Cameroun : À malin, malin et demi

Cameroun : À malin, malin et demiÀ la surprise générale l’homme-lion est rentré au bercail, plus vite que de coutume, certainement ragaillardi par une visite de compte rendu « en métropole » qui s’est pour le moins bien déroulée. Pas d’incidents majeurs à signaler. Il est évident que le Président a été conforté dans sa position de Gouverneur de territoire et encouragé dans ses désirs de proroger son bail à la tête de l’État en tant que « président à vie ».

Les stratèges du Président, incluant les nombreuses officines de communication, sécurité…, et j’en passe croient avoir trouvé la parade pour faciliter l’énième réélection du Président du RDPC.
Paul Biya qui gouverne par la ruse, reconnaissons-lui son talent de prestidigitateur politique, est convaincu qu’il a atomisé son opposition, vassalisé ses alliés et discipliné ses camarades-militants du RDPC, prépare tranquillement les échéances à venir.

Nous avons aujourd’hui la certitude qu’il serait difficile de battre Biya à la prochaine présidentielle qui aura lieu en décembre 2009? mars 2010? novembre 2011? Les opposants ne disposant pas de moyens comparables à ceux du parti au pouvoir. Quel qu’en soit les apparences la fonction publique Camerounaise demeure intégrée au RDPC et un Directeur, Ministre, Recteur… constitue de fait un cadre du parti-État.

Nous sommes convaincus que la renaissance de notre pays ne viendra pas du RDPC, car la peur règne en son sein. Personne n’oserait s’opposer au génie de Mvomeka, son ancien médecin pourrait en témoigner. Nous avons rêvé d’un mouvement réformateur qui eût germé en son  sein et éventuellement fait dissidence, affaiblissant ainsi le parti au pouvoir et facilitant la mise en place d’une coalition qui aurait pavé la voie vers un changement de régime. Pure utopie.
Rendons hommage à ceux qui se sont battus pour la liberté de notre pays. Rudolf Douala Mange Bell, Martin Paul Samba, Ruben Um Nyobé, Ossendé Afana, Félix-Roland Moumié, Ernest Ouandié, Abel Kingué et tous ceux qui ont payé le prix ultime pour notre libération de l’état d’esclavage dans lequel la métropole nous maintenait.

Reconnaissons également la contribution notable de ceux qui ont eu le courage bien des années plus tard de s’opposer au parti-État. John Fru Ndi, Woungly-Massaga, Jean Jacques Ekindi, Célestin Monga, Puis Njawé et ceux que nous n’avons malencontreusement pas cité…

Aujourd’hui, il est évident que le statu-quo qui règne au sein de l’opposition enchante le RDPC qui clame haut et fort qu’il n’y a pas d’alternatives crédibles à Paul Biya. La vérité est que rien ne s’opposera à la réélection de Biya si nous ne rusons pas comme lui. Rien ne stoppera le Président si l’opposition se présente en rang dispersé. Rien n’empêchera le Chef de l’État de remporter les prochaines élections s’il a face à lui les mêmes opposants, qui ne leur en déplaisent, lui servent d’alibi.

Le Président Paul Biya a un bilan mitigé :

Notre pays souffre d’une absence chronique d’infrastructures. Où sont les routes, ponts, hôpitaux, universités, infrastructures sportives, conduits d’eaux et d’électricité, logements sociaux… que l’on peut espérer d’un Gouvernement qui prétend travailler pour le Peuple ;

Yaoundé et Douala, capitales politique et économique d’un pays riche en pétrole et autres matières premières,  sont un cran en dessous d’autres villes-phares Africaines telles qu’Accra, Dakar, Abidjan, Nairobi, Abuja. .. ;

Nos bijoux de famille sont bradés à des investisseurs étrangers (nous voulions dire français) ;

Le manque de structures d’enseignement dignes de ce nom aura un impact certain dans le futur. À l’heure d’Internet, la plupart de nos enfants n’ont jamais vu de leurs propres yeux un ordinateur. Notre jeunesse est certainement mal outillée pour compétir avec les générations X et Y d’Occident et d’Asie. C’est d’ailleurs à ce niveau que réside le plus grand danger à notre indépendance. Si nos enfants ne sont pas préparés à affronter le futur, nous sommes condamnés à être dominés à jamais par les autres peuples qui préparent l’avenir.

Notre jeunesse s’expatrie à un rythme alarmant. Ne soyons pas surpris que ceux qui partent soient remplacés par les Chinois qui arrivent en force et en nombre.

Le régime Biya dont le seul objectif est de se maintenir au pouvoir à tout prix, les familles de nos enfants tombés lors des émeutes de février 2008 pouvant en témoigner, n’a aucune ambition, aucune vision et fait preuve d’un total désintérêt pour le Peuple. Nous avons été choqués d’entendre notre Ministre de l’Économie et des Finances, ancien du FMI, annoncé que l’emprunt réalisé auprès du FMI par le Gouvernement Camerounais était justifié par le faible taux d’intérêt offert. La véritable question n’est pas de s’endetter, mais de savoir pourquoi l’on contracte une dette. Si le Ministre avait justifié cet emprunt par l’annonce de la construction d’une autoroute entre Douala et Yaoundé ou la construction d’un barrage d’hydro-électricité, il n’y aurait eu aucune polémique, car la dette est une partie intégrante d’une stratégie financière.
Tournons-nous vers le futur et dressons le portrait du compatriote qui empêcherait Paul Biya de tourner en rond. Le héros qui rallierait le vote des Camerounais de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Le pacificateur qui s’imposerait naturellement aux leaders de l’opposition. Le salvateur qui porterait l’espoir des millions de jeunes chômeurs de Ntaba à New Bell. L’homme dont la stature tourmenterait les hiérarques du RDPC. Le bienfaiteur qui permettrait aux esprits rebelles du parti-État de faire dissidence pour barrer la voie au Prince de la Ruse.

Respecté sur le plan international, reçu comme un Chef d’État durant ses tournées, crédible au vu de ses réalisations, impartial de part la nature de ses fonctions, fin diplomate et manager éprouvé, Monsieur Issa Hayatou, Président de la Confédération Africaine de Football est le seul Camerounais capable de battre Paul Biya à plate couture en 2009, en 2010, en 2011 ou en 2012.

Monsieur Issa Hayatou, le Peuple Camerounais vous appelle solennellement à prendre vos responsabilités.
À malin, malin et demi.

© Correspondance de : Serges Tambaré
Paru le 06-08-2009 00:26:42


06/08/2009
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