Camair Co : Le nouveau Directeur général mise sur les cadres étrangers

Douala, 08 avril 2013
© Jacques Doo Bell | Le Messager

Depuis la nomination de nouvelles personnalités au sein du Conseil d’administration de Camair Co, cette instance a tenu sa première session mardi 02 avril dernier.

L’une des principales décisions prises au cours de ces travaux est la nomination de M. Frédéric Mboho Edimo au poste de directeur général adjoint. Le nouveau Dga n’est pas un bleu dans le milieu de l’aviation. Il sort en effet de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) dont il était le représentant-résidant au Cameroun. Sa nomination reste toutefois à confirmer par le gouvernement, par un décret présidentiel. Signalons que parmi les nouvelles personnalités nommées au Conseil d’administration figurent MM. Edouard Akame Mfoumou, haut cadre de l’administration camerounaise et ancien président du conseil d’administration de l’ex Camair, M. Amadou Bello, ancien président directeur général et M. Nana Sandjo, un opérateur privé de l’aviation civile.

Il faut dire que ces nouveaux responsables trouvent un épineux dossier qui préoccupe certains responsables nationaux. Il s’agit de la propension du nouveau directeur général, le Hollandais Matthijs Johannes Boertien à jeter son dévolu sur les cadres étrangers. C’est ainsi que sur la liste des pilotes à recruter figurent l’Autrichien Zauchner Hannes, passeport n° 407010 ; le Belge Parentani Pascal Chrislain passeport n° E1432225, les Italiens Pesare Maurizio, passeport n° AA2030944 et Turrise Salvatore, passeport n° AA2219457 ; le Français Nauleau Tristan André, passeport n° 11CA67195 et le Franco-gabonais Koumba Anaclet Brice, passeport n° 12CY51888. A cette liste des pilotes s’ajoute un certain Christian Percha Henri Jean René dont la demande de validation de contrat a été introduite au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Demande à laquelle, selon nos sources, le ministre Zacharie Perevet a répondu qu’il ne lui paraît pas opportun d’accorder le visa sollicité, compte tenu du fait que le directeur général signataire dudit contrat, n’a pas lui-même un contrat visé, conformément à l’article 2 alinéa 2 du code du travail qui dispose que : «le contrat de travail concernant un travailleur de nationalité étrangère doit, avant tout commencement d’exécution, être visé par le ministre en charge des questions de l’emploi».

Le ministre de l’emploi et de la Formation professionnelle propose fort opportunément au président du Conseil d’administration qui n’est autre que le premier ministre Yang Philémon, d’inviter le directeur général de Camair Co à se conformer à la réglementation en vigueur, « au risque de voir ses actes de gestion attaqués et déclarés nuls pour défaut de contrat de travail visé.»

Il faut relever que l’attitude de M. Matthijs Boertien surprend de nombreux Camerounais qui savent que la main-d’œuvre camerounaise dans le domaine du transport aérien est suffisamment abondante et que l’on n’a pas besoin d’aller chercher loin des cadres qui foisonnent sur la place. Au lancement de Cameroon Airlines en 1972, le gouvernement n’a fait que puiser dans le vivier des cadres Camerounais en activité à Air Afrique à l’époque. C’est eux qui ont fait marcher la Camair jusqu’aux années du Renouveau où le gouvernement a mis entre parenthèses la politique de camerounisation des cadres lancée par le président Ahidjo le 25 mars 1970 à la salle des fêtes d’Akwa à Douala. C’était à l’occasion de sa campagne électorale pour la présidentielle de cette année-là. Il avait alors déclaré ceci : «à compétence égale, priorité doit être réservée aux Camerounais.» Elu, il a nationalisé un certain nombre de structure économiques et financières et crée d’autres. C’est ainsi que dans les banques Koula Edouard a été porté Dg de la Scb, M. Nguenti à la Sgbc, M. Ntsama Etienne à la Biao, Obouh Fegué s’est vu confié les rênes de la Snec, secondé par Claude Kemayou, tandis que Niat Njifenji avait en charge l’électricité par la Sonel. On ne comprend pas surtout ce besoin de cadres étrangers qui coûtent cher alors que Camair Co ploie sous une dette abyssale que n’a d’ailleurs pas pu éponger une perfusion de quatre milliards de francs octroyée récemment par la présidence de la République. «Un vrai gâchis !» fulmine un ancien cadre.

43 ans après, nombre d’observateurs sont étonnés de voir la reculade opérée par le gouvernement qui ramène des étrangers en masse dans les secteurs où, avant les Camerounais ont fait leurs preuves et peuvent encore le faire si le même gouvernement, dit-on, ne faisait pas irruption dans la gestion des entreprises publiques et para-publiques par des nominations ayant peu à voir avec la compétence.

Il y a lieu d’espérer que les trois nouvelles personnalités nommées au sein du Conseil d’administration, du fait de leur connaissance du passé de l’entreprise voire de la conjoncture économique pourront aider le directeur général à être plus réaliste dans la gestion des ressources humaines et financières de l’entreprise.

Jacques Doo Bell


08/04/2013
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