Camair-Co: Alex Van Elk sur le départ

Camair-Co: Alex Van Elk sur le départ

Van Elk:Camer.beLoin d'être quelque supputation, c'est la substance de la correspondance de la présidence de la république adressée au directeur général de Camair-Co dont le contrat arrive à terme à la fin du mois en cours. Un contrat qui ne sera pas renouvelé au regard des atermoiements de gestion imputables à Alex Van Elk.Un peu plus d'un an après le lancement de Camair-Co, l'envol de la compagnie est des plus compromis du fait de l'accumulation inquiétante du déficit d'exploitation de ladite compagnie. Une situation inhérente autant à l'élaboration d'un business plan erroné qu'à l'incompétence avérée du directeur général de la compagnie, Alex Van Elk. En effet, bien qu'ayant été choisi pour assurer le lancement de la compagnie, ce dernier ne semble pas avoir suffisamment maîtrisé les enjeux attachés à la mise en branle de la nouvelle compagnie, considérée dans le secteur comme une compagnie aérienne de première catégorie, alors qu'Alex Van Elk contrôleur aérien, n'assumait que des fonctions similaires pour une compagnie de deuxième catégorie au Nigeria, en l'occurrence Arik Air. Et neuf mois après, il fut contrait de déposer le tablier, suite à une injonction conséquente du promoteur de cette compagnie aérienne. Aussi peut-on comprendre que les opérateurs nigérians se mouvant dans le secteur du transport aérien aient ri sous cape, en apprenant qu'il avait été promu pour diriger notre compagnie aérienne. Mais autant cette réalité aurait dû tempérer les ardeurs de ce dernier à exiger du gouvernement camerounais un subventionnement permanent pour assurer l'exploitation de la compagnie, autant il bénéficia au contraire d'un encadrement indu, entériné par le soutien sibyllin de son Pca par ailleurs premier ministre chef du gouvernement. Malheureusement au bout d'un an, ce dernier dut se rendre compte qu'en dépit desdites subventions, la compagnie ne décollait toujours pas ne serait-ce qu'à en juger par ses performances globales.

Le blanc d'Essimi Menye

A ce propos, on comprend mal pourquoi il a concédé l'exploitation à des tiers du fret pourtant considéré dans le transport aérien comme le segment le plus porteur. Or, l'attractivité du ciel camerounais devrait lui permettre d'exploiter au mieux ledit segment et d'atteindre assez rapidement le point d'équilibre financier pour disposer de davantage de coudées franches pour dérouler son plan stratégique de croissance. Mais sachant très certainement bénéficier du soutien de son Pca et préalablement du ministre des finances, Essimi Menye alors commis pour la mise en branle de la nouvelle compagnie aérienne nationale, Alex Van Elk ne daigna point explorer ledit segment et pire, ne s'octroya aucune niche pour octroyer à la compagnie de réelles chances d'envol effectif. Bien évidemment, les constats de ses manquements et errements de gestion n'ayant intervenu qu'après coup, on comprend que le gouvernement ait décidé de ne point renouveler son contrat. Toutes choses qui ont mis le directeur général de la Camair-Co dans tous ses états à la découverte de la correspondance le lui signifiant. Et nous fondant sur certaines indiscrétions recueillies à bonne source, autant les griefs de ce lamentable échec sont imputables à Alex Van Elk, autant on ne saurait en exclure ceux qui l'ont commis et singulièrement Essimi Menye qui avait été très certainement pris dans l'engrenage du complexe du blanc, en portant son choix sur Alex Van Elk, non sans révéler à l'occasion qu'il n'a pu dénicher de compatriote ayant le profil requis pour le lancement de la nouvelle compagnie.

Avec du recul, on en est désormais à se demander si le blanc d'Essimi Menye pouvait effectivement réussir la mission que lui confia le gouvernement camerounais, tant son incompétence de fait doublée d'une mauvaise appréciation des enjeux attachés à ladite mission l'auront enlisé dans des choix stratégiques inopérants. Pourtant, ce ne sera pas faute de n'avoir pas bénéficié autant de l'encadrement des pouvoirs publics que des facilités financières énormes pour colmater les brèches béantes que révéla son business plan et qui compromettaient à l'essence la réussite de sa mission. Fort heureusement, le gouvernement semble s'être repris à temps pour mettre un terme, on le suppose, à la saignée financière induite que lui imposa Alex Van Elk. Y étant cependant, il est clair qu'il ne suffit pas de lui botter le train, tant il est vrai que le problème de l'envol effectif de la compagnie reste de mise. Dès lors, autant il faudrait privilégier le redimensionnement de la compagnie et inscrire les options stratégiques dans une dynamique de croissance graduelle, autant devra-t-on également privilégier un choix absolument objectif de celui devant prendre le relais d'Alex Van Elk. Cela induit par conséquent, l'élaboration d'un profil conséquent, sauf de disposer déjà de l'homme providentiel devant inverser la tendance à l'accumulation de déficits d'exploitation plutôt préjudiciables pour la pleine réussite de l'envol de la compagnie.

Que faire en dernier ressort ?

Fort de ce qui précède et nous fondant sur l'expérience plutôt malheureuse vécue par la compagnie sous Alex Van Elk, peut-être faudrait-il privilégier la piste du recours à un compatriote maîtrisant au mieux le secteur du transport aérien. En effet, en ressassant l'évolution de ce secteur chez nous, on se rend rapidement compte que les cadres expatriés qui ont été commis à la tête des différentes compagnies aériennes nationales, n'ont jamais pu la positionner à leur niveau réel, si l'on tient naturellement compte de la forte sollicitation du ciel camerounais par d'autres compagnies étrangères. Mais cela aussi, on peut aisément le comprendre tant l'environnement dans lequel se meuvent lesdits cadres expatriés leur concède volontiers de nouer de véritables combines avec les compagnies étrangères au détriment de la compagnie nationale. Sinon, comment comprendre par exemple la concession du fret à des tiers, alors même que jusqu'alors le segment transport de passagers ne peut permettre à la compagnie d'atteindre le point d'équilibre financier ? Voudrait-on faire croire que la flotte dont dispose pour l'heure la compagnie ne peut s'acquitter de cette prestation ? Pire, en exigeant pas des compagnies aériennes étrangères une réciprocité en termes de fréquence des vols, il leur concédait volontiers des avantages indus. Avec autant d'incongruités imputables à Alex Van Elk, si la rupture de son contrat se justifie, il offre par ailleurs au gouvernement l'occasion de rectifier le tir et de commettre à la direction générale un cadre national qui pourra dès lors fonder ses choix stratégiques sur son patriotisme en référant au passage les combines évoquées supra. C'est le prix à payer si d'aventure on voudrait s'assurer de l'envol effectif de la compagnie.

© Correspondance : Raoul Makoua/Guy C. Moussi


20/06/2012
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