Braquage de Bonaberi - Emmanuel Fanka: "C’est moi qui ai transporté les assaillants pour la banque"
YAOUNDÉ - 30 Mai 2012
© Pierre Célestin Atangana | Mutations
Après les déclarations de Deekor Nenta, d’Aristide Ndoumbe et de Dieukumo Attiduko, relatives au braquage de l’agence Ecobank de Bonaberi survenue dans la nuit du 18 au 19 mars 2011, voici, pour la première fois, que l’une des personnes ayant servi de guide à terre aux braqueurs se met à table.
Son témoignage, tout aussi poignant et accablant que les précédents, éclaire une fois de plus, sur les origines de ce crime, ainsi que sur la mise en accusation des éléments des forces de défense dans cette attaque fatale. Pour ceux qui désespèrent un jour de connaître la vérité, Emmanuel Fanka livre dans le détail, les circonstances de sa participation à ce coup, sa rencontre avec le commandant de gendarmerie Noah Agrius, non sans évoquer les sévices que ce dernier a fait subir à lui et à son frère à la compagnie de gendarmerie de Bonanjo. L’homme qui a failli être libéré le 22 mars dernier par le juge d’instruction, revient sur le film du braquage de l’agence de la banque africaine à Bonaberi.
Comment vous vous retrouvez dans cette affaire?
Pour que vous compreniez mon implication dans cette triste affaire, je suis propriétaire d’un car de transport qui dessert Bonaberi; on l’appelle communément «Cargo». Je fais aussi dans la vente de l’huile de palme raffinée, Mayor au marché de Bonaberi, c’est-à-dire que j’achète en ville et je viens revendre aux «bayam sellam» (revendeuses) et aux ménagères. C’est mon «Cargo» qui a servi alors aux transports des assaillants qui ont attaqué l’agence Ecobank de Bonaberi dans la nuit du 18 au 19 mars 2011. Voilà comment je me retrouve en prison à New-Bell.
Est-ce à dire que vous avez-vous-même, participé à cette attaque et vous en êtes une des pièces maîtresse?
Je ne peux pas dire que j’ai participé à l’attaque de la banque avec les malfrats qui ont pillé Ecobank. Moi j’ai été contacté à la fin du mois de février 2011 par un individu qui se faisait appeler Jeff. Il avait voulu que je l’aide à transporter ses effets parce qu’il voulait déménager. Pour cela il m’a dit qu’il avait besoin de mon véhicule pour accomplir cette tâche parce que c’était le moyen de transport qu’il trouvait idéal. Nous avons convenu du prix et c’est ainsi qu’il a pris mon numéro de téléphone et m’a dit qu’il entrerait en contact avec moi le moment venu pour qu’on fasse le déménagement.
Et vous avez effectué le déménagement en question?
J’avais déjà attendu longtemps sans que le coup de fil ne vienne jusqu’à ce jour du 18 mars 2011, c’était un vendredi, il avait enfin renoué le contact avec moi. J’étais d’ailleurs très enthousiaste à l’idée de me faire un peu d’argent. Et comme il se faisait tard, j’avais demandé à mon frère Dominic Wirkom de m’accompagner dans cette entreprise qui devait nous rapporter un peu de sous.
Et qu’est-ce qui s’est passé par la suite?
Lorsque mon frère et moi avons rejoint Jeff, il nous a dit qu’on aille à «Volvo» qui est un village situé au bord de l’eau dans la zone d’Alpicam à Douala, c’est une zone de mangrove. A peine j’avais immobilisé le véhicule dans cette zone, qu’une bande d’individus cagoulés avait jailli de la brousse. Tous étaient vêtus de noir. Ils portaient tous des armes lourdes. Ils ont tout de suite maîtrisé mon frère Dominic. Je fus pris de panique. Ils braquèrent leurs armes sur moi et intimèrent l’ordre de rester tranquille faute de quoi, un seul geste me coûterait cher.
Ensuite?
Ils avaient ligoté puis bâillonné mon frère. Et après ils m’ont intimé l’ordre de les accompagner à l’agence Ecobank de Bonaberi. Je suis monté dans ma voiture et j’ai conduit. En cours de route, j’entendais Jeff converser avec des gens au téléphone dans une langue qui n’était ni l’anglais, ni le français et qui ne ressemblait à aucune langue parlée au Cameroun. A l’approche de la banque, Jeff m’a demandé de stopper le véhicule. Ils sont descendus du «Cargo» et un seuil était resté à côté de moi pour me mobiliser.
Et comment avez-vous réussi à vous échapper de leurs mains?
Après une heure environ, celui qui me tenait en respect m’avait demandé de lui remettre la clé du véhicule. Il est descendu de la voiture et il était lui aussi allé dans la banque. La nuit aidant, je me suis glissé du côté passager et j’ai pu m’enfuir.
Comment les gendarmes mettent-ils la main sur vous après cette nuit tragique?
Très tôt dans la matinée, du 19 mars 2011, je me suis moi-même présenté aux gendarmes et je leur ai raconté ce qui m’était arrivé la nuit. Mais je me préoccupais plus du sort de mon frère resté ligoté et bâillonné dans la mangrove de «Volvo». Ils se sont précipités et je les ai accompagnés là-bas; mais quand nous sommes arrivés, les riverains avaient déjà détaché mon frère. On l’avait pris dans la voiture des gendarmes et nous sommes arrivés à la légion de gendarmerie de Bonanjo où nous avons longuement été interrogés.
En inspectant les lieux où mon frère avait été ligoté et bâillonné, les gendarmes avaient trouvé en ces lieux des liasses d’argent provenant sûrement du braquage de la banque. Le commandant Noah s’en était emparé. Il avait par la suite, menacé le chef du bloc 15 du quartier «Volvo», que si jamais il y avait fuite sur l’existence de cet argent, il le paierait très cher.
Ce que je peux affirmer, c’est que le commandant Noah et le capitaine Ndikum connaissent bien la destination de l’argent retrouvé au bord de l’eau à Bonaberi, et les sacs qui flottaient sur l’eau près l’attaque du Bir survenu en mer pendant la fuite des assaillants. Voilà pourquoi, le capitaine Ndikum aura été très actif en tentant de noyer Aristide Ndoumbe.
Qu’avez-vous dit aux gendarmes?
Nous avons tout raconté aux gendarmes. Le chef d’escadron, M. Noah nous a demandés si nous connaissions les assaillants; on lui a dit que nous ne les connaissions pas du tout en dehors de ce Jeff que je peux reconnaître si je le voyais de nouveau. Le chef d’escadron Noah avait insisté en nous demandant si nous sommes sûrs que ce n’étaient pas des Camerounais. Nous lui avons dit que nous ne pouvions pas certifier que c’était des Camerounais et que dans tous les cas, à entendre la langue dans la quelle ils conversaient, c’est qu’ils ne pouvaient pas être des Camerounais. Il ne nous a pas crus. Il était entré dans une colère folle, il était devenu nerveux et tout de suite, après, il s’est ensuivie une violente discussion avec lui.
Ensuite?
Il nous a dit que cela ne valait pas la peine de nous attirer des ennuis pour rien. C’est alors qu’il nous a intimés l’ordre de déclarer officiellement que ce sont des militaires camerounais qui avaient attaqué la banque. Ce que nous avons refusé catégoriquement, ne pouvant justifier une telle accusation grave de conséquences humaines et morales. A cause de ce refus, il a commencé à nous torturer et à nous infliger des traitements inhumains.
Lesquels par exemple?
Les traitements déshonorants tels que la balançoire, c’est-à-dire qu’on vous prend la tête, on la met sous l’eau, les pieds attachés à une corde sur une poutre, une sorte de pendaison en somme. Il nous a ligotés, passés à tabac pendant un mois dans les locaux de la légion de gendarmerie à Bonanjo. Pendant ce séjour là-bas, je puis vous dire que ce n’était pas facile pour mon frère et moi.
Avez-vous rencontré le juge d’instruction?
Oui, plusieurs fois. Et à chaque fois, nous lui avons raconté notre histoire avec les mêmes mots.
A votre avis est-ce que les militaires camerounais avaient participé à cette attaque?
Je ne le pense pas. Ce n’est pas possible parce que tous avaient des accoutrements bizarres et ne causaient ni le français ni l’anglais. Seul Jeff parlait anglais lorsqu’il m’indiquait la route à suivre pour aller à Volvo.
Vous êtes donc un élément important dans le dispositif du braquage. Il y a eu pourtant une ordonnance de non-lieu partiel qui vous été délivrée le 22 mars dernier afin de vous libérer. Pourquoi seulement à vous et à Dominic Wirkom votre frère et co-convoyeur des braqueurs?
Les enquêtes sont closes depuis octobre 2011. Je crois que c’est une façon pour eux d’honorer la promesse du chef d’escadron Noah qui nous avait promis de nous faire libérer après les enquêtes malgré notre refus de coopérer dans son mensonge qui voulait qu’on mette en cause des militaires camerounais qu’il avait lui-même désignés pour des raisons personnelles dans cette attaque. Le commissaire du Gouvernement qui n’a pas été impliqué dans la préparation de cette décision, s’était opposé à l’ordonnance de non lieu partiel qui nous libérait. Il avait estimé que le juge d’instruction avait preuve de complaisance.
Et vous êtes toujours en prison malgré la promesse de vous libérer!
La rumeur court qu’il y aurait eu une brouille entre le commissaire du gouvernement et le juge d’instruction qu’on dit avoir été complaisant dans ses conclusions initiales. C’est cette brouille-là qui aurait gêné les démarches du commandant Noah de nous faire libérer.
Pourtant des militaires camerounais accusés dans le cadre de cette affaire sont en prison avec vous à New-Bell…
L’implication des militaires camerounais dans cette affaire est une fabrication du chef d’escadron Noah et ses acolytes qui veulent certainement chercher à justifier autre chose. Le chef d’escadron a même voulu que nous déclarions que d’autres assaillants sont venus par route. J’ai dit non. Que je ne peux dire quelque chose que je n’ai pas vu et dont je ne suis pas du tout certain. Les gens que moi j’ai vus étaient plus d’une quinzaine.
© Pierre Célestin Atangana | Mutations
Après les déclarations de Deekor Nenta, d’Aristide Ndoumbe et de Dieukumo Attiduko, relatives au braquage de l’agence Ecobank de Bonaberi survenue dans la nuit du 18 au 19 mars 2011, voici, pour la première fois, que l’une des personnes ayant servi de guide à terre aux braqueurs se met à table.
Son témoignage, tout aussi poignant et accablant que les précédents, éclaire une fois de plus, sur les origines de ce crime, ainsi que sur la mise en accusation des éléments des forces de défense dans cette attaque fatale. Pour ceux qui désespèrent un jour de connaître la vérité, Emmanuel Fanka livre dans le détail, les circonstances de sa participation à ce coup, sa rencontre avec le commandant de gendarmerie Noah Agrius, non sans évoquer les sévices que ce dernier a fait subir à lui et à son frère à la compagnie de gendarmerie de Bonanjo. L’homme qui a failli être libéré le 22 mars dernier par le juge d’instruction, revient sur le film du braquage de l’agence de la banque africaine à Bonaberi.
Comment vous vous retrouvez dans cette affaire?
Pour que vous compreniez mon implication dans cette triste affaire, je suis propriétaire d’un car de transport qui dessert Bonaberi; on l’appelle communément «Cargo». Je fais aussi dans la vente de l’huile de palme raffinée, Mayor au marché de Bonaberi, c’est-à-dire que j’achète en ville et je viens revendre aux «bayam sellam» (revendeuses) et aux ménagères. C’est mon «Cargo» qui a servi alors aux transports des assaillants qui ont attaqué l’agence Ecobank de Bonaberi dans la nuit du 18 au 19 mars 2011. Voilà comment je me retrouve en prison à New-Bell.
Est-ce à dire que vous avez-vous-même, participé à cette attaque et vous en êtes une des pièces maîtresse?
Je ne peux pas dire que j’ai participé à l’attaque de la banque avec les malfrats qui ont pillé Ecobank. Moi j’ai été contacté à la fin du mois de février 2011 par un individu qui se faisait appeler Jeff. Il avait voulu que je l’aide à transporter ses effets parce qu’il voulait déménager. Pour cela il m’a dit qu’il avait besoin de mon véhicule pour accomplir cette tâche parce que c’était le moyen de transport qu’il trouvait idéal. Nous avons convenu du prix et c’est ainsi qu’il a pris mon numéro de téléphone et m’a dit qu’il entrerait en contact avec moi le moment venu pour qu’on fasse le déménagement.
Et vous avez effectué le déménagement en question?
J’avais déjà attendu longtemps sans que le coup de fil ne vienne jusqu’à ce jour du 18 mars 2011, c’était un vendredi, il avait enfin renoué le contact avec moi. J’étais d’ailleurs très enthousiaste à l’idée de me faire un peu d’argent. Et comme il se faisait tard, j’avais demandé à mon frère Dominic Wirkom de m’accompagner dans cette entreprise qui devait nous rapporter un peu de sous.
Et qu’est-ce qui s’est passé par la suite?
Lorsque mon frère et moi avons rejoint Jeff, il nous a dit qu’on aille à «Volvo» qui est un village situé au bord de l’eau dans la zone d’Alpicam à Douala, c’est une zone de mangrove. A peine j’avais immobilisé le véhicule dans cette zone, qu’une bande d’individus cagoulés avait jailli de la brousse. Tous étaient vêtus de noir. Ils portaient tous des armes lourdes. Ils ont tout de suite maîtrisé mon frère Dominic. Je fus pris de panique. Ils braquèrent leurs armes sur moi et intimèrent l’ordre de rester tranquille faute de quoi, un seul geste me coûterait cher.
Ensuite?
Ils avaient ligoté puis bâillonné mon frère. Et après ils m’ont intimé l’ordre de les accompagner à l’agence Ecobank de Bonaberi. Je suis monté dans ma voiture et j’ai conduit. En cours de route, j’entendais Jeff converser avec des gens au téléphone dans une langue qui n’était ni l’anglais, ni le français et qui ne ressemblait à aucune langue parlée au Cameroun. A l’approche de la banque, Jeff m’a demandé de stopper le véhicule. Ils sont descendus du «Cargo» et un seuil était resté à côté de moi pour me mobiliser.
Et comment avez-vous réussi à vous échapper de leurs mains?
Après une heure environ, celui qui me tenait en respect m’avait demandé de lui remettre la clé du véhicule. Il est descendu de la voiture et il était lui aussi allé dans la banque. La nuit aidant, je me suis glissé du côté passager et j’ai pu m’enfuir.
Comment les gendarmes mettent-ils la main sur vous après cette nuit tragique?
Très tôt dans la matinée, du 19 mars 2011, je me suis moi-même présenté aux gendarmes et je leur ai raconté ce qui m’était arrivé la nuit. Mais je me préoccupais plus du sort de mon frère resté ligoté et bâillonné dans la mangrove de «Volvo». Ils se sont précipités et je les ai accompagnés là-bas; mais quand nous sommes arrivés, les riverains avaient déjà détaché mon frère. On l’avait pris dans la voiture des gendarmes et nous sommes arrivés à la légion de gendarmerie de Bonanjo où nous avons longuement été interrogés.
En inspectant les lieux où mon frère avait été ligoté et bâillonné, les gendarmes avaient trouvé en ces lieux des liasses d’argent provenant sûrement du braquage de la banque. Le commandant Noah s’en était emparé. Il avait par la suite, menacé le chef du bloc 15 du quartier «Volvo», que si jamais il y avait fuite sur l’existence de cet argent, il le paierait très cher.
Ce que je peux affirmer, c’est que le commandant Noah et le capitaine Ndikum connaissent bien la destination de l’argent retrouvé au bord de l’eau à Bonaberi, et les sacs qui flottaient sur l’eau près l’attaque du Bir survenu en mer pendant la fuite des assaillants. Voilà pourquoi, le capitaine Ndikum aura été très actif en tentant de noyer Aristide Ndoumbe.
Qu’avez-vous dit aux gendarmes?
Nous avons tout raconté aux gendarmes. Le chef d’escadron, M. Noah nous a demandés si nous connaissions les assaillants; on lui a dit que nous ne les connaissions pas du tout en dehors de ce Jeff que je peux reconnaître si je le voyais de nouveau. Le chef d’escadron Noah avait insisté en nous demandant si nous sommes sûrs que ce n’étaient pas des Camerounais. Nous lui avons dit que nous ne pouvions pas certifier que c’était des Camerounais et que dans tous les cas, à entendre la langue dans la quelle ils conversaient, c’est qu’ils ne pouvaient pas être des Camerounais. Il ne nous a pas crus. Il était entré dans une colère folle, il était devenu nerveux et tout de suite, après, il s’est ensuivie une violente discussion avec lui.
Ensuite?
Il nous a dit que cela ne valait pas la peine de nous attirer des ennuis pour rien. C’est alors qu’il nous a intimés l’ordre de déclarer officiellement que ce sont des militaires camerounais qui avaient attaqué la banque. Ce que nous avons refusé catégoriquement, ne pouvant justifier une telle accusation grave de conséquences humaines et morales. A cause de ce refus, il a commencé à nous torturer et à nous infliger des traitements inhumains.
Lesquels par exemple?
Les traitements déshonorants tels que la balançoire, c’est-à-dire qu’on vous prend la tête, on la met sous l’eau, les pieds attachés à une corde sur une poutre, une sorte de pendaison en somme. Il nous a ligotés, passés à tabac pendant un mois dans les locaux de la légion de gendarmerie à Bonanjo. Pendant ce séjour là-bas, je puis vous dire que ce n’était pas facile pour mon frère et moi.
Avez-vous rencontré le juge d’instruction?
Oui, plusieurs fois. Et à chaque fois, nous lui avons raconté notre histoire avec les mêmes mots.
A votre avis est-ce que les militaires camerounais avaient participé à cette attaque?
Je ne le pense pas. Ce n’est pas possible parce que tous avaient des accoutrements bizarres et ne causaient ni le français ni l’anglais. Seul Jeff parlait anglais lorsqu’il m’indiquait la route à suivre pour aller à Volvo.
Vous êtes donc un élément important dans le dispositif du braquage. Il y a eu pourtant une ordonnance de non-lieu partiel qui vous été délivrée le 22 mars dernier afin de vous libérer. Pourquoi seulement à vous et à Dominic Wirkom votre frère et co-convoyeur des braqueurs?
Les enquêtes sont closes depuis octobre 2011. Je crois que c’est une façon pour eux d’honorer la promesse du chef d’escadron Noah qui nous avait promis de nous faire libérer après les enquêtes malgré notre refus de coopérer dans son mensonge qui voulait qu’on mette en cause des militaires camerounais qu’il avait lui-même désignés pour des raisons personnelles dans cette attaque. Le commissaire du Gouvernement qui n’a pas été impliqué dans la préparation de cette décision, s’était opposé à l’ordonnance de non lieu partiel qui nous libérait. Il avait estimé que le juge d’instruction avait preuve de complaisance.
Et vous êtes toujours en prison malgré la promesse de vous libérer!
La rumeur court qu’il y aurait eu une brouille entre le commissaire du gouvernement et le juge d’instruction qu’on dit avoir été complaisant dans ses conclusions initiales. C’est cette brouille-là qui aurait gêné les démarches du commandant Noah de nous faire libérer.
Pourtant des militaires camerounais accusés dans le cadre de cette affaire sont en prison avec vous à New-Bell…
L’implication des militaires camerounais dans cette affaire est une fabrication du chef d’escadron Noah et ses acolytes qui veulent certainement chercher à justifier autre chose. Le chef d’escadron a même voulu que nous déclarions que d’autres assaillants sont venus par route. J’ai dit non. Que je ne peux dire quelque chose que je n’ai pas vu et dont je ne suis pas du tout certain. Les gens que moi j’ai vus étaient plus d’une quinzaine.