Bureau National de l’Etat-Civil: La chasse aux faux Camerounais est-elle ouverte?
Yaoundé, 22 février 2013
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
C'est le RDPC qui a déclenché l'opération partant du fait que de nombreux étrangers se font établir des Cartes Nationales d'Identité et se font inscrire sur les listes électorales.
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
C'est le RDPC qui a déclenché l'opération partant du fait que de nombreux étrangers se font établir des Cartes Nationales d'Identité et se font inscrire sur les listes électorales.
I-L'UNDP pointée du doigt
Tout est parti il y a quelques semaines quand certains militants du RDPC ont constaté que des étrangers se faisaient établir des CNI sans présenter des extraits d'acte de naissance à l'autorité, et allaient par la suite s’inscrire massivement sur les listes électorales en vue des prochaines législatives et municipales. Les régions concernées: tout le Grand Nord (régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord), l'Est, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest. Ce qui est surprenant dans cette affaire, c'est que les plaintes viennent du parti au pouvoir au lieu de ceux de l'opposition tels le SDF ou l'UNDP. Tout ce tapage a poussé ou plutôt contraint le Président National du RDPC et Président de la République, Paul Biya, à créer le 19 février 2019 par décret n°2013/031 le Bureau National de l'Etat-civil. Le projet était en l'air depuis des lustres, mais l'attentisme maladif de Paul Biya et les forces d'inertie qui caractérisent sa gouvernance ont fait qu'il reste dans les cartons.
Il convient de préciser que l'état-civil concerne également les actes de mariage et de décès. Les Français ont également joué leur rôle dans Ia création du Bureau National de l'Etat-civil, en octroyant une enveloppe de plus d'un milliard de FCFA à notre pays pour l'organisation de l’état-civil. Le RDPC n'est pas allé chercher loin pour débusquer le coupable, il est tout trouvé et c'est l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès. Selon les militants du RDPC, le parti du Ministre d'Etat, Maigari Bello Bouba, établirait par milliers les Cartes Nationale d'Identité aux Tchadiens, Centrafricains, Nigérien et Nigérians, profitant du fait de la gratuité de cette pièce décidé par le Président de Ia République pour faciliter l'inscription des électeurs sur les listes électorales. Selon les militants du RDPC, l'UNDP profiterait de la gratuité de la CNI pour inscrire massivement les étrangers sur les listes électorales camerounaises, alors qu'ils n'en ont pas qualité. A l'Est où règne une très grande confusion dans les zones frontalières, de milliers de Centrafricains se seraient déjà inscrits sur les listes électorales.
L'UNDP leur aurait promis monts et merveilles, une place au soleil s'il parvient, grâce à leurs voix, à remporter des mairies et des sièges de député à l'Assemblée Nationale. Dans une ville comme Bétaré-Oya, il n'est pas facile de distinguer un Gbaya camerounais de celui de la Centrafrique, tous parlant la même langue, et les liens familiaux étant très forts. On constate que dans cette ville, les gens sont souvent détenteurs de deux CNI (une camerounaise et l'autre centrafricaine).
C'est dans le Grand Nord que la situation est très flagrante. En effet, le parti de Maïgari Bello Bouba fait établir des CNI à de nombreux Nigérians, Tchadiens et Nigériens sans présentation de l’acte de naissance comme à l’Est cité plus haut, les gens se présentent dans les commissariats des localités du Grand Nord, et sur simple déclaration verbale, on les considère comme Camerounais et on leur établit Ies CNI.
II-La complicité des Officiers d'état-civil
Ce n’est pas le fait de se faire établir une CNI sans présentation de l'acte de naissance qui nous révolte, mais le fait que de nombreux Camerounais étrangers sont détenteurs d'acte de naissance signés par des autorités compétentes, en l'occurrence les Officiers d'état-civil. A Douala, nous connaissons un très grand nombre de Nigérians détenteurs d'actes de naissance établis dans les Régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, les Officiers d'état-civil établissent des actes de naissance sans prendre la peine de procéder à la moindre vérification.
Des fonctionnaires éternellement jeunes. En dehors des étrangers, les Camerounais n'hésitent pas souvent à modifier leur âge pour diverses raisons. S'agissant des fonctionnaires par exemple, il y en a qui travaillent depuis 30 à 40 ans, mais qui n'ont pas encore atteint l’âge de départ à la retraite, car ils ont changé l'âge qui figurait sur le dossier de recrutement. On raconte qu'un fonctionnaire anglophone du Sud-Ouest, informé qu'il prendrait sa retraite sous peu, avait demandé une permission d'absence à son chef pour se rendre dans son village natal. Quelques jours plus tard, il revient à Yaoundé avec un nouvel acte de naissance dans lequel il devait rajeunir de quelques années. Dans le passé, la ville de Kumba était le siège de faux actes de naissance à tel point que l'expression «âge de Kumba» était passée dans le langage courant. A côté des Anglophones, les Bamiléké sont les grands champions de manipulation des âges.
Le Grand Nord n'est pas en reste, mais il faudra tenir compte du contexte : l'état-civil n'intéressait pas les parents, ce qui fait qu'ils ne prenaient pas la peine de signaler à l'autorité compétente la naissance d'un enfant. Et ce quand celui-ci doit être inscrit à l'école, ou quand il doit se présenter à un concours ou un examen quelconque, qu'on se rend compte de l'importance de l'acte de naissance. Aujourd'hui, toutes les ethnies du Cameroun sont rentrées dans ce jeu. En plus des autres, on a les Ewondo, Bulu, Bafia, Eton, etc.
Il y a deux ans, un contrôle de routine à la Gendarmerie Nationale avait permis de débusquer 108 élèves gendarmes détenteurs de faux actes de naissance et de faux diplômes. Combien de fois n'a-t-on pas vu lors des tests ou épreuves de recrutement dans les Forces de Défense des jeunes gens de 18 ou 20 ans sur les papiers, présentant l'aspect de trentenaires ou quadragénaires, frôler la mort sur le terrain.
III-Un but purement électoraliste
Sécuriser la nationalité camerounaise. Si ce n'est pas que le RDPC craint de perdre les législatives et municipales et autres, personne, aucune autorité politique ne se serait intéressée à la création d'un Bureau National de l'Etat-civil. On a le droit de se poser la question de savoir si la nationalité camerounaise qu'il faut sécuriser est un souci pour le Chef de l'Etat et ses collaborateurs. Elle ne l’est pas. Peut-on imaginer un seul instant qu'un étranger installé en France obtienne un acte de naissance ou une CNI française aussi facilement comme cela se passe ici chez nous ? Pas du tout. Chez nous, en un tour de main, moyennant une poignée de FCFA, une décision politique, la ruse, le mensonge, un Tchadien, un Centrafricain, un Nigérian devient en quelques minutes un Camerounais bon teint. Pas de chasse aux sorcières. Le régime de Biya va-t-il procéder à une chasse à ces faux Camerounais ? Nous ne le pensons pas connaissant le tempérament de l'homme qui est à la tête de l'Etat depuis une trentaine d'années. ll n'aime ni les bruits ni les vagues. Ces étrangers détenteurs des actes de naissance et des CNI camerounais ont eu leur chance, on ne leur demandera pas de remettre ces pièces. C'est une opération longue et coûteuse si on veut remettre à plat l'état-civil camerounais. Et quels lièvres et serpents on va débusquer ! Henri Bandolo, notre célèbre ainé dans la profession n'avait-il pas l'habitude de déclarer: «A force de battre les buissons, un serpent peut en sortir».
Il voulait dire qu'a force de vouloir tout savoir sur les hommes, de chercher à savoir qui est qui, on peut se retrouver devant des surprises parfois gênantes. Ainsi, si on demande à certains hauts responsables du pays de ressortir leur arbre généalogique, on se retrouverait devant des situations cocasses, voire embarrassantes. Ainsi tel ou tel ministre, directeur général, général d'armée, haut responsable administratif, politique serait incapable de justifier sa camerounité. Les étrangers peuvent faire la richesse ou la fortune et en même temps la mine d'un pays. Tenons-nous-en là ! Ce que le RDPC reproche à l'UNDP en est-il exempt, lui dont de nombreux étrangers figurent dans ses rangs comme de simples militants et hauts responsables du parti.
Tout est parti il y a quelques semaines quand certains militants du RDPC ont constaté que des étrangers se faisaient établir des CNI sans présenter des extraits d'acte de naissance à l'autorité, et allaient par la suite s’inscrire massivement sur les listes électorales en vue des prochaines législatives et municipales. Les régions concernées: tout le Grand Nord (régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord), l'Est, le Nord-Ouest, le Sud-Ouest. Ce qui est surprenant dans cette affaire, c'est que les plaintes viennent du parti au pouvoir au lieu de ceux de l'opposition tels le SDF ou l'UNDP. Tout ce tapage a poussé ou plutôt contraint le Président National du RDPC et Président de la République, Paul Biya, à créer le 19 février 2019 par décret n°2013/031 le Bureau National de l'Etat-civil. Le projet était en l'air depuis des lustres, mais l'attentisme maladif de Paul Biya et les forces d'inertie qui caractérisent sa gouvernance ont fait qu'il reste dans les cartons.
Il convient de préciser que l'état-civil concerne également les actes de mariage et de décès. Les Français ont également joué leur rôle dans Ia création du Bureau National de l'Etat-civil, en octroyant une enveloppe de plus d'un milliard de FCFA à notre pays pour l'organisation de l’état-civil. Le RDPC n'est pas allé chercher loin pour débusquer le coupable, il est tout trouvé et c'est l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès. Selon les militants du RDPC, le parti du Ministre d'Etat, Maigari Bello Bouba, établirait par milliers les Cartes Nationale d'Identité aux Tchadiens, Centrafricains, Nigérien et Nigérians, profitant du fait de la gratuité de cette pièce décidé par le Président de Ia République pour faciliter l'inscription des électeurs sur les listes électorales. Selon les militants du RDPC, l'UNDP profiterait de la gratuité de la CNI pour inscrire massivement les étrangers sur les listes électorales camerounaises, alors qu'ils n'en ont pas qualité. A l'Est où règne une très grande confusion dans les zones frontalières, de milliers de Centrafricains se seraient déjà inscrits sur les listes électorales.
L'UNDP leur aurait promis monts et merveilles, une place au soleil s'il parvient, grâce à leurs voix, à remporter des mairies et des sièges de député à l'Assemblée Nationale. Dans une ville comme Bétaré-Oya, il n'est pas facile de distinguer un Gbaya camerounais de celui de la Centrafrique, tous parlant la même langue, et les liens familiaux étant très forts. On constate que dans cette ville, les gens sont souvent détenteurs de deux CNI (une camerounaise et l'autre centrafricaine).
C'est dans le Grand Nord que la situation est très flagrante. En effet, le parti de Maïgari Bello Bouba fait établir des CNI à de nombreux Nigérians, Tchadiens et Nigériens sans présentation de l’acte de naissance comme à l’Est cité plus haut, les gens se présentent dans les commissariats des localités du Grand Nord, et sur simple déclaration verbale, on les considère comme Camerounais et on leur établit Ies CNI.
II-La complicité des Officiers d'état-civil
Ce n’est pas le fait de se faire établir une CNI sans présentation de l'acte de naissance qui nous révolte, mais le fait que de nombreux Camerounais étrangers sont détenteurs d'acte de naissance signés par des autorités compétentes, en l'occurrence les Officiers d'état-civil. A Douala, nous connaissons un très grand nombre de Nigérians détenteurs d'actes de naissance établis dans les Régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Moyennant espèces sonnantes et trébuchantes, les Officiers d'état-civil établissent des actes de naissance sans prendre la peine de procéder à la moindre vérification.
Des fonctionnaires éternellement jeunes. En dehors des étrangers, les Camerounais n'hésitent pas souvent à modifier leur âge pour diverses raisons. S'agissant des fonctionnaires par exemple, il y en a qui travaillent depuis 30 à 40 ans, mais qui n'ont pas encore atteint l’âge de départ à la retraite, car ils ont changé l'âge qui figurait sur le dossier de recrutement. On raconte qu'un fonctionnaire anglophone du Sud-Ouest, informé qu'il prendrait sa retraite sous peu, avait demandé une permission d'absence à son chef pour se rendre dans son village natal. Quelques jours plus tard, il revient à Yaoundé avec un nouvel acte de naissance dans lequel il devait rajeunir de quelques années. Dans le passé, la ville de Kumba était le siège de faux actes de naissance à tel point que l'expression «âge de Kumba» était passée dans le langage courant. A côté des Anglophones, les Bamiléké sont les grands champions de manipulation des âges.
Le Grand Nord n'est pas en reste, mais il faudra tenir compte du contexte : l'état-civil n'intéressait pas les parents, ce qui fait qu'ils ne prenaient pas la peine de signaler à l'autorité compétente la naissance d'un enfant. Et ce quand celui-ci doit être inscrit à l'école, ou quand il doit se présenter à un concours ou un examen quelconque, qu'on se rend compte de l'importance de l'acte de naissance. Aujourd'hui, toutes les ethnies du Cameroun sont rentrées dans ce jeu. En plus des autres, on a les Ewondo, Bulu, Bafia, Eton, etc.
Il y a deux ans, un contrôle de routine à la Gendarmerie Nationale avait permis de débusquer 108 élèves gendarmes détenteurs de faux actes de naissance et de faux diplômes. Combien de fois n'a-t-on pas vu lors des tests ou épreuves de recrutement dans les Forces de Défense des jeunes gens de 18 ou 20 ans sur les papiers, présentant l'aspect de trentenaires ou quadragénaires, frôler la mort sur le terrain.
III-Un but purement électoraliste
Sécuriser la nationalité camerounaise. Si ce n'est pas que le RDPC craint de perdre les législatives et municipales et autres, personne, aucune autorité politique ne se serait intéressée à la création d'un Bureau National de l'Etat-civil. On a le droit de se poser la question de savoir si la nationalité camerounaise qu'il faut sécuriser est un souci pour le Chef de l'Etat et ses collaborateurs. Elle ne l’est pas. Peut-on imaginer un seul instant qu'un étranger installé en France obtienne un acte de naissance ou une CNI française aussi facilement comme cela se passe ici chez nous ? Pas du tout. Chez nous, en un tour de main, moyennant une poignée de FCFA, une décision politique, la ruse, le mensonge, un Tchadien, un Centrafricain, un Nigérian devient en quelques minutes un Camerounais bon teint. Pas de chasse aux sorcières. Le régime de Biya va-t-il procéder à une chasse à ces faux Camerounais ? Nous ne le pensons pas connaissant le tempérament de l'homme qui est à la tête de l'Etat depuis une trentaine d'années. ll n'aime ni les bruits ni les vagues. Ces étrangers détenteurs des actes de naissance et des CNI camerounais ont eu leur chance, on ne leur demandera pas de remettre ces pièces. C'est une opération longue et coûteuse si on veut remettre à plat l'état-civil camerounais. Et quels lièvres et serpents on va débusquer ! Henri Bandolo, notre célèbre ainé dans la profession n'avait-il pas l'habitude de déclarer: «A force de battre les buissons, un serpent peut en sortir».
Il voulait dire qu'a force de vouloir tout savoir sur les hommes, de chercher à savoir qui est qui, on peut se retrouver devant des surprises parfois gênantes. Ainsi, si on demande à certains hauts responsables du pays de ressortir leur arbre généalogique, on se retrouverait devant des situations cocasses, voire embarrassantes. Ainsi tel ou tel ministre, directeur général, général d'armée, haut responsable administratif, politique serait incapable de justifier sa camerounité. Les étrangers peuvent faire la richesse ou la fortune et en même temps la mine d'un pays. Tenons-nous-en là ! Ce que le RDPC reproche à l'UNDP en est-il exempt, lui dont de nombreux étrangers figurent dans ses rangs comme de simples militants et hauts responsables du parti.