Cameroun, Alternance, G11: une symphonie qui s’achève derrière les barreaux
Cameroun, Alternance, G11: une symphonie qui s’achève derrière les barreaux
Selon certaines sources, les arrestations des barons du régime dans le cadre de l’opération d'assainissement baptisée "épervier" a fait des pertes énormes dans les rangs de la génération 11 autrement connue sous le vocable G11. Ceux-ci sont inculpés ou condamnés pour des détournements de fonds qui se chiffrent en milliards de FCFA. Une situation qui a le mérite de révéler les multiples abominations qui se trament sous le régime de celui qui a longtemps prôné « rigueur et moralisation ». Du coup, la nébuleuse de la succession est relancée.
L’on apprend que la succession avait été planifiée par la G11, une coalition qui réunissait dit-on, des ministres en vue, des directeurs généraux de sociétés d'Etat et des officiers de l'armée.
Ces gens à qui la clameur publique prête des fortunes trop rapidement amassées et un goût immodéré du pouvoir, se réunissait souvent à Yaoundé, pour mieux se préparer à s'emparer des rênes de l'Etat à la fin du second septennat de Paul Biya...en 2011, justement. Mais tout le monde ne croit pas à cette histoire de G 11 qui ne serait donc qu'une fabrication des officines de renseignement, prétexte aux règlements de comptes politiques. Ceux qui en parlent, mettraient ensemble des gens qui, tout ayant appartenu au même gouvernement ou au même régime, se détestaient cordialement au point de se mener une sorte de guerre civile psychologique.
Difficile, dans ce cas, d'envisager qu'ils auraient pu aller à la conquête du pouvoir, la main dans la main.
Et puis qui aurait été assez fou, sinon aveuglé par l'argent facile, de croire que Paul Biya abdiquerait pour les beaux yeux de la G 11 ? « Il ne faut absolument pas se tromper là-dessus ; le dauphin de Biya, c'est Biya », Tant pis pour la génération 2011 qui ne l'avait pas compris et qui s'en mord aujourd'hui les doigts aux cachots du désespoir. Il s'agit de ces cadets de la république que le prince appela à ses côtés il y a une décennie et qui étaient jusqu'à il y a encore quelques mois, voire quelques années, ses ministres essentiels et ses principaux collaborateurs. Certains parmi eux ont été si proches du ??, pour ne pas ambitionner de s'en emparer. D'avoir joué les premiers rôles dans un pouvoir paresseux, leur avait donné la légitimité de penser devenir le patron d'un pays qui s'accommode d 'un tel pouvoir.
Cela étant, si la course à l'après Biya doit être arbitrée par le peuple, la Génération 2011 part avec de nombreux défauts. Le premier, est quelle n'avait pas de leader mais de nombreux prétendants qui se voyaient chacun dans le costume du président. Plus on se rapprochait de l'échéance, plus les coups bas qu'ils se donnaient, gagnaient en intensité. Les fameuses listes d'homosexuels et de milliardaires, publiées par la presse, tout comme l'histoire de la G11, participent de cette guerre civile psychologique au cœur de la Biyarie. René Philombe le disait si bien: quand les moutons auront disparu, les panthères mangeront les panthères. Les moutons, ici, ce sont les leaders de l'opposition.
Aujourd'hui, la Génération 2011, est celle de l'Opération Epervier. C'est elle qui a érigé l'enrichissement facile sur le dos de l'Etat, en modèle de réussite sociale. Elle n'a pas assez démontré que le pouvoir l'intéresse moins pour ses délices que pour le service de la nation. Elle n'est pas assez crédible pour représenter l'alternative que l'on attendait au-delà de la succession ou de l'alternance. Il n'y aura personne pour la pleurer, elle est bien là ou elle est, entre les barreaux.
© Aurore Plus : DALLE NGOK PIERRE