Bras de fer: Les dessous du report des obsèques de Paul Eric Kingue Jr
C’est
sur la base d’un rapport du commissaire spécial de Njombé-Penja
indiquant qu’il y aurait risques de débordements dans la commune que le
secrétaire d’Etat à l’administration pénitentiaire a instruit le
régisseur de ne pas autoriser Paul Eric Kinguè à assister aux obsèques
de son fils.
Selon le programme des obsèques de Paul Eric Kinguè
Junior, la levée de corps devait avoir lieu vendredi 8 mars à la morgue
de l’hôpital Laquintinie de Douala, ce centre hospitalier où il mourut.
Ce jour-là en effet, parents, amis et connaissances s’y étaient rendus
pour la circonstance. Seul absent à l’appel : Paul Eric Kinguè, le père
du disparu qui fera annoncer finalement le report des obsèques. D’aucuns
verront dans ce report, une conséquence visible des manœuvres du
pouvoir de Yaoundé. Seulement, Paul Eric Kingue avait-il entrepris des
démarches allant dans le sens de sa libération pour accompagner sa
progéniture à sa dernière demeure ? Si oui quelle a été la réponse de
l’administration pénitentiaire ? La loi lui donnait-il le droit d’être
présent et d’assister aux obsèques de son fils en tant que détenu ?
Autant de questions et bien d’autres que l’imagerie populaire se pose.
Selon
Me René Manfo, conseil de Paul Eric Kinguè qui pense qu’il est des
choses qu’on ne négocie pas, des démarches ont été entreprises pour que
son client assiste aux obsèques de son fils. “ Le lendemain même
du jour où son fils est décédé. Une demande a été adressée au procureur
général du Littoral, une au vice-Pm/Justice, une au secrétaire d’Etat à
l’Administration pénitentiaire, une au délégué régional à
l’Administration pénitentiaire. Ces demandes ont été traitées avec
diligence par les responsables de la prison de New-Bell. Bref, nous
avons sollicité légalement une permission pour que mon client assiste
aux obsèques de son fils ”. La seule présomption d’innocence,
se demande le conseil, n’aurait-elle pas suffit pour qu’il lui soit
permis, même sous forte escorte, d’aller enterrer son fils ?
Des
informations puisées à bonne source indiquent qu’à Njombé-Penja, cette
localité qui compte au moins 70.000 âmes, tout s’était arrêté pour les
obsèques de Paul Eric Kinguè Junior. “ Nous nous sommes entendus
que nous n’irons pas au champ. Nous étions bien préparés pour
accueillir la dépouille du fils de l’ex-maire. La mobilisation était
très forte au point où les uns et les autres se demandaient s’il
s’agissait d’un meeting du parti au pouvoir ”, indique une source bien informée. Elle poursuit : “
Au niveau de Dibombari, plus de 250 motos taxis étaient mobilisées pour
escorter le cortège. Ceux de Mbanga étaient également en attente. Dans
toutes les localités que devait traverser le cortège funèbre, des gens
étaient mobilisés ”.
D’aucuns pensent que c’est cette
mobilisation tous azimuts qui aurait inquiété les autorités de Yaoundé.
Au point que, sur la base d’un rapport du commissaire spécial de
Njombé-Penja indiquant qu’il y aurait des risques de débordement, ces
mêmes autorités ont instruit le régisseur de la prison de Douala de ne
pas autoriser Paul Eric Kinguè à effectuer le déplacement de Penja.
“ Un prétexte qui ne tient pas et qui ne peut convaincre personne.
L’Etat a les moyens de dissuader, voire de contenir des débordements ” tranche un observateur avertis. Et de conclure : “
Il ne demandait pas à aller à Penja pour faire de la politique, mais
bien pour enterrer son fils et revenir en prison en attendant que
justice équitable soit rendue dans ses affaires. Son fils n’était ni
politicien, ni candidat à une quelconque élection. Dans les prisons, les
gens ont toujours bénéficié de ces permissions et parfois même, pour
l’enterrement des beaux-frères, des beaux-parents. ”, s’insurge son conseil.
Pour
l’heure la date des obsèques de Paul Eric Kinguè Junior reste inconnue
et l’ex-maire de Njombé/Penja vient de saisir les autorités religieuses
afin que celles-ci persuadent le ministre de la Justice de lui permettre
d’assister aux obsèques de son fils.