A l’horizon 2018, Matthijs Boertien veut exploiter 26 aéronefs, créer 1000 emplois, un centre de formation et une unité de maintenance, investir dans le fret…
Dès sa prise de fonction il y a douze jours, le nouveau Dg de Camair-Co, le Néerlandais Matthijs Boertien Johannes, souffle une source autorisée, a reçu une feuille de route conçue par un comité interministériel, sorte de boussole devant permettre à l’ancien directeur d’exploitation de la compagnie aérienne nationale camerounaise, de conduire Camair-Co vers de meilleurs rivages. Mais il est difficile de savoir si cette feuille de route, dont le ministre des Transports, Robert Nkili, a esquissé les grandes lignes en installant le nouveau Dg, est aussi ambitieuse que ce que Matthijs Boertin Johannes lui-même appelle «la vision de Camair-Co» sur la période 2013-2018, qui sera en principe présentée, a-t-il révélé au reporter de Mutations le 23 janvier dernier dans un hôtel de la capitale, vendredi le 1er février 2013 au cours d’une conférence de presse organisée à Douala.
Pendant cette rencontre avec la presse, le Dg de Camair-Co devrait également faire l’état des lieux de la compagnie, caractérisé par, soutient-il, «un important déficit que nous sommes encore en train d’évaluer, puisque les comptes de 2012 ne sont pas bouclés». Tout au plus, on apprendra que dans l’urgence, afin de rassurer les partenaires de la compagnie, l’Etat du Cameroun a dû débloquer 2,5 milliards de Fcfa dès la prise de fonction de Matthijs Boertin Johannes, afin d’apurer une partie de la dette due aux fournisseurs de l’entreprise, sur une enveloppe globale de 10 milliards de Fcfa.
«La mauvaise relation avec les fournisseurs et partenaires est à l’origine du service approximatif qui était celui de Camair-Co toute l’année dernière : on n’était pas sûr d’avoir les repas à bord, que l’avion partira à l’heure… Il ya eu beaucoup de retards de vols. A peine 20% de nos vols étaient à l’heure. Mais depuis 10 jours, nous sommes remontés à près de 90% des vols qui partent à l’heure», soutient le Dg de Camair-Co, qui dit avoir réussi ce pari en restaurant simplement la discipline interne et le professionnalisme au sein de l’entreprise. «Même aux réunions en interne, nous ne tolérons plus une seule minute de retard», confie-t-il.
La discipline ainsi restaurée et le pont rétabli entre Camair-Co et ses fournisseurs avec lesquels le nouveau Dg dit d’ailleurs poursuivre les discussions afin de les rassurer davantage, Matthijs Boertien Johannes révèle qu’il a également, au cours des 10 premiers jours de son magister à la tête de Camair-Co, engagé des concertations avec les représentants des employés, dont il reconnaît que les conditions de travail étaient jusqu’ici exécrables. «Les gens travaillaient sans contrat de travail. Il faut formaliser tout cela et élaborer les plans de carrière. Nous négocions également sur l’instauration du 13ème mois, conformément à une résolution de décembre 2012 qui avait aboutit à la levée du mot d’ordre de grève. Bref, par rapport à la vision future de Camair-Co, la place du personnel est centrale, et le mangement va veiller à cela», affirme le nouveau Dg, entre deux bouffées de cigarette.
1000 emplois
Mais le plus grand défi de ce qu’il convient d’appeler le plan stratégique de Camair-Co sur la période 2013-2018, demeure l’exploitation de la compagnie dans un ciel de plus en plus concurrentiel. De ce point de vue, Matthijs Boertien Johannes entend œuvrer pour devenir membre de l’Iata, l’organisation faîtière des compagnies aériennes dans le monde, préalable pour établir des alliances avec d’autres compagnies aériennes, afin de sortir du carcan du service point à point ; qui pousse par exemple beaucoup de clients à préférer les autres compagnies au détriment de Camair-Co. Echéance pour cette adhésion et l’obtention de la certification Iata sur laquelle le Dg de Camair-Co dit travailler en ce moment avec une équipe de l’Association des compagnies aériennes africaines : juillet 2013.
Pour ce dernier volet des activités, le Dg de Camair-Co indique qu’il va s’attacher les services de European Garco Services (Ecs), une entreprise de fret dont le siège est à Paris Charles de Gaulle, qui va «investir lourdement dans les entrepôts» au Cameroun, afin de faire de ce pays «le hub du fret en Afrique sub-saharienne». Aux revenus importants que va générer l’activité de fret ainsi montée avec le concours d’Ecs, Camair-Co ambitionne d’y ajouter les revenus que vont générer le centre de formation des employés du transport aérien (Camair-Co Academy) et l’unité de maintenance des avions à créer au Cameroun ; deux autres projets qui figurent dans le plan stratégique 2013-2018 de la compagnie.
Précision : ces deux structures vont accueillir en recyclage ou pour maintenance, les employés et aéronefs d’autres compagnies, contre rémunération. Autant d’activités qui vont nécessiter une importante main d’œuvre. Aussi, le Dg de Camair-Co estime-t-il à au moins 1000 (dont 200 pilotes), le nombre d’emplois que va générer, au sein de la compagnie, son plan quinquennal qui vise à mettre définitivement en place une compagnie aérienne viable et efficace, capable d’offrir «à la clientèle un service de qualité et la ponctualité, le tout à des coûts raisonnables», soutient-il.