Cameorun - Saïdou Maïdadi (UNDP): «Nous allons battre le RDPC et TCHIROMA à plate couture»

Yaoundé, 05 Août 2013
© GUIBAI GATAMA | L'Oeil du Sahel

Candidat Undp aux législatives dans la circonscription électorale de Bénoué Ouest.

Vous êtes candidat à la députation sur la liste Undp dans la circonscription de la Bénoué-Ouest. Comment avez-vous réussi à vous imposer alors même que vous veniez à peine de rejoindre votre nouvelle formation politique?

Si j'ai rejoint l'Undp en janvier 2012 seulement, c'est parce que c'est un parti que je connais très bien et dont j'ai suivi toutes les péripéties depuis la création. La plupart des responsables de mon nouveau parti me connaît également très bien et n'ignore pas mon militantisme dans l'opposition et mes multiples interventions et prises de position. Beaucoup d'entre eux étaient derrière moi depuis 1991 pour que je rejoigne les rangs de l'Undp mais Dieu ne l'a voulu qu'en janvier 2012. Ma décision de rejoindre l'Undp a été bien évidemment très appréciée par les militants et responsables du parti et j'ai eu à me le convaincre par les innombrables coups de téléphone et messages de sympathie que j'ai reçus ainsi que lors du congrès de Yaoundé qui a suivi mon adhésion.

Beaucoup de responsables du Parti m'ont vraiment encouragé et guidé vers cette candidature. Je peux conclure en disant que je ne me suis pas imposé par moi-même puisque je suis entré à l'Undp sans condition et que le parti a estimé que je pouvais apporter un plus à ces élections.


Vous ne ressentez tout de même pas un petit malaise chez vos camarades. Celui d'être venu prendre la place de vieux militants qui mouillent le maillot depuis? Auriez-vous par exemple été candidat s'il y avait eu des primaires au sein de votre parti?

Dès mon adhésion et fort de ma qualité de membre du comité central, je suis allé à la base organiser des by Savings Wave">rencontres avec les responsables des sous-sections, véritables animateurs du parti. Ils ont compris la pertinence du discours que je leur ai tenu et ont apprécié l'engagement et la détermination qui m'animent. Le prétexte de vieux militant ne tient plus de nos jours. S'il y a lieu que le parti reconnaisse et félicite la place et les combats que les anciens ont menés, il y a également lieu qu'ils se rendent compte que les résultats du parti déclinent depuis peu à cause de la routine et de l'usure du temps, preuve que les anciens ont besoin d'être épaulés. Les électeurs de leur coté sont fatigués de voir toujours les mêmes têtes aux mêmes postes, surtout celles qui ont échoué par le passé. Ceci est d'ailleurs valable pour tous les autres partis.

L'Undp est appelée à grandir s'il veut arriver à ses objectifs initiaux qui sont la conquête du pouvoir d'Etat. Pour ce faire, il doit recruter en quantité mais également en qualité. Pour encourager les gens à venir, il faut leur donner des garanties qu'ils ne seront pas bloqués, marginalisés ou défavorisés à cause de leur défaut d'ancienneté. En toute honnêteté, je constate que notre parti manque cruellement de Cadres de haut niveau et il doit urgemment corriger cela. Le prétexte de l'ancienneté est l'arme des faibles et des incompétents. Quelqu'un de vraiment compétent ne peut pas redouter l'arrivée d'un nouveau. Mon investiture aux législatives encouragera à n'en point clouter beaucoup de compatriotes à nous rejoindre. Et c'est tant mieux pour le parti.

Le malaise dont vous parlez existe bien évidemment parce que j'ai certainement pris la place de quelqu'un qui avait à juste titre les mêmes ambitions, mais il me semble que demander depuis combien de temps est-on dans le parti pour prétendre à un poste électif est la mauvaise question à poser; la bonne serait de savoir ce que le nouveau militant peut', apporter de plus au parti. Depuis mon arrivée à l'Undp, proposé mes services à nos députés pour préparer ensemble leurs interventions et cela semble avoir été très apprécié aussi bien d'eux que de leurs collègues députés.

Comme je l'ai fait remarquer, pendant plus d'une année, j'ai travaillé avec la base en prévision d'éventuelles primaires. C'est fort de ce travail satisfaisant par ailleurs que je m'étais préparé à affronter ces primaires. Le parti en a décidé autrement.


Selon la liste rendue publique par Elecam, l'on sait qu'il y a quatre listes en compétition dans votre circonscription. Quel regard portez-vous sur vos concurrents?

Notre parti a incontestablement la liste la plus forte. A tout point de vue. Deux partis politiques ont en principe la chance d'avoir quelque chose. L'Undp et le Rdpc dans cet ordre. Malheureusement, la liste du Rdpc est très faible, fragile et facilement destructible lors de la campagne. Et je m'y emploierai.

Les autres vont faire de la figuration. Le Sdf tout au plus va doubler son score de 2007 de 1676. Ce ne sera pas suffisant parce que constituant moins de 5% des suffrages. Le Fnsc, avec la présence de Tchiroma au gouvernement et en tête de liste, fera une meilleure percée mais pas suffisamment importante pour ébranler l'Undp ni le Rdpc. Il pourra tripler ses 3796 voix de 2007 pour obtenir un peu plus de 5% mais arrivera en 3ème position.


Vous êtes second sur la liste. Avec autant de concurrents, est-ce que honnêtement vos chances ne sont-elles pas compromises... Ne craignez-vous pas un éventuel partage de sièges qui vous laisserait sur la touche?

Je ne suis pas un philosophe mais bel et bien un rationnel qui collecte des données, analyse, programme et planifie. Les données actuelles en ma possession me convainquent que mes chances ne sont en rien compromises parce qu'il n'y aura pas de partage de sièges. L'Undp a potentiellement toutes les chances de prendre les deux sièges. Le reste est une question de stratégies, de discours, de programmes et de moyens de campagne.

L'Undp part avec un premier avantage. Jusqu'à cette élection, ce sont les responsables du Rdpc qui définissaient les listes électorales, ce qui permettait au parti des flammes de gagner d'une courte tête puisqu'on refusait l'inscription à la moitié au moins des militants et responsables de l'Undp. Les listes actuelles font comprendre qu'il y'a plus de 120 000 nouveaux inscrits dans la Bénoué entre 2007 et 2013 (80 000 à Bénoué Ouest et 40 000 à l'Est) et l'étude minutieuse de l'état des inscriptions montre à souhait dans quelles zones ont eu lieu les dites inscriptions.

Si nous menons une bonne campagne, c'est-à-dire avec les moyens conséquents, il n'y a aucun problème qu'on passe la liste entièrement.

Le deuxième avantage tient au discours de campagne. On Pourra y revenir tout à l'heure.


Vous avez l'honneur de concourir contre un ministre en fonction, Issa Tchiroma, que vous connaissez particulièrement bien qui se trouve dans des dispositions différentes que celles de 2007 que vous évoquiez tantôt. Est-ce que sa candidature de 2013 ne vous fait pas peur?

Pas du tout. Issa Tchiroma que je connais particulièrement bien comme vous le précisez à juste titre et avec lequel je n'ai jamais eu de problème comme vous le savez est un grand politicien et un brillant orateur. Son seul handicap est qu'il est a la tête d'un parti qui n'est pas bien structuré. Les partis qui gagnent les élections sont des partis bien structurés, présents partout. Il n'y aura pas suffisamment de structures du parti pour relayer le discours du leader même si celui-ci est très bon. Encore qu'il ne le sera pas.

Il mettra certainement beaucoup de moyens mais cela ne suffira pas ses militants parlent déjà d'un financement spécial venu d'un pays voisin; ce qui est même contraire à la loi et incompréhensible puisque le pouvoir lui donne tous les moyens S'il prend des moyens ailleurs, c'est peut-être pour combattre ses mentors!

J'admire le courage de mon ami Tchiroma mais il y a toutes les chances qu'il n'obtienne qu'un poste de conseiller municipal à Garoua 1er, s'il y a partage bien évidemment. Pour devenir député, il lui faut remplir deux conditions : arriver devant le parti de son patron -ce que ce dernier n'appréciera pas forcément- et que l'Undp perde le 2ème siège: celui que je convoite. La bataille se passera par conséquent entre lui et moi et non entre lui et le Président de l'Undp qu'il déclame partout comme son challenger. Je compte beaucoup sur les populations de la Bénoué pour les représenter et les défendre alors que Tchiroma compte sur elles non pour les défendre mais plutôt pour défendre Paul Biya et son poste de Ministre.


Son parti, le Fsnc, est quand même issu de la mamelle Undp. Sa candidature ne va-t-elle pas effriter en priorité votre électorat traditionnel?

Le problème de Tchiroma viendra justement de là. Tous ceux- qui ont quitté la grande famille sont considérés par la base comme des traitres et traités comme tel. Ils n'ont jamais pu décoller: suivez mon regard! Tchiroma va donner à cette base la possible de lui régler définitivement son compte. En perdant les législatives, il quittera à n'en point douter le gouvernement et sa sortie signera l'arrêt de mort du Fnsc. Les populations de la Bénoué ont l'opportunité de solder tous les comptes en même temps. Seule la disqualification abusive des listes de notre parti peut permettre à Tchiroma de rêver.


L'Undp et le Fsnc sont tous deux allies au Rdpc, avec le même attachement à la politique du chef de l'Etat. Qu'est-ce qui va vous différencier véritablement sur le terrain lors de cette campagne?

L'Undp et le Fsnc sont dans des situations diamétralement opposées. L'Undp en tant que formation politique a signé une plateforme de gouvernement écrite et dûment .signée par les hauts responsables des deux partis. Je précise que Paul Biya n'en est pas signataire. Cette plateforme lie deux formations politiques pour assurer la paix et la stabilité du pays et ne fonctionne que dans le cadre d'un gouvernement issu d'une élection présidentielle. L'Histoire retiendra d'ailleurs que seule l'Undp a tenu ses engagements mais c'est un autre débat qui sera rouvert en temps opportun. Ceux qui n'ont pas perdu de vue ce qui s'est passé aux dernières sénatoriales dans l'Adamaoua peuvent aisément comprendre qu'il n'y a pas de collusion entre l'Undp et le Rdpc. Contrairement à d'autres, notamment le Fsnc.

Tchiroma pour sa part n'a signé aucun papier avec le pouvoir. Il a juste décidé, de son propre chef, de devenir le griot de Paul Biya, le ménestrel du Roi au grand mécontentement des cadres du parti au pouvoir qui crient à l'imposture et à l'usurpation de rôle.

Nos deux situations nous différencient fondamentalement. Le discours de campagne également.


Beaucoup reconnaissent que vos chances n'ont jamais été aussi grandes d'entrer à l'hémicycle que lors des prochaines élections. Allez-vous surfer sur les affaires Marafa et Iya Mohammed qui plombent l'atmosphère dans la Bénoué en particulier pour forcer votre destin?

Bien évidemment. Et je voudrais rappeler ici que pendant des années, j'ai défendu les couleurs d'un parti tout en sachant pertinemment que je ne pouvais même pas être conseiller municipal. Vous comprendrez alors que ce n'est pas le poste qui m'intéresse mais parce que faisant de la politique par conviction et par passion, je m'évertue tout simplement à apporter ma modeste contribution dans le combat pour le changement.

Les affaires de Marafa Hamidou Yaya et d'Iya Mohammed comme vous les appelez n'ont pas été créées par- l'Undp. Qu'elles rapportent quelques bénéfices à notre parti, ce ne sera par conséquent pas de notre fait ni de notre faute.

Ce que je vais dire ici n'engage que moi. Ce ne serait certainement pas le discours du Président national de notre parti et vous allez comprendre pourquoi. Parce que président national du parti et candidat naturel à la présidentielle, Maigari Bello Bouba a la charge de la prise en compte de l'intérêt général du parti et des Camerounais dans leur entièreté puisqu'ayant vocation à solliciter les suffrages de l'ensemble des Camerounais pour une élection majeure. Nous n'avons donc pas les mêmes compétences et ambitions. Pour ce qui me concerne et je tiens à le souligner, j'ambitionne entrer à l'Assemblée nationale, donc à solliciter les voix des citoyens de la seule circonscription de Bénoué Ouest. Seules leurs préoccupations m'intéressent dans le cadre de cette élection. Même comme il est dit qu'un député est député de la nation, il n'en demeure pas moins qu'il n'est élu que par les citoyens de sa circonscription. Il est député de la nation parce que les lois qu'il propose ou qu'il adopte sont applicables à l'ensemble de la nation.

Pour qu'il soit député, il faut gagner les législatives. Pour les gagner, il faut que son discours cadre avec les soucis des électeurs.

Marafa et Iya sont très proches de moi. Je ne me limiterais d'ailleurs pas à ces deux cas, il y a également Mme Haman Adama et bien d'autres encore. Ce serait un mensonge que de dire que je suis indifférent à leur sort. On ne peut pas solliciter les voix de la Bénoué sans rassurer les fils et filles de ce département qu'on s'engage à défendre leur personne, leurs biens, les valeurs morales, traditionnelles, culturelles et spirituelles triai sont les leurs. La défense de tous les fils et filles, qu'ils soient en liberté ou non. Qu'ils soient en bisbille avec notre parti ou pas.

Par ailleurs et qu'on me comprenne bien, je m'engage à entrer à l'Assemblée nationale, ce qui veut dire que si je suis élu, je vais y adopter des lois. Je ne peux par conséquent pas accepter que ces lois soient foulées aux pieds. Si certains de nos fils et filles ont des démêlés avec la justice, c'est normal qu'ils fassent face aux rigueurs de la loi, mais il faut cependant une justice libre, transparente et équitable. Ce qui à mon sens est aujourd'hui loin, d'être le cas sauf si beaucoup 'de choses m'ont échappé.

C'est à ce niveau également que les populations de la Bénoué devront trancher entre Tchiroma et moi. Tchiroma veut être député pour nous faire oublier Marafa et Iya, éventuellement prendre leur place dans le cadre d'une fusion avec le Rdpc ce que d'ailleurs beaucoup de militants et responsables de son parti ne savent pas et ne seraient pas prêts à accepter. Pour cela, il fera tout pour les enfoncer alors que moi, je serais la pour les défendre tant que planera le plus petit doute sur leur culpabilité. Fort du mandat parlementaire que je sollicite, je pourrais mieux les défendre et au-delà d'eux tous les fils et toutes les filles de la Bénoué.

D'un autre côté, j'ose croire que les populations de la Bénoué n'ont jamais oublia la gifle à eux administrée par Paul' Biya lors de sa dernière visite Garoua après les inondations. Je n'en dirais pas plus pour l'instant. Elles profiteront de ces élections pour sanctionner toutes les listes du Rdpc et par voie de conséquence, celles du griot. Les populations de la Bénoué et du Nord en général savent désormais que tous leurs problèmes proviennent de la désaffection du chef, de l'Etat vis-à-vis de notre département. Il est devenu le problème de ce département. Par conséquent, le seul fait de savoir que Tchiroma est son principal défenseur sera un grand handicap qu'il n'arrivera pas à surmonter.


Si on vous demandait: quels seront vos plus grands adversaires lors de ce scrutin, que diriez-vous?

J'en ai trois: l'insuffisance des moyens de campagne, l'abstention par ceux qui ne feraient pas le, déplacement vers les bureaux de vote et la peur de défendre les résultats obtenus.



08/08/2013
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