L’adoption du projet programme par l’assemblée nationale constitue une avancée dans la mesure où en principe, les ressources financières sont mieux intégrées à la réalité des projets ; Mais dès le départ, cette innovation a un caillou dans sa chaussure, l’opacité. Comment un projet qui avant, n’avait qu’une dose annuelle d’opacité va désormais fonctionner avec trois doses ? Visiblement, les pères et mères du budget programme n’ont pas pensé que son succès ou tout simplement son fonctionnement, repose sur la gouvernance informationnelle.
Les députés ont planché sur le budget programme, des formations sur le sujet se sont multipliées dans la République. Les médias ont vanté cette mesure heureuse qui va booster la gestion des finances publiques : Les marchés seront exécutés à temps, les lenteurs dans le traitement des dossiers vont rendre gorge, ça ne sera pas l’âge d’or dans la gestion des finances publiques, mais les promesses de l’adoption des projets programmes y ressemblent.
Le premier obstacle que nous percevons sur le chemin de la réalisation des budgets programmes se trouve dans les Ministères : les processus de la gestion financière dans les Directions de l’Administration Générale, cette cheville ouvrière de la gestion financière dans les Ministères, sont encore englués dans un halo d’opacité : Il n’y a pas de logiciel de gestion de la comptabilité dans les DAG et surtout pas de logiciel commun à l’ensemble de ces structures. Toute personne sérieuse sait que l’introduction d’un logiciel de comptabilité analytique commun aux Directions de l’Administration Générale est une mesure qui va rendre visibles les transactions de gestion financières et surtout porter un rude coup à la corruption ; Bien sûr nos rond-de-cuir n’en voudront pas, ils vont multiplier les obstacles à l’introduction de la transparence dans leur gestion. Mais la transparence est un impératif catégorique à la gestion des budgets programmes.
Les citoyens ont droit à l’information, ils
doivent savoir comment sont gérés les budgets programme, comment leur
argent est dépensé : Mais, cela est-il possible dans les conditions
actuelles ? Il n’est même pas possible aujourd’hui de suivre le
traitement d’un dossier comme par exemple à la fonction publique où les
usagers peuvent suivre leurs dossiers sur le net.
Les citoyens doivent pouvoir communiquer avec les protagonistes de la
gestion des budgets programmes ; En clair, il doit exister entre eux,
une interaction forte. A partir du moment où les processus ne sont ni
visibles, ni accessibles, l’interaction devient un mythe.
A l’intérieur de l’appareil, les décideurs doivent
être informés : Le Premier Ministre, le Ministre de l’économie et du
plan, le Ministre des finances et bien sûr le Ministre de tutelle,
doivent être au courant de tout ce qui se passe dans la gestion du
budget programme et ce, pas dans trois ou quatre jours, mais à l’instant
T= T, en temps réel. Si cette condition est remplie, la corruption qui
fait tant de ravages dans notre pays, ne sera bientôt qu’un bien vilain
souvenir ; Qui le souhaite vraiment ?
Le Cameroun s’est donné l’année 2035 pour devenir un pays émergent ; Cet
objectif a pour bras séculier, la gouvernance informationnelle qui,
elle-même se déploie par la communication institutionnelle. Les budgets
programme ont été institués, mais avec un ventre mou, la gouvernance
informationnelle.