savais que si je tenais tête, j’étais en train d’enfreindre la loi. Et Dieu seul sait la récupération qui va être faite. Je crois que Kamto a été mal conseillé, en tant que juris- te, il n’aurait pas dû défier l’au- torité de l’Etat. Surtout dans un contexte où il y a déjà des crises anglophones et autres, où l’Etat est déjà à genou. Lui- même il a prêté le flanc à ceux qui aujourd’hui se réjouissent du fait qu’il n’ait pas respecté la loi. Je pense que l’opposition a foiré, en ne s’organisant pas financièrement, techniquement et opérationnellement. Une élection présidentielle c’est du costaud et du sérieux, ce n’est pas de la rigolade. Rien avoir avec une élection locale. Quand-t-on se lève un matin pour dire qu’on est candidat à l’élection présidentielle, on doit jauger la profondeur de ses racines. Ce n’est pas une affaire émotionnelle. Aujourd’hui vous remarquez parce qu’on en fait une affaire émotionnelle, ça prend des dérives de clans et de tributs, alors que ce n’est pas ça qu’il s’agit. Il s’agit des Hommes qui ont décidé de devenir président, c’est aussi du leadership. Imaginez qu’à la suite de la crise anglophone, la marche blanche ait conduit à des dérives où on constate des casses, viols…
comment faire pour réparer tout ça ? A mon sens, c’est une erreur tactique et stratégique pour le MRC. On les souhaite de sortir de prison, de cicatriser les blessures et d’envisager la politique dans l’apaisement et dans la réconciliation.
Source : Actu Cameroun