Bien que ‘’l’Appel de la Lékié’’ soit blâmable, le président de l’Assemblé nationale (Pan) fut le premier à attirer l’attention de l’opinion sur une éventuelle implication des originaires du septentrion.
Le discours prononcé par le Pan le 11 juin dernier, à l’occasion de l'ouverture de la 2e session ordinaire de la chambre basse du Parlement camerounais, restera à jamais graver dans les mémoires. Devant la représentation nationale et Guillaume Sorro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, il déclarait : ‘’ La présente session parlementaire s’ouvre au moment où le Cameroun vit une crise sécuritaire sans précédent, au niveau de ses frontières à l’Est et dans le septentrion.
S’agissant de cette dernière partie du pays, le phénomène Boko Haram, a pris ces derniers temps une ampleur de plus en plus préoccupante’’. Et de continuer : ‘’ Enlèvements, séquestration des otages, tueries, règlements de comptes, attaques des édifices publics, trafic d’armes à feu et blanchiment d’argent, tel est le chapelet des agissements de ce groupe terroriste…’’ Le lamido de Mada poursuivait en mondovision : ‘’ Faisons œuvre de patriotisme en dénonçant tout individu inconnu ou connu mais aux agissements subitement suspects.
Dans ce combat, aucune complicité et aucune duplicité ne seront tolérées. Les éventuels complices nous les considérerons comme étant des fossoyeurs de la patrie, des traitres à la nation…’’ Et de conclure : ‘’ Nous le savons, beaucoup sont parmi nous, les uns tapis dans l’ombre, les autres très actifs mais dans l’hypocrisie, faisant semblant d’apporter leur aide aux autorités, leur objectif étant de brouiller les pistes, certainement pour mettre le pays à feu et à sang. Ceci est inacceptable ! N’ayons pas peur, dénonçons les ! Ils doivent rendre compte de leur turpitude. » Une déclaration qui, jusqu’aujourd’hui, suscite de nombreuses interrogations. De qui parle l’homme de Tokombéré ?
Vengeance. Selon une certaine opinion, fortement répandue, au regard de l’aisance avec la quelle la nébuleuse nigériane opère dans la région de l’Extrême Nord et, la facilité avec laquelle les négociations se déroulent souvent pour la libération des otages, cela ne fait plus l’ombre d’aucun doute, Boko Haram bénéficie des complicités locales. Dans les cercles proches des milieux nordistes, il se murmure que c’est de ces complicités dont parlait Cavaye Yaguié Djibril à l’hémicycle de Ngoa Ekelé.
Mais, indique-t-on ça et là, en essayant de mettre à nue l’hypocrisie de certains de ses congénères du septentrion, il y avait également en toile de fond, une sorte de vengeance de la par du Pan. En effet, soutient-on, après avoir joué un rôle déterminant lors de la libération du père Georges Vandenbeusch, il s’est vu écarter dans les négociations après le rapt des prêtres italiens et de la religieuse canadienne. Une situation que le très honorable aurait mal vécu car, à chaque tractations, non seulement de grosses valisent d’argent circulent mais également, l’on gagne en prestige en cas de happy-end, apprend-on.
De ce fait, dans les salons huppés et les chaumières, l’on qualifie la dernière sortie du Pan en réponse à l’appel de la Lékié, de ‘’danse Bafia’’. Pour bon nombre d’observateurs, le récent communiqué du lamido de Mada est en totale contradiction avec son discours du mercredi 11 juin au palais des verres. « Il (le Pan, ndlr) n’est pas la personne indiqué pour jeter la pierre sur les élites de la Lékié », confie un ancien ministre originaire du Nord. Il chute : « C’est vrai que l’appel de la Lékié est une invite à la haine contre les élites du Nord mais, c’est Cavaye qui a ouvert la boîte à pandore.»