Camair-Co : La perte des métiers de l’aviation se prépare

Cameroun - Camair-Co : La perte des métiers de l’aviation se prépareA peine nommé à la tête de la compagnie aérienne nationale Matthijs Boertien, en a fait un tremplin pour assouvir son désir de puissance. A preuve, il en est à fouler aux pieds les dispositions régissant le code du travail en vigueur en alimentant, pour ce faire, un véritable réseau de faux contrats à la Camair-Co, en faveur des expatriés.

En la matière, les dispositions de l’article 27 en son alinéa 2, sont pourtant suffisamment claires, tant il est vrai qu’elles stipulent que : «Le contrat de travail concernant un travailleur de nationalité étrangère doit, avant tout commencement d’exécution, être visé par le Ministre en charge des questions de l’Emploi». Mais, loin de s’y astreindre, Matthijs Boertien est passé outre lesdites dispositions en commettant notamment six nouveaux pilotes tous de nationalité étrangère et un responsable commercial déjà limogé par son prédécesseur pour incompétence avérée. En somme, les contrats les liant à Camair-Co souffrent de nullité absolue, sauf pour Matthijs Boertien de les voir assimilés à des actes de gestion indus et conséquemment attaquables par les tiers. Mais cela aussi, on peut aisément le comprendre tant il est constant que le même Matthijs Boertien lui-même ne se sera pas astreint à l’observance desdites dispositions ce qui justifie amplement les véritables passe-droits qu’il s’autorise depuis son accession.

A preuve, pilote de formation, il a perdu sa qualification tout le temps qu’il avait passé avant d’accéder à ses nouvelles fonctions à la Camair-Co, fonctions pour lesquelles il ne justifie du reste d’aucune expérience, eu égard à la classification au niveau 1 de la compagnie nationale. Mais s’y fondant, il a réussi la prouesse de dégager des fonds pour financer sa requalification en s’acquittant conséquemment des frais requis pour les différents passages sur simulateur de vol. Or en la matière, le pays dispose de nombreux pilotes qualifiés, malheureusement contraints de faire valoir leurs aptitudes sous d’autres cieux, quand bien même ceux recrutés à Camair-Co jusqu’alors y accèdent grâce aux financements publics mobilisés indûment par les dirigeants respectifs de la compagnie aérienne. En effet, avant Matthijs Boertien, Alex Van Elk avait également opté pour des pilotes non qualifiés qui exigèrent un financement de la compagnie pour se conformer à la règlementation régissant le métier de pilote.

Et même s’il n’en fit pas une affaire personnelle, comme c’est contrairement le cas pour son successeur Matthijs Boertien plus actif dans le ciel que dans l’élaboration de stratégies concurrentielles mieux à même de favoriser l’envol effectif de la compagnie, les conséquences s’en trouvent aujourd’hui décuplées, tant il est vrai que l’option s’est étendue à la quasi-totalité des métiers de l’aviation. A preuve, en dehors des pilotes recrutés littéralement à la pelle, le nouveau directeur général en est à renforcer l’extraversion de la compagnie en attribuant la primauté aux ressources humaines étrangères. Sinon, comment expliquer le retour d’Henri Jean Perchat aux affaires, à la direction commerciale, d’où il avait pourtant été limogé pour incompétence avérée par Alex Van Elk ? A croire qu’il n’y aurait pas de compétences locales à même d’assurer le pilotage, les opérations commerciales et encore moins la maintenance des aéronefs, alors même qu’il y a quelques années, le Cameroun avait réussi la prouesse de réaliser sur place des grandes visites à la satisfaction des constructeurs comme Boeing.

Analyse faite, le choix de Matthijs Boertien, en plus de conforter les observateurs avertis dans leurs appréhensions, quant à son incompétence au plan managérial notamment, participerait à s’y méprendre à une mise à mort des métiers de l’aviation au Cameroun. Pourtant, il est de notoriété qu’aucun étranger ne saurait préserver au mieux les intérêts du Cameroun qui, l’espèce, sont constitués par les aéronefs pilotés et entretenus par des étrangers qui ne s’offusquent par ailleurs pas à en interdire l’accès aux nationaux. Cacheraient-ils dès lors quelque chose de répréhensible ? On pourrait le penser, eu égard à la volonté induite de Matthijs Boertien de tout contrôler du ciel, au travers d’hommes-liges qui lui doivent par ailleurs leur recrutement indu à la Camair-Co.

Exil des compétences locales

Le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle a tôt fait de tirer la sonnette d’alarme en le signifiant clairement au président du conseil d’administration de la Camair-Co, question pour ce dernier de rappeler à l’ordre au plus vite Matthijs Boertien, à défaut pour ce dernier de se voir assigner en justice, eu égard à la nullité de fait frappant tous les actes de gestion qu’il a posés depuis son accession à la tête de cette compagnie aérienne. Du coup, on en vient à se demander si le nouveau directeur général n’essaie-t-il pas de se terrer derrière une activité débordante comme pilote pour s’octroyer quelque sauf-conduit et maquiller au mieux ses tares de gestion.

Dans tous les cas, celles-ci mettent irrémédiablement à mal les métiers de l’aviation au Cameroun, aussi longtemps que notre compagnie nationale ne pourra créer de réelles opportunités pour nos compatriotes. Devant la réalité vécue depuis la relance des activités aéronautiques civiles au travers de la Camair-Co, ce que le pays comptait de ressources humaines dans le secteur a choisi l’exil comme ultime recours. Une situation imputable à l’extraversion que nous avons décriée supra et qui est malheureusement loin de connaître un terme sous Matthijs Boertien. Or, au plus fort de la politique de leasing des aéronefs, les Sud-Africains auprès de qui nous lesdits aéronefs étaient loués mettaient un point d’honneur d’en assurer le pilotage et la maintenance eux-mêmes quand bien même nous disposions des compétences avérées sur ces deux plans.

Bien évidemment, le Cameroun s’y obligea bien que ces derniers lui concédèrent d’atterrir au Zimbabwe à partir duquel les pilotes Sud-Africains prenaient le relais pour l’acheminent des aéronefs à Johannesburg ou toute autre ville sud-africaine. En somme, cette option participait davantage d’un plus grand souci de sécuriser au mieux lesdits aéronefs ce qui bien évidemment ne saurait être de mise quand ceux commis pour la gestion quotidienne desdits aéronefs sont davantage préoccupés par les heures de vol à effectuer et donc, pour le souci d’amasser le maximum au plus tôt.

© Aurore Plus : Muna Dimbambe


03/04/2013
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