Cameroun: Addec On repart sur de nouvelles bases
Cameroun: Addec On repart sur de nouvelles bases
Une convention de l’association estudiantine s’est tenue le week-end dernier, à Yaoundé.Conformément à ses statuts qui veulent que le bureau exécutif soit remplacé tous les deux ans, la quatrième convention de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec) tenue les 27 et 28 août 2010 à la Librairie des Peuples noirs à Yaoundé, a donné lieu à un nouveau bureau exécutif.Désormais, Hervé Nzouabet, l’ex secrétaire à la communication de l’organisation, présidera aux destinées du mouvement estudiantin pour les deux prochaines années. En remplacement de Blaise Ngono qui, appelé à poursuivre ses études à l’étranger, a permis à André Benang gérer un peu plus d’un an de vacance.
Il faut donc admettre avec l’Addec que «la
tradition a été respectée». A la satisfaction de Mouafo Njontu, le tout
premier président de l’Addec : «je suis très heureux de constater
aujourd’hui que six ans après, il y ait toujours des étudiants comme
nous, qui ont compris le bien fondé de la libération de la pensée. Et
c’est ça le combat de la libération de la pensée», se réjouit l’homme
qui ne manque pas de revenir sur les fondements de l’Addec : «en 2004,
nous avons pensé qu’il n’était plus question de revendiquer les
toilettes ou les billets de restaurant, mais de restaurer la liberté de
pensée, le droit de réagir, le droit à l’argumentaire, et c’est dans la
conflictualité d’idée que l’on parvient à construire une société. Et
c’est ce sentier qui avait été bâti», relève-t-il. Une mission qui
n’avait pas été facile pour les fondateurs qui se sont illustrés par
cette grève d’une semaine qui paralysa la presque totalité des
universités d’Etats du Cameroun en 2005, prenant au passage le risque de
faire asseoir à même le sol, Jacques Fame Ndongo, le ministre de
l’Enseignement supérieur.
Charte de l’étudiant
Le socle était ainsi posé, mais le fardeau était certainement lourd à
porter pour les successeurs. Mouafo Djontu le reconnait en se disant
«pas surpris qu’il y ait eu à un moment donné un ralentissement dans
l’évolution de ce mouvement». Pour autant, l’ex leader estudiantin
observe que les membres du nouveau bureau sont «des personnes qui
étaient animés par le débat d’idées et non le débat de personne».
Soutenant que «les esprits d’élite discutent des idées, les esprits
moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des
personnes». Avant de conclure que le nouveau bureau de l’Addec fait
partie de la première catégorie.
En tout cas, avec Cyrielle Sape, le nouveau secrétaire général, les
nouveaux maîtres de l’Addec savent qu’ils n’ont «pas le droit de
faillir». Et le premier chantier de la bande à Nzouabet est celui de
l’extension du mouvement à l’ensemble des universités d’Etat. Il va
falloir casser les barrières de l’administration qu’ils voient devant
eux dans cette ambition. En attendant, la convention d’août 2010 a
accouché d’un projet de Charte de l’étudiant. D’après Hervé Nzouabet,
«il s’agit d’un document qui défini le statut de l’étudiant camerounais,
ses droits et ses devoirs qu’il soit de l’université publique ou
privée, sa place dans la société». Une réponse au statut de l’étudiant
camerounais proposé il y a un an par Jacques Fame Ndongo et que l’Addec a
rejeté.
C’est que «l’Addec n’est pas seulement un mouvement de revendications et
de grèves, mais qu’elle est une force de pensée, une force de
propositions pour la création d’une nouvelle ère où la pensée sera
effective à l’université», peut se vanter Mouafo Njontu. D’autant plus
que, pense-t-il, «l’université dans un pays sérieux doit être en
avant-garde du développement, et c’est ça le combat de l’Addec».