La bataille pour le contrôle de la compagnie aérienne nationale aiguise toutes sortes d'appétits et révèle des acteurs insoupçonnés.
Le déroulement du pèlerinage à la mecque (Hadj) cette année, aura permis de révéler la nature des rapports entre le conseil d’administration, la direction générale, et les structures techniques de l’aviation civile au Cameroun. alors que les pèlerins camerounais finalisent leur participation à cet évènement, il se pose le problème du transporteur comme chaque année. La direction générale de Camair Co se rapproche du ministère de l’administration territoriale, maître d’ouvrage de l’évènement en terre camerounaise, en vue d’assurer le transport des pèlerins camerounais.
«Le directeur général est allé voir le ministre René Sadi et lui a dit que Camair Co était candidate au transport des pèlerins cette année au vu des capacités dont elle dispose. Le ministre nous a répondu qu’il n’y avait aucun problème et qu’on devait constituer notre dossier comme les autres compagnies ; mais qu’au nom de la préférence nationale, on avait des chances de remporter ce marché de 4 milliards de Fcfa», rapporte une source proche du dossier.
mais, au finish, le marché sera attribué à ethiopian airlines. «Lorsque nous avons relancé le ministre, il nous a répondu qu’un rapport venu de Camair Co, et qui lui a été transmis par le ministère des Transports, révélait que nous n’avions pas les capacités d’assurer le transport des pèlerins à la Mecque», se souvient la source. mais c’était l’épilogue d’un combat commencé en plein conseil d’administration.
Car, selon des cadres de la direction générale, les membres du conseil avaient mis le véto sur le plan de la compagnie à couvrir cette opération. «On a fait un business-plan dans lequel on gagnait 600 millions de Fcfa, même en louant un avion dont nous avions déjà négocié les coûts au plus bas. Car, étant entendu que cela aller se passer en haute saison, il fallait que le Dja pris sur la ligne de Paris, soit secondé. Mais ils ont refusé au motif qu’un seul aéronef pouvait aller à Djeddah et revenir transporter tous les jours les passagers de Paris. Ce qui est techniquement impossible», lance un responsable technique.
Trafic
a Camair Co, l’on met à l’index des clans qui se sont constitués et associés pour bloquer le fonctionnement de l’entreprise et mettre l’exdirecteur général en difficulté. Le nom de Jean-Paul nana sandjo, présenté comme proche du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand ngoh ngoh, circulait beaucoup avec celui d’edouard akame mfoumou, ancien Pca de Camair. ensuite, le ministre des Transports Robert nkili, et son ministre délégué mefiro Oumarou et un cadre de ce département ministériel, étaient également cités par les proches de l’ex-Dg, d’autant plus que d’après ces derniers, ces deux membres du gouvernement avaient ouvertement demandé le départ de mathijs Boertien lors d’un conseil. «Leur objectif était de faire partir Lufthansa et le Dg ; ils ont réussi», indique un cadre de l’entreprise.
Tous ces clans digéraient mal le fait que l’ancien Dg ait mis fin au trafic des pièces détachées d’avion que gérait Justin siewe, au trafic des billets d’avion par le biais du sponsoring. Cette méthode permettait aux proches des cadres de voyager dans payer les titres de transport. mais si ces clans, qui prennent appui à la présidence de la République, lui en voulaient pour ses choix managériaux, le clan du Pca, Philemon Yang, était plus amer.
«Quand Mathijs Boertien est nommé par le chef de l’Etat, le Pca est hors du pays et pour le remplacer, le président désigne le ministre des Finances. Quand on retient la candidature de Boertien, le chef de l’Etat demande au ministre de convoquer un conseil d’administration pour le nommer. Du coup, l’ex-Pca ne se reconnaissait pas dans ce choix fait sans lui derrière son dos, c’est pourquoi il regardait et laissait faire», précise une source proche du conseil d’administration, qui précise que l’enjeu de la bataille étant le contrôle de l’entreprise après le départ du Hollandais.