Que
se passe-t-il au sein du Collectif des Organisations Démocratiques et
patriotiques de la diaspora Camerounaise (Code) ? S’achemine-t-on vers
un désaccord idéologique profond entre certains membres de cette
organisation bien connue de la diaspora camerounaise à travers le monde?
Le spectre (de la division) observée en 2007 refait-il surface
aujourd’hui? L’élection de Elie KADJI et Marcel TCHANGUE, deux membres
présentés comme démissionnaires depuis peu, a-t-elle mis le feu au
poudre ? Collectif Diasporique contre Code ? Voici la réaction
exclusive de Brice Nitcheu à la suite de la publication par Camer.be du
communiqué final de l’Assemblée Générale Extraordinaire du CODE qui se
serait tenue à Bruxelles en date du 20 septembre 2014.
Brice Nitcheu, La rédaction de Camer.be a publié dimanche, un
communiqué signé du Code duquel l’on peut lire ces quelques extraits:
"Réunis en Assemblée Générale Extraordinaire le 20 septembre 2014 à
Bruxelles, les membres statutaires et fondateurs du CODE [...]: M. Elie
KADJI est élu Président du CODE pour les cinq prochaines années. M.
Marcel TCHANGUE est élu Secrétaire National à l’Organisation du CODE
pour les cinq prochaines années. Madame Prisca KALA DIMALA est élue
Trésorière Nationale du CODE ...".
Nous n’allons pas entrer dans le jeu très suspect d’anciens camarades de
lutte dont les agissements avérés ont fini par convaincre qu’ils ont
pour mission de déstabiliser toutes les organisations citoyennes
anti-Biya de la diaspora, du moins, celles ou ils mettent leur nez.
Depuis l’intervention militaire criminelle de la France en Côte d’Ivoire
et en Libye, le CODE a été secoué par une profonde crise idéologique,
avec deux membres, en particulier ceux que vous avez cités, qui ont
soutenu ouvertement les crimes de la France dans ces deux pays frères.
Ces deux anciens camarades ont associé le nom du CODE à maintes reprises
aux déclarations soutenant publiquement les actions criminelles
françaises en terre africaine. Ils ont soutenu, en y associant le nom du
CODE, l’assassinat lâche du Guide Libyen Mouammar Kadhafi, commandité
par Nicolas Sarkozy. Ils ont soutenu publiquement, usurpant le nom du
CODE, l’agression contre la Côte d’Ivoire, le bombardement du Palais
présidentiel à Abidjan, et l’humiliation du Président Laurent Gbagbo qui
croupit depuis 3 ans à la Haye, pendant qu’on cherche toujours les
preuves de sa culpabilité.
Le CODE a été crée, et est fondé sur un principe intangible : Nous
rejetons de manière ferme, catégorique et sans appel toute intervention
militaire étrangère, et en particulier française, en terre africaine.
Pour vous dire jusqu'à quel point nous sommes intransigeants sur ce
principe, sachez que si demain la France décidait d’envoyer une
expédition militaire pour bombarder le Palais d’Etoudi dans le but d’y
extraire Paul Biya, nous défendrons notre pays contre cette agression.
Après, nous pourrions retourner l’arme contre Biya.
Nos problèmes, en Afrique, doivent se régler entre les Africains. Et
nous disions NIET à tous les pantins et autres valets du
néocolonialisme, y compris nos anciens camarades, qui violent ce
principe sacré.
Cette crise idéologique a donc emmené deux de nos anciens camarades de
la Belgique à démissionner, lettres de démission à l’appui. Et depuis
2012, le CODE a poursuivi ses actions sans eux. Ils sont allés rejoindre
le parti du Professeur Maurice Kamto [le Mouvement pour la Renaissance
du Cameroun (MRC), ndlr], et sont très actifs dans ce qu’ils appellent
le Collectif Diasporique. Ils ne sont plus associés à nos activités.
Vous ne les avez pas vus lorsque le Commissaire Zogo, Chef d’Antenne du
CODE en France, a conduit l’action de l’hôtel Meurice. Vous ne les avez
plus vus non plus dans nos actions à Genève, à Rome, ou ailleurs. En
réalité, ce qui est en jeu ici, c’est la conception idéologique que nous
nous faisons de la lutte. Eux, ils ont toujours voulu, et veulent
encore aujourd’hui, un CODE soumis au diktat des occidentaux, et
surtout, qui fait allégeance à Guillaume Soro et Alassane Ouattara. Ca,
nous ne pouvons l’accepter, et ne l’accepterons jamais. Et nous ne
laisserons pas Guillaume Soro déstabiliser le CODE.
Pour clore ce chapitre, il faut dire que des membres démissionnaires ne
peuvent prétendre organiser l’assemblée générale d’une organisation
qu’ils ont quittée librement. Nous travaillons depuis le mois de mai
dernier pour une assemblée générale unitaire qui se tiendra à Paris au
mois de novembre prochain. Nous travaillons sur cette assemblée unitaire
en étroite collaboration avec le Camarade Moise Essoh, et nous y
associons toutes les organisations patriotiques de la diaspora non
inféodées, et non corrompues. A l’occasion de cette assemblée unitaire
de novembre, nous allons passer le témoin à une nouvelle équipe encore
plus percutante et plus intransigeante que nous sur les exigences du
changement au Cameroun.
Le CODE possède-t-il un code électoral? Quelle est la durée du
mandat du bureau exécutif? Comment sont organisées les élections du
Bureau éxécutif? Qui convoque l'AG élective? Qui signe le PV au terme du
scrutin? ... Avez-vous participé à l'activité du Code qui se serait
tenue le 20.09.2014?
Le CODE a une Charte que nous avons amendée en 2007 lors de notre
assemblée générale à Colmar en France, et qui se veut un instrument de
contrôle démocratique de notre organisation.
Le Président que je suis à la charge de veiller au respect et à
l’application stricte de cette charte. Elle prévoit un mandat de 5 ans,
renouvelable une fois. Au moment ou nous amendions la Charte, ma
position était que le mandat soit réduit à 3 ans renouvelables une fois,
mais la majorité des membres étaient d’un avis contraire, que j’ai
respecté.
Mon équipe a été élue donc en 2007 à Colmar et reconduite lors de notre
assemblée générale qui s’est tenue à Birmingham (Grande Bretagne, ndlr)
le 28 juin 2011 et qui a permis de restructurer le CODE, de renforcer
nos antennes.
Dans l’esprit de notre Charte, je devrais rester au moins jusqu’en juin
2016. Mais je pense que j’ai apporté au CODE le souffle dont il avait
besoin pour marquer de son empreinte l’espace de la lutte pour la
liberté et la démocratie dans notre pays. Je pense que je lui ai donné
une âme, un visage, une marque, un nom qu’il sera difficile d’effacer,
d’ignorer, ou de détruire, car des millions de Camerounais s’identifient
a nous, y compris au sein du RDPC.
Mais, je ne suis ni Paul Biya, ni ces leaders politiques qui
s’éternisent à la tête de leurs partis ou organisations, en croyant que
sans eux, le Cameroun n’aurait pas d’avenir. Je suis un farouche
partisan de l’alternance politique et démocratique. C’est pour cette
raison que j’ai choisi de passer le temoin deux ans avant la fin de mon
mandat (novembre 2014, ndlr). Mais, nous le ferons de manière ordonnée,
responsable, en évitant tous les pièges que nous tendent le régime, et
ses affidés inféodés et corrompus qui sont parmi nous.
Qui dirige le COLLECTIF DIASPORIQUE CAMEROUNAIS? Qui sont les
membres de cette association? Quel est le lien entre le Code et le
Collectif diasporique camerounais?
Il n’y a aucun lien idéologique, politique, ou philosophique entre nous
et cette association, qui nous semble plus ivoirienne que camerounaise.
Il est important pour les Camerounais de savoir que le CODE ne partage
ni les positions pro-occidentales, pro-françaises, pro-Ouattariste ou
pro-Soro de cette organisation. Nous n’avons absolument rien en commun,
et nous sommes donc très mal placés pour dire qui sont ses membres.
Brice Nitcheu, voici l’extrait n° 2 du communiqué finale de l’AG
du Code tenue à Bruxelles: "Le CODE met en garde tous ceux qui, par
activisme stérile, prendront le risque de contrevenir aux conclusions de
son assemblée générale extraordinaire, seule instance souveraine pour
décider de son avenir". A qui les rédacteurs s'adressent-ils sur ce ton
à votre avis?
Ahahaha ! Comment le saurais-je ? Demandez à ceux qui ont proféré la menace.
Extrait 3: "Le CODE, rejoignant en ce sens la déclaration
pertinente du Président du COLLECTIF DIASPORIQUE CAMEROUNAIS, affirme
haut et fort son soutien aux Forces Armées Camerounaises dans leur juste
combat contre les terroristes obscurantistes de la secte BOKO HARAM".
Votre commentaire à ce propos?
Nous condamnons tous les crimes perpétrés par ces sauvages. Mais il est
aisé de constater à quel point la lutte soi-disant contre le terrorisme
sert de cache-sexe a Paul Biya. Toutes les officines du Renouveau qui
étaient dans un état comateux ont repris du service et sont plus actifs
que jamais, en particulier sur les réseaux sociaux, où ils arrosent les
fora d’informations sur les prouesses supposées de l’armée camerounaise.
Ils ont poussé le ridicule au point de revendiquer l’assassinat supposé
du leader de Boko Haram. Ainsi, donc, la lutte contre le Boko Haram
permet à Paul Biya de divertir les Camerounais, de détourner l’attention
sur ces nombreuses dérives.
Le Boko Haram est une arme de distraction massive pour les exégètes du
Renouveau qui sont devenus plus inspirés que jamais. Nos soldats meurent
par centaines pour une guerre imposée à notre pays par la France, car
il ne faut jamais l’oublier, c’est sur le perron de l’Elysée, à l’issue
d’un sommet convoqué par François Hollande suite à l’enlèvement des
jeunes filles nigérianes, que Paul Biya a déclaré la guerre contre le
Boko Haram. Mais lorsque nos soldats tombaient au front, il se la
coulait douce dans son fief douillet de l’Intercontinental à Genève (en
Suisse, ndlr), et n’a pas daigné rentrer pour rendre un dernier hommage
aux vaillants soldats tombés sur le champ de bataille.
Bien plus, toutes les informations en notre possession indiquent que le
Boko Haram a été instrumentalisé par les services secrets occidentaux,
qui s’en servent pour reprendre le contrôle militaire de la région
qu’ils avaient complètement perdu au profit de la Chine. Donc, les pays,
comme la France, qui ont inspiré cette guerre, ne souhaitent pas du
tout la fin de Boko Haram, et le Nigeria l’a d’ailleurs très bien
compris, depuis que les mêmes Occidentaux refusent de lui vendre les
armes adaptées à la lutte contre cette secte. Le Nigeria s’est
finalement tourné vers la Russie et la Chine pour les acquérir. Donc,
nous ne pouvons pas seulement féliciter nos soldats, sans interroger les
motivations de cette guerre à multiples facettes, qui est entrain de
déstabiliser le Cameroun.
Petite remarque pour terminer cet entretien Brice Nitcheu ; un
document interne à notre rédaction me fait remarquer que le communiqué
du code cité plus haut est rédigé avant le 20 septembre 2014. En tout
cas, il nous a été transmis le 18.09.2014 dans la soirée. Quelle est la
pratique en matière d'AG au sein du Code? Le rapport est-il
régulièrement rédigé avant la tenue même de l'AG?
Comme vous l’avez remarqué vous-même, et comme vous le dites, ils ont
publié les résolutions avant la réunion. C’est ce genre d’acte de
banditisme politique, ce genre de filouterie, qui fait perdre à la
diaspora sa crédibilité. Toutes les résolutions du CODE sont publiées
après l’assemblée générale, parce que les décisions sont prises au cours
de l’assemblée générale. Ensuite, il y a une commission de rédaction
qui soumet les résolutions à tous les membres, pour amendement éventuel,
avant toute publication. Dans ce cas, ils ont publié les résolutions
avant, et tenu la réunion. Quelle pitrerie !
Brice Nitcheu, Leader du CODE : « Nous ne laisserons pas Guillaume Soro déstabiliser le CODE »
© Camer.be : Propos recueillis par Oswald Hermann G'nowa