Le chef de la division de la Communication au ministère de la Défense parle des suites à donner à la dernière attaque de Boko Haram.
Quel est le point des incidents survenus à Kolofata ?
Il faut dire que nous sommes rentrés dans une accalmie après avoir
essuyé des attaques d’une rare violence et d’une sauvagerie qui n’a pas
de qualificatif et qui ne peut s’expliquer que par l’obscurantisme de
cette secte. Il y a une graduation dans la menace. La situation est
revenue à la normale, le calme règne, même si nous savons que c’est un
calme précaire au regard de ces velléités. Nous prenons la mesure de
cette menace qui est aujourd’hui en pleine graduation au niveau des
effectifs qui sont engagés par Boko Haram. Près de 400 personnes ont
attaqué du côté de Hilé-Alifa. A partir de ce moment, les forces de
défense ne peuvent que prendre la mesure de la menace et trouver une
réaction proportionnelle à cette nouvelle configuration. C’est ce qui a
été fait.
On a eu comme un effet de surprise du côté de notre système de défense…
Il n’y a pas d’effet de surprise. La secte est montée en puissance. Le
dispositif déployé sur le terrain a été efficace jusqu’ici. C’est suite
aux nombreuses déconvenues qu’ils ont rencontrées sur le terrain,
notamment la perte d’hommes et de matériel, le déploiement observé du
côté camerounais qu’ils ont décidé de monter en puissance.
A chaque nouvelle situation sur le terrain, nous avons une conduite qui est tel que nous donnons une riposte proportionnelle. Nous ne parlons plus de riposte appropriée. Ils connaissent une montée en puissance tant en ce qui concerne les équipements que les effectifs. Nous allons déployer les moyens qu’il faut et trouver la riposte qu’il faut pour défendre fermement notre territoire. L’on ne se représente pas bien ce qu’est le combat asymétrique, qui est le style de combat de Boko Haram. C’est difficile d’entendre tout ce qui est dit aujourd’hui à ce sujet.
Cela consiste à jouer de la surprise. Boko Haram n’a pas une base précise. On ne peut donc pas aller les déloger où ils se trouvent. Ils naissent comme un groupe spontané, attaquent et replient. Ils n’ont pas de perspectives d’occupation précise. Ce qui les rendrait vulnérables. Comme le ministre de la Communication l’a dit lors de son point de presse sur cette affaire, les populations doivent avoir confiance en leur Armée. Nous sommes prêts à nous sacrifier pour la cause de notre territoire. Les militaires sur le front sont engagés. Le chef de l’Etat, chef des Armées soutient l’action de nos forces et à mon avis, il n’y a pas meilleure action pour notre moral que cet appui.
Ce n’est pas facile sur le terrain, mais l’Armée camerounaise est disciplinée, citoyenne et républicaine. Nous irons au bout de notre mission comme cela a été fait sur la côte atlantique avec le terrorisme qui y a été réduit à sa plus simple expression. Qu’on laisse aux forces de défense le temps d’analyser, de comprendre et de réagir de façon proportionnelle. C’est dommage que nous enregistrions des pertes chez les civils. Pour le militaire, c’est un honneur de se sacrifier pour l’intégrité territoriale de notre pays.
Qu’est ce que les forces de défense sont en droit d’attendre des populations ?
La première chose c’est appeler la population à ne pas avoir peur. Toute
l’histoire de la guerre nous l’enseigne. Nous sommes dans une société
qui évolue et la mondialisation n’a pas amené que le progrès. Les
menaces se sont multipliées. Nous devons appendre à être dans une
culture de défense permanente dans ce que nous avons de plus cher : la
sécurité et la paix. Que la population soit solidaire à l’action des
fores de défense et qu’elle participe d’une manière ou d’une autre et
éviter de verser dans la xénophobie, ce qui n’est pas dans les habitudes
camerounaises. Nous sommes en train de trouver le temps de traitement
de la menace et dans un avenir proche, Boko Haram ne sera plus qu’un
mauvais souvenir. Comme ce fut le cas à la frontière de l’Est. Boko
Haram est un ennemi vicieux et cynique, la réponse est en cours.
Grâce à la réforme instituée en 2001 par le chef de l’Etat, l’Armée camerounaise a été modélisée. Nous avons aujourd’hui une armée professionnelle. Il est satisfait de notre action et nous redoublons d’effort sur le terrain. Sur ce point, la population doit continuer à nous appuyer dans la mesure où nous restons dans un concept de défense populaire. Il s’agit de ne garder aucune information qui soit de nature vitale pour notre pays. Même les médias y ont une part de responsabilité importante.