Akame Mfoumou plombe la politique de relance de Mbotto Edimo
Le Directeur général et le nouveau président du Conseil d'Administration, installés le 13 septembre, dans l'optique de relancer cette compagnie aérienne national, commencent à afficher des lézardes dans leur collaboration.
I- Peur d'un atterrissage forcé après un décollage bien amorcé
La Cameroon Airline Corporation (Camair-Co) est-elle une compagnie aérienne maudite ? Ne va-t-elle pas atteindre la vitesse de croisière escomptée par le Président de la République, Paul Biya ? Des interrogations importantes au regard du point d'honneur et des moyens conséquents que le Chef de l'Etat y a mis pour que cette compagnie aérienne nationale décolle et à terme rivalise avec les meilleures compagnies européennes. Surtout qu'après les échecs des deux premiers Directeurs généraux de nationalités néerlandaises, Alex Van Elk et Matthijs Boertien , qui ont eu l'insigne honneur de conduire les premiers pas de la Camair-Co, le Président de la République a décidé la camerounisation des postes du Top management. C'est ainsi qu'à la suite d'une reconstitution du Conseil d'administration, il a procédé à la nomination d'un nouveau Président du Conseil d'administration (Pca), Edouard Akamé Mfoumou et d'un nouveau Directeur général (Dg), Frédéric Mbotto Edimo.
C'est pourquoi le ministre des Transports, Robert Nkili qui avait présidé leur installation, le 13 septembre 2013, avait affirmé que pour «l'Etoile du Cameroun» dont l'éclat ne cesse de pâlir, «le Chef de l'Etat Son Excellence Paul Biya, dans sa vision pour la dynamisation de la Camair-Co a engagé, à côté d'importants investissements financiers consentis, le renouvellement de ses instances dirigeantes… C'est un acte majeur, quand on sait que les structures ne valent que ce que valent les personnes chargées de les animer.» Preuve s'il en fallait que tous les espoirs étaient portés désormais sur le tandem Akame Mfoumou et Mbotto Edimo, deux Camerounais qui ont reçu l'entière confiance du Chef de l'Etat pour faire scintiller au firmament de l'aéronautique cette «Etoile du Cameroun.»
De manière prosaïque, le Top management camerounais devrait ainsi porter aux commandes cette compagnie nationale, qui est la fierté de tout un peuple. Il devrait par leur patriotisme et leur compétence permettre à la Camair-Co, de reconquérir les parts de marché sur les lignes régionales et internationales. Et surtout ces hommes portés aux commandes de la Camair-Co ne devraient pas tomber dans les travers de leurs tristement célèbres prédécesseurs. Surtout qu'avant que le Président de la République ne les porte à ses importantes responsabilités, le mal de la Camair-Co, qui pouvait compromettre son décollage, avait été diagnostiqué. Une organisation mafieuse, ayant des ramifications depuis la Présidence de la République et des relais dans le gouvernement, qui s'était organisée parallèlement pour saboter cette grande réalisation du chef de l'Etat sur l'autel des seuls intérêts financiers individuels.
En revanche, il ne leur restait plus simplement qu'à l'administrer un traitement de poigne. Avec prioritairement, la mise sur pied d'un plan de conquête de l'espace aérien, gage de la perfusion financière que bénéficie la Camair-Co depuis le lancement de ses activités en 2011. Et le ministre des Transports en cette occasion, a précisé que ce plan devra nécessairement prendre en compte: - la révision des contrats antérieurs qui devraient désormais être compatibles avec la trésorerie de l'entreprise; - mener un combat acharné contre l'endettement en éliminant au plus vite les dépenses de prestige et les charges inutiles ; - la reconquête de la confiance des Camerounais en leur compagnie aérienne nationale, à travers la régularité des vols et le respect scrupuleux des horaires annoncés «car, l'exactitude est la politesse des rois.» ;
- la mise en service de tous ces Camerounais qui croupissaient dans les couloirs, sans avoir la possibilité de servir leur pays. Il faisait alors allusion à ces pilotes formés dans les meilleurs Ecoles en Europe et ailleurs ; et aux autres mécaniciens prêts à procéder à des réparations élémentaires, et éviter ainsi qu'un avion, comme le Dja, ne reste plus cloué au sol de façon inextricable. Mais aussi, il avait été prescrit au Dg Mbotto Edimo de restaurer le climat de paix et de sérénité au sein de cette entreprise. Car, sans cette paix, sans cette assurance, il n'y a ni engagement à la tâche, ni progrès, ni consolidation des acquis.
II- Des signaux forts du Pca
Suivant scrupuleusement ces directives de la tutelle qu'il avait contribuées à répertorier lors des consultations qu'il avait faites l'objet avant sa nomination, d'abord comme Dga et ensuite comme Dg, Fréderic Mbotto Edimo a réussi à remettre allégrement à flot la Camair-Co. Avec le lancement des nouvelles dessertes à l'instar des lignes très prisées sur le plan national (Douala – Ngaoundéré) et continental (Douala – Abidjan) au grand bonheur des usagers. On a ainsi apprécié lors du vol inaugural de la ligne Douala-Ngaoundéré que les populations de cette région du pays étaient en extase. Et pour mieux manifester leur contentement, elles s'étaient fortement mobilisées. Le richissime, El Hadj Mohamadou Abbo avait à l'occasion offert un gigantesque couvert. Désormais, fini pour elles d'être déposées à l'aéroport de Garoua où elles prenaient par la suite la route pour regagner leur destination finale. Ou inversement pour prendre l'avion pour la partie méridionale du pays.
A cela, il faut ajouter que les usagers ne manquent pas de saluer la régularité des vols de cette compagnie aérienne. Ce qui a permis en si peu de temps d'atteindre des taux de remplissage moyenne de 80%. Ce qui a favorablement contribué à booster les recettes de cette compagnie. Pour autant, des sources internes rassurent que la stabilité financière n'est pas encore rétablie. Il faut pour cela renforcer la flotte. Instruction du Chef de l'Etat a été donnée pour que des prospections soient menées pour l'achat des avions. En attendant toujours les aéronefs made in China, longtemps annoncés, qui vont permettre une plus grande desserte des lignes nationales et un redéploiement des lignes domestiques avec la réouverture des aéroports de Bafoussam, Bamenda, Bertoua…dont les chantiers de réhabilitation sont dans le pipe.
Malheureusement, les espoirs nourris, jusqu'ici, risquent de ne pas tenir les promesses des fleurs. Car le Pca, Edouard Akame Mfoumou qu'on avait crédité d'un patriotisme, d'une compétence et d'une détermination à porter le rêve du chef de l'Etat, est en train de retomber dans les travers managériaux d'antan. Ceux-là même qui ont plombé le décollage de la Camair-Co depuis sa création. Et qu'il a efficacement combattu dès son entrée au Conseil d'administration. Permettant au passage de révéler que le Dg néerlandais avait fait de la Camair-Co un puits sans fond où il pouvait se servir à volonté. Usant des dépenses onéreuses :
- séjour d'une quinzaine de jours par mois en Europe au frais du contribuable camerounais ; - engageant des frais de recyclage et de mise à niveau des pilotes étrangers qu'il recrutait en marge de la réglementation en vigueur ;
- la dénonciation du contrat de maintenance inique signé avec Lufthansa Techniks. Ce qui a conduit à la résiliation du contrat de maintenance de Lufthansa Techniks au profit d'Ethiopian Airlines qui aussitôt a permis de récupérer le Dja qu'il avait voué à la casse ;
- Confiant la sécurité de Camair-Co à une société de sécurité privée foulant sans ménagement par terre les normes de sécurité imposées à toutes les compagnies aériennesdepuis les événements du 11 septembre.
- III- Lézarde dans le top management Comment comprendre alors que c'est le même Akame Mfoumou qui veut se substituer au Dg de la Camair-Co avec une très forte ingérence dans la gestion exécutive de l'entreprise, au point de friser à un bicéphalisme au sommet de l'entreprise. Multipliant les sessions du Conseil d'administration à un rythme infernal, ceci en toute violation des textes. C'est ainsi qu'il a convoqué et tenu en 3 mois 8 sessions du Conseil d'administration. Avec des résolutions chevauchant les pouvoirs exécutifs du Dg. C'est ainsi qu'il fait obligation au Dg de recruter des anciens employés de la défunte Camair en violation du profil défini pour répondre aux standards internationaux de l'aviation civile. C'est le cas de l'exigence faite au Dg Mbotto Edimo de recruter des anciennes hôtesses de la Camair (âgées de 50 à 59 ans) qui ont atteint la limite d'âge. Il en va de même dans des départements techniques. Ce qui conduit à des recrutements fantaisistes, et pléthoriques, qui obèrent la masse salariale pour un rendement inefficace.
Autant d'exigences incongrues du Pca qui vont conduire allégrement, si rien n'était fait, à une dérive managériale aux conséquences fâcheuses. Faisant ergoter les observateurs avertis de l'aéronautique sur le fait que «Akamé Mfoumou veut constituer à son tour un réseau Bulu pour envahir la Camair-Co et la rendre improductive». Pourtant, l'une des actions brillantes qu'à menées Mbotto Edimo a été de corriger le recrutement de fripouille qu'avaient opéré ses prédécesseurs et une restructuration qui a conduit à remettre les compétences à leur service de prédisposition, mieux de «right man and the right place».
On est à se demander si ce rappel du ministre des Transports, Robert Nkili est placé en perte et profit par le Pca, Akamé Mfoumou. «Le Chef de l'Etat, Son Excellence Paul Biya, veille personnellement à la bonne santé de ce secteur stratégique. Il suit toutes les évolutions qui s'y déroulent. Camair-Co est son bébé qu'il surveille à chaque instant. Il suit personnellement son évolution. Il ne supporte pas de l'entendre éternuer. Il n'est donc pas prudent de mettre Camair-Co en mal. Les aventuriers n'ont pas de place dans cette entreprise. En tout cas ils le découvrent à leur dépend… » Avant de conclure : «Pour tout vous dire, sachez que le Chef de l'Etat accorde une place privilégiée au transport dans sa stratégie de combat pour un Cameroun émergeant en 2035. » Aussi a-t-il affirmé, citant Paul Biya : «nous ferons en sorte que les transports jouent effectivement leur rôle vital pour l'économie du Cameroun.»
C'est dire que les défis sont grands, parmi lesquels figure une solution managériale opportune pour relancer efficacement Camair-Co. D'où la curiosité des admirateurs du Pca de Camair-Co, Edouard Akame Mfoumou. Au regard de son cursus professionnel : - administrateur civil principal hors hiérarchie qui a occupé des prestigieux postes de responsabilité tels que Directeur Général de Banque (Bicec), Secrétaire Général de la Présidence de la République, Ministre de la Défense, Ministre d'Etat chargé de l'Economie et des Finances ; On est étonné de le voir s'enliser dans de tels travers. Lui qu'on voyait constituer un tandem de choc avec Frédéric Mbotto Edimo dont les réalisations en font un homme qui transforme tout ce qu'il touche en or. Représentant résident au Cameroun de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).
Statut de diplomate qu'il a tronqué pour se mettre au service de son pays, perdant au passage au moins le quart de son salaire et tous les avantages liés. Ingénieur des Arts et métiers de formation, il a une solide expérience dans l'aéronautique. Pour avoir servi successivement, comme Directeur par intérim de l'Ecole régionale de la navigation aérienne et du management, Chargé de mission auprès du Directeur des études et orientations stratégiques (directeur général en poste), Chef du département établissement siège au Sénégal entre autres, il a parcouru plusieurs postes de responsabilité au sein de l'Asecna.
Agé de 58 ans, marié et père de cinq enfants, il a participé entre autres à la construction des axes routiers Yagoua-Kaélé, Guider-Bidzar ou des lots 4 et 5 de l'axe Douala-Yaoundé à l'époque où il était en service à l'ancien ministère des Travaux publics et des Transports. En 2012, il a contribué avec l'Asecna à faciliter de nombreux déplacements aériens du Chef de l'Etat à savoir : cérémonie de pose de la première de la construction des barrages hydroélectrique et de retenue d'eau de Lom Pangar et de Memve'ele, au cinquantenaire des armées à Bamenda où l'aéronef du Président de la République a atterri sans aucun soucis et pendant les inondations de 2012 dans les régions du Nord et de l'Extrême-Nord du pays. A cela, on peut encore citer que lors de la proclamation de l'indépendance du Sud Soudan, il a réussi à faire atterrir et décoller les aéronefs des Chefs d'Etat présents. Ce qui lui aura valu à chaque fois les félicitations des différents Chefs d'Etat.