Cabinet civil : La tour de contrôle
Les pouvoirs de ce service, qui a été dépouillé de l’intendance, se sont accrus avec la nomination de l’actuel Dcc.
«On peut comprendre pourquoi les gens qui travaillent à la présidence
de la République ont cette tendance à regarder les gens d’en haut. Car
outre le prestige du cadre de travail, il y a la vue imprenable qu’ils
ont sur la ville de Yaoundé.» Commentaire d’un des visiteurs du
directeur du Cabinet civil, qui mettait les pieds dans le «saint des
saints» pour la première fois, au palais de l’Unité, il y a quelques
semaines.
Evidemment, cette explication peut s’avérer anecdotique,
courte et donc simpliste. Car ce côté hautain, spécifiquement pour les
collaborateurs du Cabinet civil, tient avant tout de ce que cette
structure est de jure, mais surtout pour ce qu’elle est devenu de facto,
depuis que Martin Belinga Eboutou en est le directeur: Le laboratoire
d’un pouvoir parallèle, informel, «a-normal», pour emprunter à une
terminologie chère au Professeur Jacques Fame Ndongo (in Médias et
enjeux des pouvoirs, Presse universitaires de Yaoundé, 2006), qui
déborde largement le cadre des missions régulières de cette structure
pour submerger tout le Palais d’Etoudi, et même au-delà.
Un
indicateur? Depuis son retour dans cette maison en 2009, Martin Belinga
Eboutou figure dans l’ordre protocolaire des personnalités qui
accompagnent le chef de l’Etat dans ses déplacements, juste après le
ministre des Relations extérieures, avant tous les autres ministres. Il a
certes rangs et prérogatives de ministre. Mais du temps de son
prédécesseur, Jean Baptiste Beleoken, le Dcc venait après ceux-ci…
Un
autre indicateur? Le poids qu’on lui prête dans la formation du
gouvernement du 09 octobre 2011. Dans un système où l’entrée ou le
maintien au gouvernement procède largement de la cooptation et du
parrainage, la nomination de l’ex secrétaire général du ministère des
Relations extérieures, Ferdinand Ngoh Ngoh, au poste de secrétaire
général de la présidence de la République a suscité parmi les premières
questions, celle relative à l’identité de son parrain. Et l’on s’est
souvenu de la proximité entre l’actuel Sg/Pr et le Dcc, notamment au
moment où les deux hommes officiaient à New York aux Etats-Unis.
Un
autre signe? Les pouvoirs de l’actuel ministre de la Communication.
Devenu de facto porte-parole du gouvernement (fonction qui n’est pas
automatiquement rattachée à la première), Issa Tchiroma Bakary n’avait
manqué d’avouer à l’hebdomadaire Jeune Afrique, quelques semaines après
sa nomination au gouvernement et alors qu’il était de presque tous les
déplacements présidentiels, qu’il avait pour parrain un certain… Martin
Belinga Eboutou.
Serge D. Bontsebe